Y a-t-il eu des mines d’uranium en France ?
Par le passé, la France a extrait de l’uranium sur plus de 200 sites miniers sur son territoire. Après une cinquantaine d’années et plus de 70 000 tonnes d’uranium produites, les activités ont cessé à la fin de l’année 2001. Aujourd’hui, les sites ont été réaménagés et réhabilités en espaces protégés, en zones industrielles ou pour d’autres applications. Certains sites, présentant une radioactivité notable, sont aujourd’hui encore sous surveillance.
Aussi lointain que cela puisse paraître, la France a bel et bien extrait de l’uranium du sous-sol sur son territoire ! Bien que l’Hexagone ait eu une activité extractive relativement soutenue de cette matière il y a quelques années et pendant près de 50 années, celle-ci a cessé en fin d’année 2001 à la fermeture de la dernière mine en Haute-Vienne.
L’extraction de l’uranium en France a commencé en 1946, peu après la Seconde Guerre mondiale. Le puits Henriette fut la première mine ouverte à cette époque et elle a fourni la matière pour le combustible utilisé dans le réacteur Zoé, conçu par F. Joliot-Curie et son équipe. Sur la période de 1946 à 2001, près de 250 sites miniers ont été exploités sur 8 régions et 27 départements. Les zones les plus productives en France étaient le Massif Central, la Vendée et la Bretagne. Outre quelques entreprises privées, Cogema (l’ancienne filiale industrielle du CEA créée en 1976) était le principal extracteur du minerai en France. Par la suite, la société est devenue Areva NC puis Orano.
De faibles teneurs
Environ 200 millions de tonnes de roches ont été extraites sur les sites miniers français, mais seulement 52 millions de tonnes correspondaient à du minerai exploitable. Le reste est qualifié de « stérile » et n’a donc pas été exploité industriellement par la suite. Sur ces 52 millions de tonnes de minerais extraits, entre 75 000 et 80 000 tonnes d’uranium ont été produits au total, pour ensuite être utilisés dans les pastilles de combustible nucléaire. À titre de comparaison, Cigar Lake, l’une des plus grandes mines d’uranium au monde localisée au Canada, peut atteindre une production annuelle de 7 000 tonnes. Les teneurs en uranium sur les sites étaient ainsi assez faibles, de l’ordre de 1 000 ppm à 3 000 ppm (soit 1 kg à 3 kg d’uranium par tonne de minerai), c’est 100 fois moins que les teneurs de gisements comme celui de Cigar Lake. En France, la mine de l’Ecarpière en Loire-Atlantique était considérée comme celle offrant la plus forte teneur sur le territoire.
De l’extraction au traitement des résidus
Lors de son extraction du sous-sol, la matière n’est pas utilisable en l’état, il faut la traiter. Ainsi certaines mines possédaient à proximité des usines de traitement de minerai, pour extraire l’uranium de la roche et le concentrer. Il existait huit sites : Bessines et le Bernardan en Haute-Vienne, le Bosc dans l’Hérault, Gueugnon en Saône-et-Loire, les Bois-Noirs Limouzat dans la Loire, le Cellier en Lozère, Saint-Pierre dans le Cantal et l’Ecarpière à la limite de la Loire-Atlantique et du Maine-et-Loire. L’une des sociétés exploitant ces sites était la SIMO (Société Industrielle des Minerais de l’Ouest).
De plus, 16 sites ont été affectés pour le stockage des résidus de traitement après concentration de l’uranium. Ces sites, dont la radioactivité (en particulier due au radon) est proche de celle que peuvent avoir les déchets radioactifs de faible à très faible activité et à vie longue, sont aujourd’hui surveillés et réglementés en tant qu’ICPE (installations classées pour la protection de l’environnement). L’institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) avait réalisé une cartographie interactive de la répartition de tous ces sites sur le territoire.
Sites miniers, de traitement et de stockage en France, Source : IRSN
Par ailleurs, les stériles, non utilisés, doivent être pris en charge et les sites miniers réaménagés pour répondre aux normes de sécurité et environnementales. Les stériles ont donc principalement été utilisés pour combler les mines à ciel ouvert.
La RGN avait consacré un dossier sur les réserves d’uranium dans le monde : pour aller plus loin sur le sujet. ■
Ancienne mine d’uranium à proximité de Bessines