Qui contrôle la sûreté nucléaire en France ? Quelle transparence ?
Les exploitants sont les premiers responsables de la sûreté nucléaire de leurs installations. La sûreté est garantie par une autorité indépendante qui dispose de prérogatives fortes. L’industrie nucléaire est soumise à des obligations légales de transparence et innove en matière de dialogue avec les parties prenantes.
La sécurité constitue l’un des enjeux centraux de la filière nucléaire française. Si les exploitants sont les premiers responsables de la sûreté de leurs installation, l’ensemble de l’industrie est soumis à des fortes obligations, contrôlées par une autorité indépendante.
Les exploitants sont les premiers responsables de la sûreté nucléaire de leurs installations. Ils mettent en place les moyens de contrôle interne et une culture de sûreté qui engagent chaque organisation et chaque collaborateur. Les équipes bénéficient de cursus de formations complets et rigoureux, y compris sur simulateur. Les exploitants font évoluer leurs installations en fonction du retour d’expérience et du progrès des connaissances.
Des contrôles nucléaires au niveau national
Mais la sûreté est garantie aussi et surtout par une autorité indépendante qui dispose de prérogatives fortes. C’est l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), surnommée le « gendarme du nucléaire », qui contribue à l’élaboration de la réglementation, prend les décisions réglementaires et exerce le contrôle des installations nucléaires. Dotée de plus de 500 agents, l’ASN effectue chaque année, entre 600 et 700 inspections dans les 130 installations nucléaires françaises. Indépendante du Gouvernement et des industriels, l’ASN dispose d’importants pouvoirs, comme celui d’imposer la mise à l’arrêt provisoire d’une installation pour demander des vérifications ou des travaux. Elle rend compte de son action au Parlement, notamment à l’Office parlementaire des choix scientifiques et et techniques (OPECST) qui l’auditionne plusieurs fois par an.
Des contrôles nucléaires au niveau international
Au niveau international, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) évalue la sûreté des centrales françaises (évaluations OSART) : les rapports d’évaluation sont publiés sur le site de l’ASN. L’association mondiale des exploitants, WANO pour World Association of Nuclear Operators, organise des revues de pairs pour partager les meilleures pratiques internationales.
Nucléaire = transparence
L’industrie nucléaire est soumise à des obligations légales de transparence. En effet, tout écart par rapport au fonctionnement normal d’une installation nucléaire, même très faible et sans impact sur la sûreté, est obligatoirement déclaré par l’industriel à l’ASN. Il fait l’objet d’analyses qui permettent d’identifier de potentiels signaux faibles et de faire progresser la sûreté, par le retour d’expérience. A titre indicatif, près de 1 000 événements sont déclarés par les exploitants chaque année, visant des niveaux O et 1 sur l’échelle INES. L’ASN publie, quant à elle, en ligne ses avis et décisions, rapports d’inspection, lettres de suite notifiées à l’exploitant de l’installation nucléaire contrôlée. L’ASN engage aussi des consultations du public par voie électronique sur ses principaux projets de décisions.
Depuis 2016, l’ASN met à disposition un portail internet destiné à recueillir des potentiels signalements par des personnes qui auraient connaissance d’irrégularités, rencontrées dans les installations nucléaires.
L’industrie nucléaire innove en matière de dialogue
Les Commissions locales d’information (CLI), créées dès les années 1980, rassemblent autour des sites, des élus, des représentants d’associations et des syndicats. Au nombre aujourd’hui de 27, elles sont consultées lors des étapes importantes du cycle de vie d’une installation, peuvent réaliser des expertises indépendantes, participer à des visites d’installations, etc. Le dialogue s’engage aussi avec la société civile au niveau national au sein du Haut comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire (HCTISN). Ces dispositifs n’existent dans aucun autre secteur.
On peut évoquer aussi une culture du débat, mise en place au début des années 2000, à la fois dans le cadre de la Commission nationale du débat public, (déchets, grands projets) et au-delà : une nouvelle forme de concertation est ainsi organisée pour préparer le 4e réexamen périodique de sûreté des centrales nucléaires.
Approfondir
Les installations nucléaires françaises sont-elles protégées contre le risque terroriste ?
Alors que la sûreté concerne les dispositifs mis en œuvre afin que les installations soient sûres, la sécurité relève des dispositifs et moyens pour protéger les sites d’éventuelles agressions externes.
Les installations nucléaires disposent de moyens de protection physique (clôtures, vidéosurveillance, systèmes d’alarmes) qui permettent d’arrêter ou de freiner les intrus et de les identifier rapidement. Les centrales sont surveillées par plus de 700 membres d’une unité spécialisée, formés par le Peloton spécialisé de protection de la gendarmerie (le PSPG, formé par le Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale – GIGN). Au niveau national, la sécurité des installations nucléaires civiles repose aussi sur de nombreux moyens directement sous l’autorité de l’Etat : renseignement, défense aérienne, moyens d’interception hors site.
A noter que de nombreux exercices et contrôles sont effectués chaque année par les services de l’Etat. La confidentialité est de mise en matière de protection contre les actes malveillants, afin de ne pas dévoiler les dispositifs de protection. Un organisme national, le Commandement spécialisé pour la sécurité nucléaire (Cossen), a également été créé en 2017 pour assurer le contrôle et le suivi administratif de toute personne accédant aux installations et activités nucléaires.