Qu’est-ce que le projet d’enfouissement des déchets nucléaires à vie longue ?
90 % des déchets radioactifs français disposent déjà d’une solution de stockage définitive. Pour les 10 % restants, une solution pérenne est à l’étude et concerne majoritairement les déchets de moyenne et haute activité à vie longue. Ces déchets sont produits par la production d’énergie nucléaire, la défense, l’industrie et la recherche. Certains conservent une radioactivité significative pendant environ 100 000 ans. La solution de leur stockage en formation géologique profonde a été retenue par le Parlement en 2006. D’autres pays, comme la Suède et la Finlande, s’engagent également vers le confinement des déchets radioactifs en stockage profond, pour renforcer l’isolement de ces déchets de l’homme et de l’environnement, tout en limitant les charges pour les générations futures. C’est l’objet du projet de Centre industriel de stockage géologique – Cigéo, développé par l’Andra, pour la France.
L’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) est chargée d’étudier le stockage profond des déchets les plus radioactifs produits en France. L’objectif : protéger l’homme et l’environnement sur le très long terme, tout le temps que les déchets restent dangereux. L’une des particularités du projet français est sa réversibilité pendant toute la durée de son fonctionnement, qui durera plus de 100 ans : de cette manière, les générations à venir pourront poursuivre, faire évoluer ou reconsidérer des décisions antérieures.
Les déchets concernés par le stockage profond sont ceux de haute activité (HA) et de moyenne activité à vie longue (MA-VL). Ces déchets proviennent principalement de l’industrie électronucléaire et des activités de recherche associées ainsi que, dans une moindre part, des activités liées à la défense nationale. Ces déchets se caractérisent par une forte radioactivité et une durée de vie qui peut aller jusqu’à plusieurs centaines de milliers d’années. L’objectif d’un stockage profond est donc de les isoler de l’homme, jusqu’à ce que leur impact soit largement inférieur à celui de la radioactivité naturelle.
Le principe du stockage profond
Depuis les années 1990, des études sont menées à la limite des départements de la Meuse et de la Haute-Marne, là où se trouve une couche d’argile vieille de 160 millions d’années dont les propriétés permettraient d’isoler durablement les déchets les plus radioactifs, tant qu’ils présentent un risque.
Le principe ? Une fois les déchets radioactifs stockés dans des galeries dédiées, à 500 mètres de profondeur, au sein de cette couche d’argile, le stockage est refermé. L’argile sert ainsi de barrière naturelle à long terme qui limite et retarde la dispersion dans l’environnement des substances radioactives contenues dans les déchets.
Afin d’étudier cette argile, l’Andra a créé en 2000 un Laboratoire souterrain en Meuse / Haute-Marne, à 500 mètres de profondeur, nommé Cigéo.
Un stockage réversible
A Cigéo, les déchets seraient acheminés en profondeur et stockés pendant plus de 100 ans. Les ouvrages nécessaires seraient construits progressivement, au fur et à mesure de l’arrivée des colis. Notamment grâce à cette construction progressive, le stockage est conçu de manière à être réversible pendant toute sa durée de fonctionnement. Les prochaines générations pourront ainsi prendre part aux décisions concernant le devenir du stockage : elles auront la possibilité de poursuivre comme prévu au départ, de le faire évoluer ou encore de revenir en arrière.
Enfin, une fois tous les déchets stockés, le centre est prévu pour être fermé. C’est cela qui permet d’assurer la protection de l’homme et de l’environnement sur le très long terme, sans nécessiter d’actions humaines. Néanmoins, après sa fermeture, le stockage sera surveillé pendant plusieurs centaines d’années afin de suivre son bon fonctionnement et l’environnement alentour.