Nucléaire en 2025 : les cinq enjeux majeurs pour la France - Sfen

Nucléaire en 2025 : les cinq enjeux majeurs pour la France

Avec des avancées historiques en 2024, l’année 2025 s’annonce décisive pour le nucléaire français. Entre nouvelles stratégies énergétiques, réformes majeures et débats publics, les enjeux sont immenses. Voici un tour d’horizon des cinq actualités à suivre de près pour comprendre les transformations en cours et à venir.

2024 s’est achevé en fanfare pour le nucléaire. Pour ne citer que quelques exemples, on citera le raccordement au réseau du réacteur EPR Flamanville 3 le 21 décembre, ce qui en fait la plus puissante tranche du parc français. Un signal positif alors que la France est engagée dans plusieurs grands programmes : la prolongation du parc existants à 60 ans, la construction de 6 à 14 EPR2, le développement du SMR Nuward et le soutien aux réacteurs innovants. 2025 va poursuivre cette lancée en essayent de donner des cadres financiers, réglementaires et démocratiques à ces enjeux. Six dossiers seront particulièrement à suivre.

  1. Le devis du programme des six EPR2

Tous les regards sont tournés vers le devis du programme des six réacteurs EPR2, une donnée cruciale qui influencera le schéma de financement. Une première estimation, divulguée en amont, évoquait un coût total de 67 milliards d’euros. EDF, en collaboration avec ses fournisseurs, s’emploie à optimiser ce chiffre. Ce projet stratégique devra d’abord obtenir l’aval du Conseil de Politique Nucléaire (CPN) avant toute communication publique.

  1. Nouvelles PPE et SNBC : Feuille de route énergétique à venir

La consultation publique sur la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) et la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) s’est clôturée fin 2024 et sur la Sfen a publié une contribution publique à ce sujet. Elle ouvre la voie à des décisions majeures. Exit la fermeture de 14 réacteurs prévue dans l’ancienne PPE, place à une relance active du nucléaire. Les synthèses de cette consultation et les décrets relatifs à ces documents stratégiques sont attendus.

  1. La réforme de la sûreté nucléaire : Une fusion stratégique

Depuis le 1ᵉʳ janvier 2025, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) ne font plus qu’un :  l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR). Cette réforme vise à renforcer l’efficacité du contrôle. Cependant, des clarifications sont attendues sur l’organisation interne, notamment la séparation des fonctions d’expertise et de décision, qui sera un enjeu clé lors de la présentation du règlement intérieur à l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst).

  1. Préparer l’après Arenh

2025 marque la fin de l’Arenh (Accès régulé à l’électricité nucléaire historique), un pilier entre autres pour l’approvisionnement des industriels. En l’absence de consensus sur de nouveaux seuils de taxation, l’exécutif a poussé EDF à proposer des contrats d’allocation de production nucléaire (CAPN). Des négociations sont en cours pour signer davantage de ces contrats, avec un point d’étape prévu fin janvier.

  1. Débats publics : Trois consultations majeures pour le futur nucléaire

L’année sera ponctuée de débats publics stratégiques :

  • Gravelines (Hauts-de-France) : Consultation sur l’installation de deux EPR2 (fin le 17 janvier).
  • Fessenheim (Haut-Rhin) : Discussions sur le Technocentre destiné au recyclage des métaux faiblement radioactifs (fin le 23 janvier).
  • Bugey (Ain) : Débat public sur deux EPR2, qui s’étendra de janvier à mai 2025. ■

Par Thomas Jaquemet

Image : ©IA/Sfen