Taxonomie : vote final pour intégrer le nucléaire aux objectifs verts européens
Jeudi 7 juillet, les parlementaires voteront pour ou contre l’inclusion du nucléaire dans la taxonomie européenne. Associé au gaz, l’atome pourrait être exclu de ce classement des activités vertes si une majorité des parlementaires s’opposent au texte. Auquel cas, il n’y aura plus de recours. Les projets nucléaires en Europe ne disparaitront pas, mais ils pourraient être plus difficiles à financer. Or il est impossible pour le Vieux Continent d’atteindre la neutralité carbone en 2050 sans l’atome qui produit aujourd’hui 50 % de son électricité bas carbone.
Le Parlement européen va-t-il à contresens de l’élan mondial qui associe le nucléaire à la protection du climat. Ce jeudi 7 juillet, les parlementaires européens doivent voter pour contre l’acte délégué de la taxonomie européenne concernant l’atome et le gaz. La taxonomie est un classement des activités économiques favorables à la lutte contre le réchauffement climatique sans porter atteinte par ailleurs à l’environnement (le critère Do not significant harm (DNSH). Cela devrait favoriser le financement de ces activités. Le nucléaire et le gaz n’y ont pas été admis en première attention, mais on fait l’objet d’un texte particulier qui pose des conditions strictes.
Si ce texte n’est pas parfait – il laisse peu de visibilité aux industriels ou demande l’usage de technologies encore en développement -, il est indispensable à l’Europe pour atteindre la neutralité carbone 2050. En effet, le nucléaire est le première source d’électricité bas carbone du continent – 26 % de la production d’électricité et 50 % de la production d’électricité bas carbone – et surtout elle affiche l’un des bilans carbone le plus faible. Dans une étude d’EDF publiée en juin 2022, il est calculé que l’analyse de cycle de vie (ACV) d’un kWh nucléaire tricolore s’établit à seulement 3,7 grammes de CO2.
Why do we firmly believe that #nuclear should be included in the EU #Taxonomy?
This is why:
👉By 2050, the EU is expected to decarbonise its economy in a sustainable way – a massive challenge given that we have less than 28 years to achieve this!
— Nucleareurope (@Nucleareurope) July 4, 2022
Pas de plan B
De plus, le nucléaire a été soumis à nombre d’examens avant de rejoindre la taxonomie. « La science est claire : le nucléaire est durable. Le propre organe scientifique de la Commission européenne, le CCR, a conclu que le nucléaire est aussi durable que les autres technologies de production d’énergie déjà considérées comme conformes à la taxonomie (c’est-à-dire les énergies renouvelables) », écrit NuclearEurope (ex-Foratom). L’organisation ajoute : « Si nous ne sommes pas disposés à écouter la science aujourd’hui, nous pouvons oublier d’atteindre un jour les objectifs ambitieux que l’UE s’est fixés. Et soyons clairs, il n’y a pas de plan B ! Si le Parlement de l’UE rejette l’acte délégué, c’est fini – le nucléaire sera définitivement exclu de la taxonomie ».
Le risque existe. Le travail de la Commission pour aboutir à ce texte a été considérable depuis 2017 et le Conseil européen l’a validé, à l’exception de quelques pays, comme l’Allemagne, l’Autriche ou le Luxembourg, antinucléaires par principe. Il faudrait désormais que la majorité du parlement vote contre l’acte délégué pour qu’il soit rejeté. Le choix de se passer de l’atome irait à l’encontre de l’esprit scientifique voulue par cette taxonomie.
Une décision à contre-courant du monde
En effet, dans son dernier rapport le Giec assure que l’ensemble des technologies actuellement disponibles sont nécessaires pour tenir l’ambition 1,5°C. Le nucléaire serait même le troisième contributeur avec le solaire et l’éolien. L’Agence de l’énergie nucléaire de l’OCDE assure pour sa part, dans un rapport publié en mai dernier, que la prolongation des réacteurs existants et le développement du parc mondial pourraient éviter l’émission de 87 gigatonnes de CO2. Autre exemple, plus récent, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit, dans un contexte de recherche d’indépendance énergétique et de lutte contre le réchauffement climatique, que la capacité nucléaire mondiale devrait doubler d’ici le milieu du siècle, dans un système dominé par les énergies renouvelables.
Ce qui dessert toutefois le nucléaire est qu’il a été associé au gaz dans cet acte délégué, sous la volonté en particulier de l’Allemagne qui a de forts besoins d’infrastructures pour le méthane. Mais la guerre en Ukraine débutée en février dernier a rendu l’approvisionnement venu de Russie, au mieux, incertain et a mis en lumière la dépendance de l’Europe aux importations en gaz. ■