World Energy Outlook 2024 : les énergies bas carbone, dont le nucléaire, en plein essor
Dans son édition 2024, l’Agence internationale de l’Énergie (AIE) souligne la croissance de l’énergie nucléaire. Avec une augmentation de 81 TWh en un an et 45 GW de nouvelles capacités, le nucléaire joue un rôle clé dans la transition énergétique.
Dans l’édition 2024 du World Energy Outlook (WEO), l’Agence internationale de l’Énergie (AIE) se réjouit que les énergies propres aient intégré le système énergétique à un rythme inédit grâce aux renouvelables et à l’atome. L’énergie nucléaire représente aujourd’hui 9 % de la production d’électricité à l’échelle mondiale, selon l’agence. En valeur absolue, sa part a augmenté, passant de 2 684 TWh en 2022 à 2 765 TWh en 2023. Au cours de l’année 2024, 45 GW de nouvelles capacités nucléaires ont été ajoutées au réseau. Actuellement, 62 réacteurs sont en cours de construction pour une puissance de 75 GW. Ils représenteront une capacité nucléaire mondiale supplémentaire de près de 20 % une fois mis en ligne.

De nombreux pays ont mis en place des politiques favorables à l’énergie nucléaire. En décembre 2023, en marge de la COP28 sur le climat, plus de 20 pays se sont ainsi engagées à tripler la capacité nucléaire mondiale d’ici 2050. Par ailleurs, l’intérêt pour les petits réacteurs modulaires est en forte augmentation. Ils sont notamment en cours de développement au Canada, en France, au Japon, en Corée, au Royaume-Uni et aux États Unis. « Ainsi, si ces nouvelles technologies sont proposées à des prix compétitifs, cela pourrait ouvrir de nouvelles perspectives pour le nucléaire sur plusieurs marchés à travers le monde », assurent les auteurs du rapport.
Dans le WEO, l’AIE a étudié différents scénarios : le STEPS, l’APS, et le NZE[1]. Elle indique que la capacité nucléaire pourrait augmenter dans tous les scénarios, notamment grâce à la Chine, qui est à l’origine de 40 % des nouvelles capacités dans le scénario STEPS et de 50 % dans le scénario NZE d’ici 2035. Dans ces trois scénarios, la part du nucléaire dans le mix électrique mondial restera proche de 10 %.
Des spécificités régionales
La Corée du Sud et le Japon se distinguent par une prévision de forte augmentation de la part du nucléaire dans les trois scénarios. « En 2023, la production nucléaire a augmenté de 3 %, principalement grâce au redémarrage de certains réacteurs existants au Japon », expliquent les auteurs. Dans le scénario APS, la contribution du nucléaire à la production d’électricité passerait de 17 % à 26 % dans l’archipel d’ici 2035.
De son côté, l’Union européenne prévoit également une hausse de l’utilisation du nucléaire dans ses trois scénarios, soutenue par une politique favorable à cette source d’énergie. Ainsi, des pays comme la France, la Suède, la Pologne et la Belgique ont renforcé le rôle du nucléaire au sein de l’Union européenne. Le rapport souligne d’ailleurs la reprise en performance du parc français après l’épisode des corrosions sous contrainte. Rappelons que l’Alliance du nucléaire vise à faire passer la puissance du parc de 100 à 150 GW sur le Vieux continent d’ici 2050.
Les États-Unis projettent d’accroître leur part d’énergie renouvelable tout en maintenant stable la part du nucléaire, dans le but d’atteindre leur objectif de 100 % d’électricité à faibles émissions de carbone d’ici 2035. Cela passe par l’ambition d’atteindre 300 GW de nucléaire en 2050. La Chine poursuit son développement massif du nucléaire et des renouvelables avec la volonté d’atteindre la neutralité carbone en 2060.
Cependant, certaines régions ne prévoient pas le développement de la part du nucléaire. C’est le cas notamment de la région d’Afrique, du Moyen-Orient et du Sud-Est de l’Asie, qui privilégient d’autres sources d’énergie, en particulier le gaz, qui connaît un fort essor et dont le pic de consommation est encore à venir. ■
Par Floriane Jacq (Sfen)
Image : Couverture du WEO 2024 – ©IEA
[1] STEPS : Business as usual (réchauffement de 2,4 °C d’ici 2100) ; APS : atteinte des objectifs nationaux (+ 1,7 °C) ; NZE : neutralité carbone ne 2050 (+ 1,5 °C). Selon l’AIE, le NZE est encore atteignable.