L’alliance européenne du nucléaire envisage une puissance de 150 GW installée en 2050
[Mis à jour le 17 mai] Invitée à Paris, l’Alliance européenne pour le nucléaire a réuni 16 pays membres et la Commissaire européenne en charge de l’énergie. Les participants ont affiché des objectifs ambitieux de déploiement de réacteurs de puissance et de SMR en Europe. Ils appellent aussi l’Union européenne à reconnaitre le rôle du nucléaire pour décarboner le mix énergétique des nations européennes.
Ce mardi 16 mai, la ministre française de l’Énergie a réuni à Paris l’Alliance des pays européens pour le nucléaire. Cette initiative se réunit seulement pour la troisième fois. La première rencontre s’était déroulée le 28 février en marge du Conseil Énergie informel à Stockholm, et la deuxième le 28 mars, en marge du Conseil Énergie à Bruxelles. Cette fois-ci, les ministres et représentants des États se sont réunis « exprès » pour l’occasion et y ont consacré une matinée complète. « Cela marque un tournant, une nouvelle étape, une concrétisation de ce groupe et une confirmation de l’importance et de l’intérêt que portent nos partenaires à ce groupe », se réjouit le cabinet de la ministre.
Dans le communiqué final de cette réunion, les pays signataires affichent un objectif ambitieux de développer un parc nucléaire de 150 GW en Europe, contre environ 100 GW aujourd’hui (dont 60 GW en France). Cela passerait par « la construction de 30 à 45 nouveaux grands réacteurs et le développement de petits réacteurs modulaires (SMR) », peut-on lire. Fort de cet objectif, l’alliance anticipe également les besoins de formations et de compétences. Sont chiffrés « plus de 300 000 emplois directs et indirects créés d’ici 2050, dont 200 000 emplois qualifiés, et 450 000 recrutements d’ici 2050 ». Pour rappel, la France a, pour sa part, envisagé 100 000 recrutements nécessaires en dix ans.
Ces messages forts sont portés par un nombre grandissant de pays. La première réunion avait compté 11 participants, la deuxième 12. Cette fois-ci, 16 participants (et signataires du communiqué final) ont fait le déplacement dans la capitale française. A savoir, les représentants de la Belgique, Bulgarie, Croatie, Estonie, Finlande, France, Hongrie, Pays-Bas, Pologne, République tchèque, Roumanie, Slovénie, Suède, Slovaquie, Italie, Royaume-Uni. L’Italie, qui n’a pas encore pris de décision de relance du nucléaire, était présente en tant qu’observateur. Le Royaume-Uni, bien que non-membre de l’Union européenne, est invité spécial, en raison de son vaste plan nucléaire dont la construction en cours de deux EPR à Hinkley Point.
Réunion des pays membres de l’Alliance du #nucléaire.
Nous appelons, ensemble, à la mise en œuvre d’un plan d’action européen pour développer les coopérations autour du nucléaire pour réussir notre #TransitionÉnergetique.
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— Agnès Pannier-Runacher 🇫🇷🇪🇺 (@AgnesRunacher) May 16, 2023
Message à la Commission européenne
Autour de la table, était aussi présente la Commissaire européenne en charge de l’Énergie, Kadri Simpson. Si la Commission n’apporte pas de soutien officiel à l’alliance, c’est un signe fort car Kadri Simson a délivré le propos introductif de la journée. « C’est une façon aussi pour les États membres présents d’attirer l’attention de la Commission européenne sur l’importance de la bonne prise en compte de l’énergie nucléaire dans l’élaboration des textes européens, dans la prise en compte et l’élaboration des politiques européennes en matière d’énergie », explique le cabinet de la ministre.
I am in Paris 🇫🇷 today to attend the #NuclearAlliance ministerial.
The #EU 🇪🇺 can partner the #nuclear Member States to address key challenges: nuclear safety, growth and competitiveness of the supply chains & security and diversification. pic.twitter.com/g5pRpdXHnZ
— Kadri Simson (@KadriSimson) May 16, 2023
Dans le communiqué final, l’Alliance invite la Commission « à reconnaitre l’énergie nucléaire dans la stratégie énergétique et les politiques pertinentes de l’UE, notamment en proposant des initiatives pertinentes et en reconnaissant les efforts et l’engagement des États membres à décarboner leur bouquet énergétique au moyen de l’énergie nucléaire, aux côtés de toutes les autres sources d’énergie non fossiles, dans le cadre de la transition vers la neutralité climatique ».
Ainsi l’alliance invite à « l’inclusion de l’énergie nucléaire dans la stratégie énergétique européenne ». Les membres demandent en particulier de « promouvoir de meilleures conditions pour le développement et le déploiement de nouvelles capacités nucléaires dans l’UE, y compris un meilleur accès au financement ».
Une future réunion est d’ores et déjà programmée. Elle devrait avoir lieu en marge du prochain conseil de l’énergie, le 19 juin prochain à Luxembourg. ■
Par Ludovic Dupin (Sfen)
Photo : Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, réunit ses homologues des pays membres de l’Alliance nucléaire et Kadri Simson, commissaire européen à l’énergie, au ministère de la Transition énergétique pour une réunion sur l’importance du nucléaire pour accélérer la décarbonisation en Europe. – @ StéphaneMouchmouche/Hans LucasHans Lucas via AFP