Une coalition de grandes banques internationales affiche son soutien au financement du nucléaire
14 institutions financières, dont Goldman Sachs et BNP Paribas, se sont engagé à soutenir les projets de production d’électricité nucléaire afin d’accélérer la transition vers une économie bas carbone. Cette mobilisation à l’initiative d’une coalition d’États formé à la COP28 pourrait faire évoluer le regard du secteur financier et faciliter de nouveaux investissements.
Réunis le 23 septembre dans un salon du Rockfeller Center à New York, une coalition d’Etats et de grands acteurs du monde de la finance ont profité de la Semaine du Climat pour réaffirmer le rôle du développement du nucléaire dans la transition énergétique. Un signal pour la normalisation du secteur auprès d’investisseurs privés encore sur la défensive, malgré leur intérêt croissant pour les opportunités bas carbone.
John Podesta, conseiller spécial de Joe Biden pour la politique internationale et le climat a fait le lien en ouverture de l’évènement avec l’impératif actuel de la transition : « le nucléaire est une énergie propre, et si nous voulons nous assurer une planète qui reste habitable […] il faut que l’énergie nucléaire puisse faire sa part« . Il rejoint l’esprit de la Déclaration pour le triplement de la production d’énergie nucléaire, soutenue par une coalition formée à la COP 28 par une vingtaine d’Etats, dont les États-Unis et la France.
Ces pays ont pris l’initiative de mobiliser des acteurs financiers afin d’afficher à New York une alliance élargie à ce secteur stratégique. Le premier Ministre slovène Robert Golob a appelé à « développer de nouveaux instruments financiers pour faire de l’énergie nucléaire une source compétitive face aux autres options bas carbone« . En face, banques et gestionnaires d’actifs ont fait un premier pas en affirmant « soutenir les objectifs de long-terme d’augmentation de la production d’électricité nucléaire et le développement du secteur au sens large« .
Des acteurs familiers du secteur qui poussent pour sa normalisation
On compte parmi les 14 institutions financières associées à l’évènement des grands noms comme la banque américaine Bank of America ou les françaises BNP Paribas, Société Générale et CACIB (banque d’affaires du Crédit Agricole) – toutes sollicitées en mai dernier par EDF pour obtenir des prêts verts à hauteur de 5,8 milliards d’euros pour le financement de sa flotte de réacteurs en activité. On relève aussi la présence de Brookfield, groupe de gestion d’actifs canadien, qui s’est fait un nom en 2022 en rachetant la moitié de Westinghouse à travers son premier grand fonds dédié à la transition climatique.
D’autres acteurs sont moins connus, comme l’Abu Dhabi Commercial Bank, qui a participé au financement de la centrale nucléaire de Barakah, premier projet récemment terminé au Moyen Orient ; ou Segra Capital Management, petit fonds spéculatif spécialisé dans les paris sur l’uranium et les énergéticiens ayant des actifs nucléaires. Plus que les noms, les observateurs des marchés familiers du secteur espèrent, selon des propos rapportés dans le Financial Times, que ce type d’engagement achèvera de dégager le nucléaire de son statut d’activité controversée. Un signal de haut niveau au moins aussi important qu’une judicieuse ingénierie financière pour faire avancer ces opportunités d’investissement dans la transition bas carbone. ■