Exploitation à long terme des réacteurs : EDF sécurise un prêt vert de 5,8 milliards d’euros - Sfen

Exploitation à long terme des réacteurs : EDF sécurise un prêt vert de 5,8 milliards d’euros

Publié le 16 mai 2024 - Mis à jour le 21 mai 2024

Pour la première fois, EDF a obtenu un « prêt vert » dédié à financer l’extension de la durée de vie de ses réacteurs nucléaires. L’obtention de ces 5,8 milliards d’euros par plusieurs banques est alignée avec les principes de la taxonomie européenne concernant les investissements consacrés à la transition énergétique.

L’un des piliers de la stratégie énergétique française sur le nucléaire est l’exploitation à long terme du parc nucléaire existant, jusqu’à soixante ans, voire au-delà. Pour EDF cela représente un investissement important. Il aura déjà représenté 49,5 milliards d’euros sur la période 2015-2025. Et il continuera au-delà de cette période. On parle du programme Grand Carénage.

Ainsi le 13 mai, l’électricien a annoncé un prêt vert dédié de 5,8 milliards d’euros auprès de plusieurs banques françaises, néerlandaises et américaines (Natixis, BNP Paribas, Bank of America, Crédit Agricole, ING, Société Générale, Wells Fargo). « Les fonds prêtés seront dédiés au refinancement des investissements dans les réacteurs nucléaires existants en France dans le cadre de l’extension de leur durée de vie », explique l’entreprise

Une première pour EDF

« Ces investissements sont alignés avec la taxonomie européenne », indique le texte d’EDF.  La taxonomie européenne est une classification d’activités qui vise à flécher les investissements vers des secteurs favorables à la transition énergétique. Le nucléaire y a été considéré comme une énergie de transition (comme le gaz). Mais le changement radical de positionnement de la Commission européenne vis-à-vis de l’atome devrait permettre d’en faire une énergie bas carbone pleine et entière au regard des règles du jeu de l’Union d’ici peu.

Ce type de prêt bancaire est une première pour le groupe EDF, qui précise que celui-ci est en ligne avec le Green Financing Framework du groupe, une stratégie d’investissements verts qui concerne les projets d’énergies renouvelables, l’hydroélectricité, l’efficacité énergétique, la distribution et le nucléaire.

Un long travail technique

Du point de vue technique, la prolongation du parc nucléaire au-delà de 60 ans va nécessiter un grand travail technique. Dans une interview accordée à la RGN en avril 2023, le président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), Bernard Doroszczuk, expliquait : « Il est important que, dans les deux ans qui viennent, le gouvernement demande à EDF de fournir à l’ASN des justifications de sûreté sur la durée de vie des réacteurs nucléaires au-delà du cadre des visites décennales ».

Outre l’entretien normal des réacteurs, l’attention portera en particulier sur des équipements non remplaçables comme la cuve du réacteur ou l’enceinte en béton. ■

Par Ludovic Dupin (Sfen)

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