« Ouvrir la finance-climat au nucléaire », l’appel de pays de l’OCDE

Les pays membres de l’Agence pour l’énergie nucléaire de l’OCDE (AEN) réclament davantage de coopération des institutions financières multilatérales pour renforcer le rôle du nucléaire dans la transition climatique.
Face à l’urgence climatique, le monde de la finance climat ne peut rester fermé au nucléaire : tel est le message envoyé par les ministres de l’énergie d’une vingtaine d’États partenaires de l’Agence de l’énergie nucléaire, réunis au siège de l’OCDE à Paris les 19 et 20 septembre derniers. Un appel du pied aux grandes banques multilatérales, dont l’engagement pourrait jouer un rôle clé dans la mobilisation d’investisseurs privés pour financer de nouveaux réacteurs.
Après le succès de la COP28, qui a vu les pays de l’AEN élargir le soutien pour leur Déclaration pour le triplement de la production d’énergie nucléaire d’ici à 2050, l’organisation tenait la deuxième édition de ses « Roadmaps to New Nuclear ». Ministres, leaders industriels et régulateurs ont souligné l’importance d’une coopération accrue pour mettre en avant le nucléaire comme une solution dans la transition climatique.
Day 1️⃣ at #RoadmapsToNewNuclear ⚛️ Ministers & industry leaders discussed practical steps to address the challenges faced in new #nuclear energy construction:
💶 Nuclear financing
🔁 Supply chains
👩🔬 Capacity buildingCo-operation will be key in tackling these issues 🗝️ pic.twitter.com/sR1t99i8zb
— OECD NEA ⚛️ Nuclear Energy Agency (@OECD_NEA) September 19, 2024
Dans cette optique, les ministres ont convenu de « travailler ensemble pour tenter de débloquer des financements climat en impliquant, quand cela est pertinent, des institutions financières internationales et des banques multilatérales de développement« . Une ligne proche des associations de l’industrie, qui ont appelé à ce que « les institutions financières multilatérales, telles que la Banque mondiale, incluent l’énergie nucléaire dans leurs portefeuilles d’investissement et renforcent leurs capacités internes pour soutenir ces investissements« .
Ouvrir la voie aux investisseurs privés
Les demandes adressées aux banques multilatérales ne sont pas nouvelles. La plupart sont réticentes à s’impliquer dans le nucléaire, quand elles ne l’excluent pas de leur cadre d’investissement. La World Nuclear Association rappelle que seule la Development Bank of Latin America a récemment accordé un prêt au secteur, pour la prolongation de l’activité d’une centrale en Argentine en 2013. Après sa prise de fonction cette année, la nouvelle directrice de la Banque Européenne d’Investissement (BEI) a déclaré vouloir infléchir la politique de son institution, sans annonce précise à ce stade.
L’attrait de ces banques multilatérales est double : le nucléaire pourrait bénéficier des programmes de financement pour la transition climatique, dont les conditions avantageuses et le capital de long-terme réduiraient le risque des projets et soutiendraient l’innovation ; tout en attirant des investisseurs privés rassurés par ces garanties et l’appui d’organisations à la réputation établie dans la sphère de la finance climat.
Cette mobilisation fait écho à celle d’une autre coalition de pays associés à la Déclaration pour le triplement de la production d’énergie nucléaire d’ici à 2050, en marge de la Semaine du Climat à New York (22-29 septembre). Ces Etats ont rassemblé plus d’une dizaine d’institutions financières privées prêtes à augmenter leurs financements et leurs investissements dans le nucléaire. Il reste à voir comment une telle coalition de bonnes volontés portera ses fruits pour le secteur. ■