Fatih Birol (AIE) appelle les pays de l’UE opposés au nucléaire à faire leur autocritique - Sfen

Fatih Birol (AIE) appelle les pays de l’UE opposés au nucléaire à faire leur autocritique

Publié le 11 avril 2023

Le directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a déclaré que les États membres de l’Union européenne opposés au nucléaire devront faire leur autocritique. Il a en particulier souligné les erreurs de jugement en Allemagne et à Bruxelles, rapporte Euractiv.

Lors d’une conférence le mercredi 5 avril 2023 à Science Po Paris, Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE, a appelé les États membres de l’Union européenne à faire « une autocritique sérieuse », rapporte Euractiv. « Lorsque la poussière retombera de cette crise de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, je pense que les gouvernements européens – en particulier certains d’entre eux – devront s’asseoir et faire une autocritique sérieuse de leurs politiques énergétiques », a-t-il déclaré alors que l’Allemagne doit fermer ses derniers réacteurs nucléaires le 15 avril prochain.

« Je me souviens de nombreuses discussions avec le gouvernement allemand et de nombreuses personnes intéressées par le sujet qui disaient que, même pendant la guerre froide, la Russie n’avait jamais coupé le gaz », a-t-il également déclaré, soulignant l’insouciance des pouvoirs publics quant aux questions de souveraineté énergétique et de sécurité d’approvisionnement.

En plus de l’Allemagne, les États membres visés par l’injonction sont probablement l’Autriche et le Luxembourg, farouchement opposés à l’Atome mais aussi d’autres pays comme le Danemark, l’Irlande le Portugal et l’Espagne qui se sont par exemple opposés (avec l’Allemagne, l’Autriche et le Luxembourg) à l’intégration de l’hydrogène produit grâce au nucléaire dans la directive sur les énergies renouvelables (RED III).

Enfin, pour le directeur exécutif de l’AIE, Bruxelles a fait « preuve de froideur à l’égard du nucléaire ».

Une opposition qui dépasse les frontières nationales

L’AIE alerte ainsi les pays qui ont, pour leur approvisionnement énergétique, « mis leurs œufs dans le même panier, à savoir la Russie ». Mais l’opposition au nucléaire, s’invitant dans le cadre européen, dépasse les frontières de ces mêmes pays. Et ce, malgré le fait que chaque État membre de l’UE soit souverain sur le choix de ses sources d’énergie et l’exploitation de ses ressources naturelles selon le Traité sur le fonctionnement de l’UE.

Le rapport parlementaire de la commission d’enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France publié le 6 avril 2023 constate ainsi que « en emmenant son pays sur la voie de la sortie du nucléaire, l’Allemagne a aussi demandé à de nombreuses reprises l’arrêt des réacteurs français de Fessenheim et de Cattenom, ainsi que l’exclusion ferme du nucléaire du Plan européen « Net zero industry act », empêchant ainsi toute une filière industrielle de pouvoir bénéficier des dispositifs coordonnés de financement européen ».

Le scénario de neutralité carbone de l’AIE prévoit un doublement du nucléaire

Une politique d’opposition qui freine le nucléaire alors que l’atome a un rôle important à jouer dans la transition énergétique. Pour rappel, dans le scénario de neutralité carbone (NZE) de l’AIE la capacité nucléaire augmente de 30 GW chaque année au début de la décennie 2030 soit 5 fois plus que lors de la décennie 2010-2020. Plus encore, entre 2020 et 2050 la capacité nucléaire doit doubler.■

Gaïc Le Gros (Sfen)

Crédit photo ©Claus Fisker / Ritzau Scanpix / AFP