Radioprotection, 60 ans, EPR2… L'ASNR présente ses grands enjeux sur la sûreté - Sfen

Radioprotection, 60 ans, EPR2… L’ASNR présente ses grands enjeux sur la sûreté

Un mois après sa création, la nouvelle Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) dévoile ses priorités pour les années à venir. Radioprotection, prolongation des réacteurs, nouveaux projets comme l’EPR2, innovations technologiques… Son président, Pierre-Marie Abadie, expose les grands enjeux de cette organisation née de la fusion de l’ASN et de l’IRSN.

Jeudi 30 janvier, la toute nouvelle Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR), issue de la fusion entre l’ASN et l’IRSN, présentait ses vœux à la presse après un mois d’existence. Son président, Pierre-Marie Abadie, l’affirme d’emblée : « L’ASNR est opérationnelle dans toutes ses dimensions : expertise, instruction, contrôle, surveillance de l’environnement, gestion des urgences, international, recherche. »

Cinq grands enjeux structureront son action dans les années à venir. Le premier concerne la radioprotection du nucléaire de proximité. Évoquant les avancées en technologies médicales, Pierre-Marie Abadie souligne la nécessité pour l’ensemble des acteurs de la santé d’être pleinement conscients des enjeux de radioprotection, alors que de nombreux établissements restent fragiles sur ce point. Or, c’est ce type de nucléaire avec lequel les Français sont le plus en contact au quotidien.

Des réacteurs à 60 ans

Le deuxième enjeu est, sans surprise, la sûreté du parc électronucléaire et des usines du cycle. « La prolongation du parc existant est notre tâche première« , insiste Pierre-Marie Abadie. En effet, les premières visites des 50 ans pour les réacteurs de 900 MW sont imminentes, et l’ASNR a déjà pris position sur des points clés tels que la vérification de conformité, la mesure du vieillissement et la prise en compte du risque climatique. Pour ce qui est d’une exploitation à long terme – 60 ans voire au-delà –, il s’agit d’identifier les facteurs pouvant limiter la durée de vie des installations. L’ASNR rendra une position technique d’ici fin 2026 afin « d’éclairer les pouvoirs publics« .

Troisième enjeu : le nouveau nucléaire avec le programme EPR2. « La construction de ces nouveaux EPR est un défi industriel« , estime le président de l’ASNR, qui assure que l’autorité sera vigilante sur l’amélioration de la qualité et sur le principe du ‘bon du premier coup’. L’ASN (Autorité de sûreté nucléaire) avait d’ailleurs publié en juin dernier un guide à l’attention des sous-traitants détaillant les niveaux d’exigence attendus.

S’adapter à l’innovation

Quatrièmement, l’ASNR devra aborder les innovations dans le nucléaire, notamment via les SMR (Small Modular Reactors) et AMR (Advanced Modular Reactors). « L’innovation est une bonne chose dans le nucléaire« , affirme Pierre-Marie Abadie, précisant que l’ASNR s’adapte aux nouveaux modes de travail, notamment avec les startups du secteur. Il souligne que ces technologies posent des questions inédites, comme la sûreté passive, sur laquelle l’ASNR va « monter en puissance » grâce à une plateforme dédiée à Cadarache, baptisée PASTIS (Passive Systems Thermalhydraulic Investigations for Safety). Parmi les autres défis figurent l’exploitation hors site, la gestion accidentelle de l’approvisionnement en combustible et l’apparition de nouveaux types de déchets.

Enfin, cinquièmement, l’ASNR se penche sur la pérennisation des usines du cycle du combustible. L’Autorité souhaite en particulier préserver des marges physiques en matière d’entreposage. Pierre-Marie Abadie souligne l’évolution de la stratégie d’EDF, qui mutualise ses efforts avec les nouvelles piscines d’Orano à La Hague. Alors que l’ASNR a récemment autorisé une densification des piscines existantes pour restaurer des marges de stockage, elle insiste sur la nécessité « de disposer de nouvelles capacités de stockage conformes aux normes de sûreté actuelles« . L’ASNR se dit également attentive à la fiabilisation de l’usine Melox, à la construction d’une future usine Melox et à la pérennisation du site de La Hague. ■

Par Ludovic Dupin (Sfen)

Image : Conférence de presse de l’ASNR pour les voeux 2025, le 28 janvier – @ASNR