Élections en Allemagne : le retour du nucléaire ?

Les élections législatives anticipées en Allemagne du 23 février 2025 ont redessiné le paysage politique, avec la victoire de la CDU/CSU menée par Friedrich Merz. Ce scrutin relance le débat sur l’énergie nucléaire, après la fermeture des centrales en 2023, dans un contexte de dépendance énergétique et de prix élevés de l’électricité. Un moratoire pourrait même être décidé sur le démantèlement des réacteurs.
Le 23 février 2025, les élections législatives anticipées en Allemagne ont redessiné le paysage politique du pays, avec des répercussions potentielles sur sa politique énergétique, notamment sur la question du nucléaire. Alors que l’Allemagne a fermé ses dernières centrales nucléaires le 15 avril 2023, marquant la fin d’une sortie progressive initiée après l’accident de Fukushima en 2011 sous Angela Merkel, la victoire de la CDU/CSU, menée par Friedrich Merz, pourrait changer la donne.
Lors des élections législatives anticipées en Allemagne, l’alliance conservatrice CDU/CSU a pris la tête avec environ 29 % des suffrages. En deuxième position, l’AfD (extrême droite) réalise une percée historique en obtenant 20 % des voix. Le SPD (sociaux-démocrates), mené par Olaf Scholz, se classe troisième avec 16,5 %. Le FDP (libéral) n’a pas réussi à franchir la barre des 5 %, échouant ainsi à envoyer des élus au Bundestag.
La campagne électorale, principalement axée sur les thèmes de l’économie, de la sécurité et de l’immigration, a également partiellement mis en lumière la question énergétique. Cette problématique a émergé dans un contexte où l’Allemagne était confrontée à des prix élevés de l’électricité et à une forte dépendance aux importations d’énergie, notamment en provenance de France pour le nucléaire et de Pologne pour le charbon, durant l’hiver.
Un moratoire sur le démantèlement des réacteurs
Friedrich Merz, futur chancelier, a rapidement marqué les esprits en annonçant, le 24 février, qu’il était nécessaire d’arrêter le démantèlement des centrales nucléaires. Toutefois, il précise que cette question et la construction de nouvelles centrales nucléaires ne seront pas décidées et mises en œuvre « au cours de cette seule législature ». Friedrich Merz s’est exprimé à de nombreuses reprises sur la fermeture des centrales. Pour lui, la fermeture des réacteurs en 2023 fut une « journée noire pour l’Allemagne ». Cette position s’aligne sur une opinion publique allemande qui, dans un sondage ARD-DeutschlandTrend, montrait qu’une minorité d’Allemands (15 %) souhaitaient arrêter les trois derniers réacteurs nucléaires du pays en 2023.
Malgré ce changement de mentalité, le retour du nucléaire en Allemagne bute sur plusieurs obstacles. Les entreprises du secteur, E.on et RWE, estiment qu’une remise en service des réacteurs arrêtés serait politiquement incertaine à long terme, techniquement complexe et économiquement peu viable, sachant que les installations ont été partiellement démantelées.
Le scénario probable d’une coalition CDU/CSU-SPD donnerait la priorité au gaz, pour le moment, comme énergie pilotable pour compenser l’intermittence des énergies renouvelables. Malgré tout, cette nouvelle donne pourrait faire évoluer l’Allemagne sur la question de la « neutralité technologique » pour faire avancer l’Europe vers ses objectifs de décarbonation ». ■