Start 2025 : le programme d’EDF pour améliorer la réussite des arrêts de réacteur

Start 2025 est le plan ambitieux d’EDF pour améliorer la performance des arrêts des réacteurs et par conséquent leur production. Lancé depuis 2019, ce sont cinq années d’effort sur le terrain qui permettront la mise en place du programme sur l’ensemble des sites du territoire français. À ce jour, 80% des solutions sont déjà déployées.
EDF cherche à garantir et accroître sa production. Pour y parvenir, les équipes de production misent sur l’optimisation des arrêts des réacteurs, à travers le programme Start 2025. Il s’inscrit dans un contexte exigeant. Les centrales font face à une charge industrielle inédite alors que 4,7 milliards d’euros sont investis chaque année dans la maintenance du parc nucléaire. En outre, suivant les recommandations de l’ASN, les ambitions de sûreté n’ont jamais été aussi hautes que sur ce quatrième réexamen périodique, lancé en février 2021 sur les réacteurs 900 MW et bientôt sur les 1300 MW. Aujourd’hui le volume d’activités pour ces arrêts est 6 fois supérieur que celui du troisième réexamen.
Les sites de production doivent également faire face depuis 2020, à des événements inédits comme le Covid-19 ou le phénomène de corrosion sous contrainte (CSC) qui ont affecté la planification des activités et des arrêts pour la maintenance.
L’optimisation des arrêts, un enjeu crucial pour solidifier la production
La vie d’un réacteur est caractérisée par deux phases principales : la production et l’arrêt de tranche. La première dure sur 12 à 18 mois et est fixe, car elle répond à des contraintes physiques liées aux combustibles. Sur un cycle de 10 ans, 3 types d’arrêt du réacteur sont prévus. Les arrêts simple rechargement (ASR) et les visites partielles (VP) s’alternent pour recharger en combustible et effectuer les opérations de maintenance. Les visites décennales (VD) permettent en plus d’effectuer les modifications et les contrôles décennaux de sûreté. L’objectif est donc d’optimiser et de faire coïncider les échéances d’arrêt du planning de production et celles réglementaires.
Start 2025 en 4 axes stratégiques
« Bien produire, c’est d’abord réussir les arrêts de tranche », explique Étienne Dutheil, directeur division production nucléaire chez EDF. C’est le mot d’ordre du projet Start 2025. L’arrêt des réacteurs est un élément central de la vie sur les sites de production nucléaire, d’où la nécessité de les optimiser au maximum. « Tout le monde contribue sur les sites, peu ou prou à la réussite des arrêts de tranche », assure-t-il. Par conséquent ce sont des mois de travail, en amont des arrêts durant la production, qui permettent au mieux d’anticiper et d’effectuer avec réussite ces derniers.
Start 2025 se donne quatre objectifs pour optimiser les arrêts de tranche. Il a été élaboré de la façon la plus collaborative possible en faisant appel à des solutions qui sont issues majoritairement du terrain. Premièrement, ce projet cherche d’abord à mettre en avant les compétences et le savoir-faire des équipes sur le terrain. Cela passe par un partage des connaissances au sein des groupes de travail et une ré-internalisation sur des prestations spécifiques. Deuxièmement, le projet contribue à un gain d’efficacité opérationnel à travers la classification des méthodes dans la préparation des arrêts et l’optimisation du parcours et de l’approvisionnement des pièces de rechange.
Troisièmement, la remise en avant d’un management attentif permet d’obtenir davantage de solutions issues du terrain et de responsabiliser les équipes à tous les niveaux. Quatrièmement, il a été nécessaire de revoir l’organisation pour coller à la réalité industrielle de chaque site : bon dimensionnement des équipes pour chaque réacteur et instauration d’équipes « parc » pour venir en appui.
Des résultats déjà prometteurs
Étienne Dutheil est enthousiaste : « Start produit des résultats ». La performance globale des arrêts et de la production s’améliore d’ores et déjà. De nombreux sites, tels que Paluel, ont connu des records historiques de durée des arrêts de tranche. De plus, le premier jalon clé (début du déchargement des réacteurs à leur arrêt et déconnexion du réseau) a été respecté dans plus de 70 % des arrêts contre moins de 10 % en 2021 et 40 % en 2022. On observe aussi une réduction d’un tiers des prolongations d’arrêt depuis 2022.
« La performance de production est en hausse en remettant à disposition, sur le réseau, des réacteurs qui sont fiables », affirme Étienne Dutheil. En effet, le taux d’indisponibilité fortuite entre 2022 et 2023 est inférieur ou égal à 3,5 %. Cela permet aussi une meilleure disponibilité durant les saisons froides avec une augmentation de 5 à 10 GW par rapport à l’hiver 2022. Enfin, les fourchettes de production s’élevant à 300 à 330 TWh en 2023, 315 à 345 TWh en 2024 et 335 à 365 TWh en 2025 sont déjà confirmées grâce à ce gain de performance.
Augmenter la puissance pour aller plus loin
Peut-on s’attendre maintenant à une augmentation de la puissance des réacteurs ? En tout cas c’est ce qui est envisagé par EDF. En complément de Start 2025, deux autres solutions permettraient d’atteindre l’objectif de 400 TWh à horizon 2030. La première, plus « simple », consiste à moderniser les turbines. Elle ne nécessite pas de dialogue avec l’ASN et est déjà présente sur 9 réacteurs 900 MW. La seconde demandera elle des examens de sûreté. Elle passe par l’augmentation de la puissance thermique de la chaudière, ce qui délivrera plus de puissance à la turbine et à l’alternateur. ■