[Série d’été 3/9] Le nucléaire civil dans la culture : Power Grid
Le nucléaire est une source d’inspiration majeure. Si l’aspect militaire a alimenté de nombreux films de science-fiction, jeux vidéo et comics, le nucléaire civil a su, lui aussi, tirer son épingle du jeu. Il a laissé une empreinte indélébile dans notre imaginaire collectif, que ce soit pour illustrer sa beauté ou ses promesses pour l’avenir. Cet été 2024, la RGN vous propose une sélection d’œuvres marquantes inspirées par le nucléaire civil. Et aujourd’hui, penchons-nous sur le jeu de société Mégawatts (version française de Power Grid), l’œuvre de Friedemann Friese.
Depuis la première édition classique sortie en 2001, le célèbre jeu de stratégie « Funkenschlag «, alias « Power Grid » ou « Mégawatts », s’est forgé un beau palmarès de nominations tel que l’International Gamers Awards, le Spiel des Jahres recommandé, le jeu de l’année aux Pays-Bas… et en 2004, le prix du Tric Trac d’argent. Les rééditions qui ont suivies ont progressivement amélioré son gameplay interactif et compétitif entre les joueurs.
Une règle à contre-courant
Chaque joueur incarne un entrepreneur dont l’objectif est d’équilibrer ses investissements depuis l’achat de centrales électriques, de matières premières jusqu’à l’expansion de son réseau urbain. Captivant mais aussi éducatif, sélectionner une source d’énergie donne le « la » de sa partie. Plutôt que de laisser gagner dès le début le joueur qui obtient les meilleures centrales, connecte plus de villes et a plus de revenus à chaque tour, Friedemann Friese a corsé le jeu : l’ordre du tour s’ajuste constamment. Le joueur en tête a des désavantages, comme accéder aux moins bonnes centrales et acheter des ressources plus chères, tandis que les derniers joueurs ont des avantages stratégiques, notamment lors de la construction des centrales.
A vos jeux !
Entre énergie nucléaire, énergies renouvelables et énergies fossiles, les entrepreneurs vont faire des choix. Il est également proposé d’acheter des centrales hybrides qui fonctionnent au charbon et des centrales écologiques. Bien sûr les centrales à fusion, surpuissantes, sont souvent une ressource âprement disputée entre les joueurs, en particulier car elles n’ont besoin d’aucune ressource pour fonctionner.
Si l’on prend le cas de centrales nucléaires, une grande quantité d’énergie sera produite, ce qui est crucial pour alimenter un grand nombre de villes et obtenir un avantage compétitif. Dans ce cas, les joueurs devront gérer le coût de l’uranium et le stockage des déchets, ce qui ajoute une couche de complexité stratégique. La gestion du nucléaire reflète ainsi les défis réels de cette source d’énergie, tant en termes de coûts que de gestion de l’aval. D’autant plus que l’uranium est une ressource rare et coûteuse dans le jeu (ce qui n’est pas tout à fait vrai dans la réalité). Le marché des ressources fluctue en fonction de l’offre et de la demande, ajoutant une couche de complexité stratégique.
Poser des réseaux worldwide
Mégawatts propose les cartes de la France et du Québec. Selon les versions, les plateaux de jeu fournis représentent des régions ou des pays dont l’Allemagne à l’origine, mais aussi les États-Unis ou encore l’Europe, le Brésil, le Japon, la Chine…
A noter que chaque extension ajoute des règles spéciales et des configurations de ressources uniques. Tandis que le plateau du Brésil met l’accent sur les centrales hydroélectriques, le plateau de la France a des règles spécifiques pour l’énergie nucléaire reflétant la réalité énergétique du pays, comme le coût de stockage de déchets nucléaires. La stratégie optimale peut donc varier considérablement en fonction du plateau utilisé. Certains peuvent favoriser des stratégies ou types de ressources, ce qui peut limiter la diversité des approches stratégiques dans des contextes spécifiques. ■
Retrouvez tous les numéros de notre série « L’énergie nucléaire dans la culture »
1/9 – La série de jeux vidéo Fallout
2/9 – L’album photo The Nuclear Sublime
3/9 – Le jeu de société Power Grid
4/9 – Le personnage Dr Manhattan de Watchmen
5/9 – Le DeLorean de Retour vers le Futur
6/9 – Le jeu de société Nucleum
7/9 – Le super-héros de DC Captain Atom