Pour respecter son engagement de neutralité carbone en 2050, la France doit clarifier rapidement sa politique nucléaire selon l’AIE
La France doit prendre des décisions rapides sur la prolongation de son parc de réacteurs et sur la construction de nouvelles tranches. C’est l’une des conditions sine qua non mises en avant par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) pour que la France atteigne ses ambitions de neutralité carbone en 2050.
Comme elle le fait tous les cinq ans, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a dressé son nouveau bilan énergétique de la France. Le rapport a été remis à la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, le 30 novembre dernier. « Des décisions clés concernant le futur système énergétique de la France doivent être prises bientôt si elle veut pouvoir atteindre la neutralité carbone en 2050. La France doit investir beaucoup plus dans l’efficacité énergétique, les énergies renouvelables et le nucléaire », a expliqué le président de l’AIE Fatih Birol.
EN DIRECT | Présentation du rapport de l’@IEA et des grands défis que doit relever la France dans sa transition énergétique, avec @barbarapompili et @fbirol.
https://t.co/dSc630artX— Ministère de l’Écologie (@Ecologie_Gouv) November 30, 2021
C’est un paradoxe dans lequel se retrouve le pays. « La France a été un pionnier en matière de transition énergétique » et « elle bénéficie de l’électricité la plus décarbonnée parmi les économies avancées, grâce à la place du nucléaire qui compte pour 71 % de son mix et au rôle de l’hydraulique (10 %) », indique en propos liminaire le rapport. Mais plus loin, on lit : « En 2021, la France n’est pas sur les rails pour atteindre ses objectifs en matière d’efficacité énergétique, d’énergies renouvelables ou de réductions des émissions, qui ont été définis en 2015 ». Même si les auteurs soulignent les « importantes réformes en cours ».
Incertitudes au-delà de 2035
En matière de renouvelables, le rapport regrette que la part des renouvelables ne fut que de 19,1 % en 2020 contre un objectif de 23 % dans la consommation finale. Une des causes de cet écart est le retard pris en matière d’éolien offshore. Dans le même temps, « le parc électrique vieillit et les investissements privés dans des ajouts de capacité à grande échelle ne se concrétisent pas, dans un contexte d’absence de visibilité à long terme du mix électrique au-delà de 2035 », alerte l’AIE.
« Le gouvernement a reporté de 2025 à 2035 le projet de réduction de la part de l’électricité nucléaire à 50 %. Recommandée par le bilan 2015 de l’AIE, il s’agit d’une mesure bienvenue à l’heure de l’urgence climatique, qui maintient les bénéfices d’une électricité bas carbone pour la France », souligne le rapport. Mais cela signifie qu’au-delà de 2035, c’est l’inconnu. En effet, la programmation pluriannuelle de l’énergie a prévu la fermeture de 14 réacteurs, à un moment où les pays voisins vont aussi fermer de nombreux moyens de production (Belgique, Allemagne, Suisse).
Dans ce contexte, le rapport de l’AIE appelle à « clarifier les ambitions sur la fermeture et l’exploitation à long terme des réacteurs nucléaires existants, ainsi que sur la construction de nouveaux réacteurs nucléaires en France ». Les experts de l’AIE invitent aussi à définir rapidement « les mécanismes de financement pour atténuer les incertitudes sur la voie de la neutralité carbone pour soutenir un mix électrique abordable, durable et sûr ». Des recommandations importantes en pleine campagne présidentielle qui a mis le nucléaire au cœur des débats. Cela intervient aussi alors que le président de la République a annoncé, le 9 novembre dernier, sa volonté de construire de nouveaux réacteurs en France.