Emmanuel Macron annonce la construction de nouveaux réacteurs nucléaires en France - Sfen

Emmanuel Macron annonce la construction de nouveaux réacteurs nucléaires en France

Publié le 10 novembre 2021 - Mis à jour le 22 décembre 2021
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C’est parti ! Le renouvellement du parc nucléaire, indispensable pour éviter un « effet falaise » entre 2030 et 2040 avec la fermeture des réacteurs du parc historique, a été annoncé par le président de la République dans son allocution du 9 novembre. Ces premières unités vont permettre de maîtriser les prix de l’énergie, de garantir l’indépendance du pays et d’atteindre la neutralité carbone en 2050, assure le Chef de l’État.

À l’occasion de son allocution du 9 novembre, le président de la République Emmanuel Macron a officiellement lancé le vaste chantier tant attendu du renouvellement du parc nucléaire français. « Nous allons, pour la première fois depuis des décennies, relancer la construction de réacteurs nucléaires dans notre pays, et continuer de développer les énergies renouvelables ». Une première depuis le lancement de la construction de l’EPR de Flamanville en 2007.

Il justifie sa décision par le fait de « payer notre énergie à un tarif raisonnable », de « garantir l’approvisionnement électrique de notre pays » ou encore « d’atteindre nos objectifs, en particulier la neutralité carbone en 2050 ». Des motivations qui répondent aux crises actuelles : celle du Covid-19 qui a montré la vulnérabilité de la France aux importations, celle des prix de l’énergie de cet automne qui a vu les prix du gaz s’envoler et la crise climatique qui appelle à développer un mix renouvelable et nucléaire pour aller vers une économie bas carbone.

EPR, SMR et innovation

« Le Président a fixé un cap clair pour tenir nos engagements climatiques et assurer notre souveraineté énergétique », relève la ministre de la transition écologique Barbara Pompili. Un nouveau gage de confiance adressé à la filière nucléaire française. En octobre dernier, Emmanuel Macron avait déjà annoncé une enveloppe d’un milliard d’euros pour le nucléaire afin d’initier la construction d’un Small Modular Reactor (SMR), Nuward, et pour favoriser l’innovation dans de nouveaux concepts de réacteurs.

La décision présidentielle intervient dans un contexte favorable à l’énergie nucléaire. En octobre 2021, RTE a présenté son rapport Futurs énergétiques 2050. Il montrait que les scénarios les plus sûrs et abordables pour atteindre la neutralité carbone dans 30 ans passent par le développement massif de l’éolien et du solaire, la prolongation d’une partie du parc existant et la construction de 8 à 14 réacteurs EPR. Cette étude confirme que le lancement immédiat de trois paires d’EPR peut être initié sans regret car le service rendu au réseau serait important à l’heure où des capacités pilotables ferment en Europe, les coûts de productions seront compétitifs, et cela permettra de mobiliser la filière sans perte de compétences en vue de décisions futures.

Un plan Excell efficace

L’autre élément favorable à cette décision est la présentation des résultats du plan Excell d’EDF, 18 mois après son lancement. Mis en place à la suite des difficultés observées sur le chantier de l’EPR de Flamanville, il doit « permettre à la filière nucléaire de retrouver le plus haut niveau de rigueur, de qualité et d’excellence pour être au rendez-vous des projets nucléaires ». Xavier Ursat, directeur exécutif d’EDF en charge de l’ingénierie et du nouveau nucléaire affirme : « Grâce à la mobilisation de la filière nucléaire, 22 engagements du Plan Excell sur les 25 pris avec le Gifen (Groupements des industriels français de l’énergie nucléaire) ont été atteints« .

Alain Tranzer, délégué général à la qualité industrielle, affirme de son côté que Excell a permis de mettre en ligne l’EPR de Flamanville pour un chargement du combustible fin 2022. Il assure aussi que les coûts de construction de l’EPR2 seront diminués de 30 %. Cela a été rendu possible par une série d’améliorations concernant la gouvernance, la formation, la standardisation, etc.

Des détails du programme attendu

Maintenant que l’annonce a été faite, c’est une nouvelle grande étape qui s’ouvre. Le gouvernement doit maintenant détailler ce programme. À savoir, quand seront lancés les premiers chantiers et combien de réacteurs seront concernés. Le début des premiers travaux va demander quelques années puisque les démarches d’enquêtes publiques et les autorisations préalables sont nécessaires auparavant. La question de la localisation est importante car ces chantiers vont créer des milliers d’emplois localement. Pour l’heure, quatre sites sont pressentis : Penly, Gravelines, Bugey, Tricastin.

Le modèle de financement sera aussi essentiel, sachant que RTE dans son rapport a pris pour hypothèse un coût du capital à 4 %. Une hypothèse qui demandera une intervention de l’Etat d’une manière ou d’une autre (investissement direct, tarif de rachat, participation…). Le coût du capital ayant un poids décisif dans le coût final de production. ■

Ludovic Dupin (Sfen), Crédit photo : Elysée

Note : pour en savoir plus sur l’EPR et l’EPR2 qui sera le réacteur qui va renouveler le parc nucléaire français, vous pouvez vous référer à la troisième édition des fiches « Parler du Nucléaire » de la Sfen. L’un des ces douze documents aborde la question de ce réacteur de troisième génération.

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