Partenariat entre le Royaume-Uni et les États-Unis pour développer des fusées spatiales à fusion nucléaire - Sfen

Partenariat entre le Royaume-Uni et les États-Unis pour développer des fusées spatiales à fusion nucléaire

Publié le 10 août 2023 - Mis à jour le 4 août 2023

La société de propulsion spatiale britannique Pulsar Fusion a conclu un partenariat avec la société américaine Princeton Satellite Systems pour utiliser l’intelligence artificielle (IA) afin de concevoir une fusée spatiale ultra-rapide. Elle serait capable d’atteindre Mars en seulement 30 jours.

La collaboration entre Pulsar Fusion et Princeton Satellite Systems s’appuiera sur le « machine learning » et l’intelligence artificielle. Il s’agirait d’étudier les performances du réacteur Princeton Field-Reversed Configuration 2, développé en partenariat avec le Laboratoire de physique des plasmas de Princeton. L’objectif est de mieux comprendre le comportement du plasma sous chauffage électromagnétique et confinement, lorsqu’il est configuré en tant que système de propulsion aneutronique dans une configuration de moteur de fusée.

La recherche vise à découvrir comment le plasma de fusion nucléaire se comportera en sortant d’un moteur de fusée, émettant des particules d’échappement à des centaines de kilomètres par seconde. Basée dans l’Oxfordshire, Pulsar Fusion développe des simulations basées sur les données d’injection de gaz provenant du PFRC-2 pour tenter de créer des simulations prédictives du comportement des ions et des électrons dans un plasma FRC.

Les partenaires ont pour objectif de créer un moteur de fusée pour l’espace capable de réaliser le trajet jusqu’à Mars à seulement 30 jours (contre trois à six mois avec des systèmes de propulsion chimique) et de deux ans pour atteindre Saturne ou Titan. « C’est une étape extrêmement importante pour Pulsar », a déclaré le fondateur et PDG de l’entreprise, Richard Dinan. « En combinant nos propres recherches et ressources avec celles de Princeton Satellite Systems, Pulsar a eu accès aux données comportementales du réacteur à fusion détenant le record mondial (PRFC-2), associées aux avancées récentes en matière d’apprentissage automatique. Cela donnera un coup de fouet au développement de nos systèmes de fusée à fusion nucléaire ».

La fusion dans l’espace avant la terre ferme

Il a ajouté : « La propulsion à fusion est exempte de nombreuses exigences en infrastructures présentées dans le développement de l’énergie de fusion terrestre pour les centrales électriques sur Terre. L’espace est l’endroit idéal pour la fusion en termes de vide et de températures extrêmement froides. Contrairement à une centrale à fusion, la propulsion à fusion ne nécessite pas de turbine à vapeur géante et les carburants peuvent être fournis de l’extérieur plutôt que d’avoir à être créés sur place ».

« L’humanité a un besoin énorme de propulsion plus rapide dans notre économie spatiale en croissance, et la fusion offre 1000 fois la puissance des propulseurs ioniques conventionnels actuellement utilisés en orbite. En bref, si les humains peuvent réaliser la fusion pour l’énergie, alors la propulsion à fusion dans l’espace est inévitable », veut-il croire. Il assure même que : « Notre vision est que la propulsion à fusion sera démontrée dans l’espace des décennies avant que nous puissions exploiter la fusion pour l’énergie sur Terre ».

Des investissements en croissance

Il faut dire que le secteur de la fusion connait un regain d’intérêt majeur ces dernières années dans la foulée du développement de réacteurs nucléaires de nouvelle génération. Ainsi, si le principe de la fusion est connu depuis près de 80 ans, jamais les échéances de mise au point n’ont semblé si proches et si crédibles, à en croire les investissements en cours. Ainsi, en 2022, 6,21 milliards de dollars ont été investis dans la fusion nucléaire, rapporte la Fusion Industry Association (FIA). Et même s’il faut prendre ces prévisions avec prudence, la dernière enquête de la FIA a révélé que quatre entreprises annoncent qu’elles fourniront de l’énergie au réseau d’ici à 2030, et 19 d’ici à 2035. L’une des annonces récentes la plus folle est sans doute celle qui lie Microsoft à Helion et qui promet que le géant de l’informatique utilisera de l’énergie issue de la fusion dès 2028. ■

Par Ludovic Dupin avec WNN

Photo : dessin d’artiste d’une fusée avec un moteur à fusion – © PulsarFusion