Les quatre informations à retenir du bilan de la sûreté nucléaire en France

La sûreté nucléaire en France en 2022 a été jugée globalement satisfaisante par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Cependant, le gendarme de l’atome appelle à accroitre les marges des installations industrielles, à mieux étudier les impacts du changement climatique ou encore à développer les capacités techniques des fournisseurs de la filière.
Jeudi 25 mai, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a présenté à l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) le bilan 2022 de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France, disponible dans son intégralité sur le site web de l’organisme. L’organisme a émis quatre messages clés à l’attention des parlementaires :
1/ Une sûreté satisfaisante
« En 2022, la sûreté et la radioprotection dans les secteurs industriel, médical et du transport se sont maintenus à un niveau satisfaisant », assure Bernard Doroszczuk. Même s’il n’en fait pas un marqueur absolu, il se réjouit que le nombre d’événements de niveau 1 et 2 sur l’échelle Ines (qui en compte sept) est en baisse continue depuis quatre ans.
2/ Sécuriser la filière dans la PPE à venir
Le patron de l’ASN rappelle le phénomène sans précédent de corrosion sous contrainte (CSC) rencontré en 2022, qui a tendu l’approvisionnement en électricité lors de l’hiver 2022/2023. Il rappelle aussi des fragilités « persistantes » sur les installations du cycle du combustible. Ainsi, l’ASN appelle à anticiper les enjeux de sûreté et à disposer de marges industrielles. « Dans ce contexte, l’ASN estime qu’un travail sur la sécurisation industrielle pour les 15 à 20 ans à venir doit être anticipé dans le cadre de la future programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) », explique Bernard Doroszczuk.
3/ Accroitre la connaissance sur l’impact du changement climatique
L’été 2022 a été marqué par une sécheresse et une canicule exceptionnelle qui a forcé l’ASN à autoriser des dérogations sur les rejets thermiques afin de maintenir en fonctionnement cinq réacteurs, sans conséquence sur la sûreté. Étant donné que de tels événements climatiques pourraient se multiplier dans les années à venir, l’ASN estime qu’il y a une nécessité de « consolider les connaissances scientifiques sur l’impact environnemental cumulé des rejets, ainsi qu’une réflexion sur les évolutions technologiques à intégrer et les capacités d’adaptations des installations à prévoir, dans le cadre d’une approche de long terme ».
4/ Des capacités techniques à surveiller
L’ASN alerte sur les capacités techniques de la chaine d’approvisionnement de la filière nucléaire. « Des efforts importants sont en réalisés en matière de définition claire des exigences à respecter, de qualité et de rigueur dans la chaine d’approvisionnement, d’évaluation des capacités techniques des prestataires et en matière de prévention, de détection et de traitement des irrégularités », explique le patron de l’ASN. Cela concerne l’exploitation du parc existant, tout comme le lancement de nouveaux projets.
Bientôt la demande d’autorisations pour les EPR2 à Penly
En plus des recommandations, lors de la session de questions/réponses avec les parlementaires, le DG de l’ASN Olivier Gupta a annoncé que les demandes d’autorisations pour la construction d’une paire d’EPR2 à Penly (Seine-Maritime) seront déposées dès le mois de juin. Auparavant, EDF devra répondre aux conclusions et aux recommandations de l’enquête publique de la Commission nationale du débat public qui a publié ses travaux finaux début mai.
Vous pouvez retrouver l’interview de Bernard Doroszczuk dans la revue RGN publiée en janvier 2023 sur l’exploitation à long terme des réacteurs. ■