Les pays pronucléaires de l’OCDE se coordonnent pour répondre au défi du climat - Sfen

Les pays pronucléaires de l’OCDE se coordonnent pour répondre au défi du climat

Publié le 29 septembre 2023 - Mis à jour le 10 octobre 2023

Triplement du parc existant, collaborations sur la recherche, développement de financements bilatéraux… 20 ministres de l’OCDE se sont réunis à Paris, sous l’égide de la Nuclear Energy Agency (NAE) et de la ministre de la transition énergétique française Agnès Pannier-Runacher pour développer ensemble le parc nucléaire mondiale.

Les 28 et 29 septembre ont été marqués sous le signe du nucléaire au siège de l’OCDE à Paris. La Nuclear Energy Agency (NAE) et la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher ont réuni 20 ministres pour travailler à une « Feuille de route pour le nouveau nucléaire ». La ministre française le souligne : « C’est la première fois depuis 13 ans que les ministres de l’Énergie se rencontrent dans un format OCDE pour promouvoir le nucléaire », assure la ministre française.

Étant l’une des seules énergies pilotables non fossiles, « chaque seconde où l’énergie nucléaire fonctionne, ce sont des milliers de tonnes de gaz et e charbon qui ne sont pas brulées », lance la ministre française en ouverture d’une conférence de presse au siège parisien de l’OCDE. Elle ajoute : « nous ne saurons pas limiter le réchauffement à 1,5°C sans le nucléaire. Il faut tripler le parc nucléaire pour atteindra la neutralité carbone ». William D. Magwood, Directeur général de la Nuclear Energy Agency (NAE) appuie : « un triplement du parc nucléaire est nécessaire pour atteindre la neutralité carbone en 2050 ». Il relève aussi la dynamique nucléaire mondiale nouvelle : « il y a trois ans, il aurait été impossible d’etre ici avec autant de ministres ».

Ainsi, au nombre des pays présents pour cette réunion on compte : la Bulgarie, le Canada, la République tchèque, l’Estonie, la Finlande, la France, le Ghana, la Hongrie, le Japon, la Corée du Sud, la Pologne, la Roumanie, les Pays-Bas, la Slovaquie, la Slovénie, la Suède, la Turquie, l’Ukraine, le Royaume-Uni et les États-Unis. L’Italie était également présente au titre d’observateur, sans prendre part au débat. Pour Agnès Pannier-Runacher, cette réunion s’inscrit directement dans la suite de l’Alliance européenne du nucléaire qui réunit une quinzaine de pays engagés dans le déploiement du nucléaire en Europe.

Le rôle clé du financement

Dans un communiqué, les participants soulignent un nombre de sujets sur lesquels ils doivent collaborer pour lever ensemble les principaux obstacles. Le premier mis en avant au cours des discussions est celui du financement. Après avoir encouragé les banques de développement à étudier les opportunités sur le nucléaire civil, on peut lire : « Nous encourageons les institutions financières à classer l’énergie nucléaire, le cas échéant, avec toutes les autres sources d’énergie à émissions nulles ou faibles dans les taxonomies financières internationales ». À ce titre, la Commission européenne change d’orientation. Après avoir longtemps écartée le nucléaire, la Présidente de la Commission Ursula von der Leyen assure que l’Europe se dite prête à envisager des subventions pour le nucléaire[1].

Parmi les autres points à travailler, le communiqué final évoque le besoin d’une régulation commune au sein de l’OCDE pour le transport, le recyclage ou la gestion des déchets. De plus, partager les efforts de R&D serait essentiel pour accélérer le déploiement des SMR, des réacteurs avancés et bien sûr le projet de fusion Iter. Cette réunion des pays nucléaires de l’OCDE veut également collaborer pour développer la supply chain sur le nucléaire et les compétences. Deux enjeux clés alors que, même dans des pays déjà nucléarisés, aucun projet nucléaire n’a été mené depuis des années.

Coordination et rendez-vous en 2024

Les signataires de cette première « Roadmaps to New Nuclear » appellent désormais l’AEN « à se coordonner avec les parties prenantes dans nos pays pour développer et soutenir un réseau de chefs d’entreprise, de responsables gouvernementaux, de chercheurs et d’experts ». L’objectif est de développer « des solutions pour aider les décideurs à maximiser le plein potentiel de l’exploitation des réacteurs existants, de projets de construction de nouveaux réacteurs de puissance et le déploiement des SMR pour la production d’électricité et les applications industrielles ».

D’ores et déjà un point d’avancement est attendu pour une deuxième réunion qui se tiendra dès 2024.  Reconnaissant l’urgence de cet effort, nous demandons à l’AEN de procéder immédiatement et de fournir un rapport d’avancement complet qui sera présenté lors de la deuxième réunion sur les feuilles de route pour le nouveau nucléaire en 2024. ■

Par Ludovic Dupin (Sfen)

Photo :  20 ministres de l’énergie de l’OCDE se sont réunis sur le nucléaire les 28 et 29 septembre – ©OCDE

[1] Propos tenu en dehors du cadre de la rencontre OCDE