Le nucléaire intègre la taxonomie européenne sur les activités vertes

Le Parlement européen ne s’est pas opposé à l’inclusion du nucléaire dans la taxonomie européenne visant à favoriser les investissements dans les technologies vertes. Les députés sont ainsi allés dans le sens des conclusions du rapport sur le nucléaire de l’organe scientifique de la Commission européenne, le JRC.
Ce mercredi 6 juillet, le Parlement devait statuer sur l’intégration ou non du gaz et du nucléaire au sein de la taxonomie européenne. Il s’agit d’un classement des activités vertes, favorables à l’environnement et au climat, visant à faciliter leur financement. Une partie des parlementaires écologistes s’est opposée à cet acte délégué, malgré le travail amont de la Commission pour assoir cette inclusion sur des bases scientifiques.
En effet, l’opposition à cet acte délégué a surtout été motivée par une idéologie antinucléaire. Pourtant, la Commission, à l’origine de la taxonomie, avait demandé à son propre organe scientifique, le Joint Research Center » (JRC), d’évaluer l’impact de l’atome. Ce dernier avait conclu que le nucléaire avait un impact équivalent aux autres énergies bas carbone, c’est-à-dire les énergies renouvelables. Un travail qui n’a pas été pris en compte par les opposants. Pas plus que les rapports successifs du Giec, de l’AIE ou de l’OCDE, qui mettaient le nucléaire au rang des solutions indispensables pour lutter contre le réchauffement climatique.
Maitrise le coût du financement
Le vote d’objection à l’acte délégué nécessitait le soutien d’une majorité des députés européens – soit 353 sur 705 députés – et un vote très serré était attendu. Au final, 278 députés se sont opposés au projet de taxonomie, contre 328 députés qui ont voté en faveur de l’acte délégué. Le nucléaire sera donc bien intégré à la taxonomie européenne et le texte entrera en vigueur à partir de 2023. Cela permettra de maitriser plus facilement le cout du capital des nombreux projets nucléaires en Europe.
« Je salue le vote du Parlement européen en faveur d’un « label vert » qui inclura le #nucléaire dans la taxonomie. Nous avons besoin de toutes les énergies bas carbone pour réussir la transition énergétique », a déclaré Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique.
Je salue le vote du Parlement Européen en faveur d’un « label vert » qui inclura le #nucléaire dans la taxonomie.
Nous avons besoin de toutes les énergies bas carbone pour réussir la transition énergétique.#EUTaxonomy https://t.co/V97w7b6TOU
— Agnès Pannier-Runacher 🇫🇷🇪🇺 (@AgnesRunacher) July 6, 2022
Sama Bilbao y León, directeur général de la World Nuclear Association, juge que « le vote positif du Parlement européen envoie un soutien clair à l’énergie nucléaire et à la communauté financière. Il a écouté la science et reconnu que des investissements durables dans l’énergie nucléaire aideront l’UE à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 ».
De son côté, Yves Desbazeille, directeur général de Nucleareurope (ex-Foratom), a déclaré : « La science indique clairement que le nucléaire est durable et essentiel dans la lutte contre le changement climatique. Il est fantastique de voir qu’une majorité du Parlement européen a décidé d’écouter les experts et de prendre la bonne décision ».
Valérie Faudon, déléguée générale de la Société française d’énergie nucléaire (Sfen) se réjouit : « Une étape essentielle : l’UE aura besoin de nucléaire bas carbone aux côtés des renouvelables, pour atteindre ses objectifs climatiques. Le Parlement européen a suivi sur le nucléaire l’avis des scientifiques du JRC de la Commission ».
Une étape essentielle: l’UE aura besoin de nucléaire bas carbone aux côtés des renouvelables, pour atteindre ses objectifs climatiques. @EUparliament a suivi sur le nucléaire l’avis des scientifiques du JRC (joint research center) de la @EU_Commission https://t.co/SXkPThvMaQ
— Valerie Faudon (@ValerieFaudon) July 6, 2022
Un texte à améliorer
Reste que le texte de l’acte délégué n’est parfait. La Sfen a publié un papier de position contenant plusieurs recommandations comme l’inclusion du cycle du combustible (qui n’est pas explicitement mentionné), de même pour les activités de maintenance du parc existant. Par ailleurs, la Commission visait à s’approprier des responsabilités en matière de sûreté, alors que cela doit dépendre exclusivement des autorités nationales. ■