Fusion nucléaire : Le premier plasma d’Iter désormais prévu pour 2034

Prévues initialement pour 2025, les premières générations de plasma d’Iter ont été repoussées. Selon la nouvelle feuille de route soumise au conseil, il faudra dorénavant attendre au minimum 2034 pour le démarrage des premières opérations de fusion du réacteur.
C’est un nouveau calendrier qui était impatiemment attendu. Lors d’une conférence de presse qui s’est déroulée ce mercredi 3 juillet, Pietro Barabaschi, directeur général d’ITER Organization, a pu présenté le nouveau planning d’Iter, qui a été validé par le conseil lors de sa 34ème réunion, qui s’est déroulée fin juin. Iter est le projet de recherche en fusion nucléaire qui réunit plus de 35 pays en France à Cadarache. Son objectif est de montrer la faisabilité et la durabilité des opérations de fusion magnétique deutérium-tritium grâce à un tokamak, 10 fois plus grand que les plus grands tokamaks existants.
Le précédent planning du projet, datant de 2016, prévoyait un premier plasma pour 2025 (pour atteindre un plasma complet en 2032). Dès 2020, aux regards des difficultés rencontrées, il était évident que ces délais ne pourraient être respectés. En effet, plusieurs événements ont remis en cause l’avancement du projet de recherche. D’une part, la pandémie du Covid-19 a nettement ralenti les activités. D’autre part, des aléas techniques et des défauts dans les pièces réceptionnées ont conduit à des retards importants. Enfin, l’entreprise avoue avoir aussi « planifier de manière trop optimiste certains aspects de la fabrication et de l’assemblage ».
Un planning plus réaliste
En conséquence, la nouvelle feuille de route n’est pas une simple copie de la précédente, elle a été réfléchie en intégrant les retours d’expérience des précédents retards. De nouvelles études seront aussi menées pendant plusieurs années pour la consolider.
- Le nouveau planning prévoit donc d’entamer les premières « opérations de recherche » à horizon 2034, à l’issue de la finalisation de la construction du tokamak. Les premiers plasmas ne seront qu’à base de deutérium exclusivement.
- Par la suite, le fonctionnement du réacteur à son plein potentiel en énergie magnétique n’est prévu que pour 2036.
- In fine, les opérations de fusion deutérium-tritium sont attendues pour 2039.
Un nouvel ajout est aussi à noter : le Tungstène sera utilisé à la place du Béryllium pour les murs faisant face au plasma, en raison de ses propriétés de température de fusion beaucoup plus élevée.
Ces retards auront un coût supplémentaire estimé à environ 5 milliards d’euros, en validation auprès des membres du conseil d’Iter. Ces derniers semblent néanmoins tous en accord avec ce nouveau planning. Selon Pietro Barabaschi, « il y a toujours un soutien très fort de la part de tous les membres sur ce projet ». Cela étant dit, « il nous incombe constamment de relever le défi de réduire les coûts et de rechercher des moyens d’améliorer notre efficience. En conséquence, nous procédons actuellement à une réorganisation du projet en interne dans le but d’optimiser notre efficacité opérationnelle », a-t-il ajouté.
À quelques kilomètres d’Iter, la fusion nucléaire avance tout de même à bon train. Le tokamak WEST du CEA a tout récément enregistré un nouveau record : le maintien du plasma à environ 50 millions de C° pendant 6 minutes. ■
#Fusion🔥| Le tokamak 🇫🇷 West, opéré sur le centre @CEACadarache, vient d’enregistrer un nouveau record dans le domaine de la fusion nucléaire : maintenir un plasma de fusion chaud d’environ 50 millions de C° pendant 6 minutes avec 1,15 gigajoules d’énergie injectée.
👋@PPPLab pic.twitter.com/XH0manIdgv
— CEA (@CEA_Officiel) July 4, 2024