Fukushima : où en sont les travaux de décontamination ?
Un programme très structuré d’assainissement des territoires contaminés (qu’ils aient vu leur population évacuée ou non) a été mis en place et progresse conformément aux objectifs. Les niveaux de contamination sont ainsi fortement diminués, ce qui va permettre, dans les zones évacuées, un retour progressif des habitants. Il reste que dans certaines zones, notamment les forêts, la décontamination est plus difficile à mettre en oeuvre.
A la demande du gouvernement japonais, l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) a envoyé en octobre 2013 une mission d’experts internationaux chargés d’évaluer les actions de décontamination. De leur rapport, publié en janvier 2014, on peut retenir 4 points.
Plusieurs zones de décontamination
La décontamination des zones affectées par l’accident est fondée sur la définition de deux catégories:
- Dans la Zone de Décontamination Spéciale, les populations ont été évacuées. C’est le gouvernement qui développe le programme de nettoyage et choisit les entreprises chargées du travail. Celles-ci peuvent exécuter des tests pour sélectionner les méthodes les plus efficaces.
- Dans la Zone de Surveillance Poussée de la Contamination : les populations n’ont pas été évacuées en raison d’un impact radioactif faible mais des travaux de décontamination sont cependant nécessaires. Ce sont les municipalités qui font effectuer la décontamination, guidées en cela par des instructions (« Guidelines« ) du Ministère de l’Environnement. De novembre 2011 à mars 2013, 62 technologies de décontamination ont été démontrée et évaluées, et 11 autres sont en cours d’évaluation. L’autorité de sûreté (NRA) a démontré que le risque d’exposition interne due à la contamination dans les zones habitées (non évacuées) est très faible. En fait, les doses réellement mesurées par les dosimètres personnels, largement distribués, sont très inférieures (de 2,6 à 7 fois) aux estimations basées sur les mesures au sol et aériennes.
Travaux de décontamination de grande ampleur menés à bien ou entrepris
En octobre 2013, 400 cours d’école ont été correctement décontaminées. La Zone de Décontamination Spéciale couvre 11 communes : un plan de nettoyage a été mis au point pour 10 d’entre elles et largement engagé. Il vient d’être achevé dans de bonnes conditions pour Tamura, la première municipalité où l’ordre d’évacuation devait être levé et le retour des habitants autorisé à compter de début avril 2014. La deuxième zone comprend 100 communes, dont la population n’a pas été évacuée : 94 avaient publié leur plan de nettoyage en mars 2013, en hiérarchisant les zones à décontaminer en priorité. La mise en oeuvre de ce plan est en cours, mais prendra de 2 à 3 ans (jusqu’à 5 ans dans la préfecture de Fukushima). Alors que l’objectif initial était centré sur les niveaux de contamination du sol, indépendamment du temps de résidence d’habitants sur ces sols, l’objectif est maintenant recentré sur la dose effective accumulée par le public (on reste moins longtemps en pleine forêt que dans les champs, par exemple, la décontamination peut donc y être moins poussée, au moins dans un premier temps). Notons enfin que plus de 18 000 hectares de terre agricole ont été décontaminés et remis en production (de riz, essentiellement). Le chiffre devrait dépasser 26 000 en fin 2014.
Un contrôle strict de la nourriture a montré que la quasi-totalité des terrains décontaminés produisent de la nourriture dont la radioactivité est en-dessous des niveaux autorisés. Dans la préfecture de Fukushima, sur toute l’année 2012, seuls 71 sacs de riz sur 10 millions dépassaient la norme.
Un site de stockage pour les résidus
Les terres contaminées collectées sont entreposées provisoirement à proximité des chantiers de décontamination. L’État japonais a décidé en décembre 2013 de prendre en charge, à la place de l’opérateur de la centrale accidentée, la création d’un site de stockage à moyen terme. Il s’agira de stocker, sur une surface de 3 à 5 kilomètres carrés et pour une durée d’environ 30 ans la terre, les feuilles et herbes radioactives récupérées dans la région polluée par les rejets de la centrale.
Plusieurs méthodes de décontamination mises en oeuvre
Les méthodes recommandées sont celles qui réduisent cette exposition interne et que l’on peut mettre en oeuvre à grande échelle, c’est à dire l’élimination de la contamination radioactive de l’environnement humain : raclage du sol et des feuilles mortes, lavage ou essuyage de la surface contaminée d’objets divers, etc. On peut aussi recouvrir les sols contaminés par de la terre saine ou labourer champs et jardins.
Télécharger le dossier complet de la SFEN Fukushima : état des lieux et perspectives en 2014