Élections législatives : Quelle place pour le nucléaire dans les différents programmes ? - Sfen

Élections législatives : Quelle place pour le nucléaire dans les différents programmes ?

Publié le 26 juin 2024

Après la dissolution inattendue de l’Assemblée nationale par le président de la République, conséquence des élections européennes du 9 juin, une campagne électorale intense s’est engagée. Le nucléaire a alimenté beaucoup de discussions même si les programmes sont souvent difficiles à décrypter.

Les citoyens français sont invités à élire leurs nouveaux députés les dimanches 30 juin et 7 juillet. À l’approche de cette échéance, la Société française d’énergie nucléaire (Sfen) revient sur les déclarations et les programmes des principaux partis (présentés par ordre alphabétique).

Ensemble : continuer le plan pour 14 EPR2

La majorité sortante a lancé un programme de construction de 6 EPR2 et des études pour 8 réacteurs supplémentaires. Elle a assuré d’un soutien public pour le renouvellement des installations du cycle dans le pays et veut développer des entreprises spécialisées dans le nucléaire de quatrième génération. À l’occasion de ces élections législatives, l’alliance de la majorité présidentielle vise à poursuivre ce programme en construisant 14 nouveaux réacteurs nucléaires. Plus globalement, elle veut favoriser une transition vers une économie à faible empreinte carbone, accélérant ainsi les engagements pris lors de l’élection législative de 2022 et s’inscrivant dans la continuité de la stratégie française pour l’énergie et le climat (Sfec).

Nouveau Front populaire : aucune décision immédiate

Il n’y a pas de mention de l’énergie nucléaire dans le programme, si ce n’est pour revenir sur la réforme de la sûreté à travers le rapprochement de l’Autorité de sûreté de sûreté nucléaire (ASN) et l’Institut de recherche sur la sûreté nucléaire (IRSN). Néanmoins, dans leurs prises de parole médiatiques, les différentes composantes de gauche expriment des divergences significatives concernant la construction des prochains EPR2 et le devenir du parc actuel. Pour certains candidats LFI et EELV, leur sort serait renvoyé à l’après 2027, via une sorte de moratoire. Cette affirmation a été tempérée par Boris Vallaud, cadre du Parti socialiste, qui a déclaré aux chefs d’entreprises, lors d’une rencontre au Medef, être plutôt en faveur de la continuité du programme. L’ensemble des composantes du mouvement est toutefois favorable à un débat parlementaire sur une loi de programmation énergétique, qui constituerait sans doute un moment de clarification.

Rassemblement national (RN) : 10 EPR et 10 EPR2

Le leader du RN, Jordan Bardella, a réitéré son engagement envers un « tarif français » de l’électricité, proposant une réduction de la TVA sur les énergies et un accroissement du parc nucléaire français. Le « Plan Marie Curie », qui date de 2022, vise à relancer le nucléaire en envisageant la construction de cinq paires de réacteurs EPR mais prévoyait un lancement de la construction dès 2022 pour une livraison entre 2031 et 2035. Parallèlement, le Rassemblement national souhaite confirmer le programme EPR2 et livrer cinq paires de réacteurs entre 2036 et 2040, tout en réduisant la TVA sur les énergies à 5,5%. Le parti de Marine Le Pen souhaite financer cela sur fonds souverain.

Les Républicains : un soutien au nouveau nucléaire

Les Républicains se concentrent sur la réindustrialisation du pays pour stimuler la prospérité et le pouvoir d’achat. Parmi les propositions entendues, le parti gaulliste propose de réduire la Taxe intérieure sur la Consommation finale d’Électricité (TICFE) et le Tarif d’Utilisation des réseaux publics d’électricité (TURPE), afin d’alléger de 10 milliards d’euros les dépenses énergétiques des Français. Historiquement favorables au nucléaire depuis leur création, ils renouvellent leur soutien au programme de construction. ■

Par Thomas Jaquemet (Sfen)

Image : @ ARTUR WIDAKNurPhotoNurPhoto via AFP