Dukovany : la Commission européenne appelle le gouvernement tchèque à suspendre la signature

Alors que le contrat pour la construction des deux réacteurs nucléaires attribué à Korea Hydro & Nuclear Power (KHNP) en République tchèque avait été suspendu par le tribunal régional de Brno le 6 mai 2025, la Commission européenne rejoint la partie et monte au créneau. Bruxelles pressent de potentielles aides publiques reçues par KHNP, au détriment du respect des règles liées à la concurrence.
L’épopée autour de l’appel d’offres pour la centrale tchèque de Dukovany n’est pas près d’être terminée. Alors qu’EDF avait obtenu un gel du contrat pourtant remporté en juillet 2024 par le coréen KHNP (Korea Hydro & Nuclear Power), c’est cette fois-ci la Commission européenne qui s’interpose, en mettant en avant le non-respect du Règlement européen sur les subventions étrangères, qui vise à préserver l’équité lors des appels d’offres publics. La Commission soupçonne en effet KHNP d’avoir pu bénéficier de soutiens publics sud-coréens susceptibles de fausser la concurrence, au détriment, notamment, du groupe EDF. Par conséquent, le commissaire à l’Industrie Stéphane Séjourné a demandé la suspension immédiate de la signature du contrat attribué à la société coréenne.
Des tensions judiciaire et diplomatique
La contestation d’EDF devant les tribunaux tchèques avait conduit le 6 mai à la suspension in extremis de la signature du contrat, le temps que la justice statue sur la légalité de la procédure d’attribution. Du côté de l’énergéticien tchèque CEZ, la réaction ne s’est pas faite attendre, suite à la manœuvre de la Commission : « Le contenu de la lettre [de la Commission] doit être rejeté par la République tchèque », a déclaré son dirigeant Daniel Benes. « Les Français feront tout pour empêcher la construction d’une telle centrale », a-t-il accusé.
La Commission européenne souligne pour sa part qu’elle n’agit pas dans l’intérêt particulier d’une entreprise mais comme garante des règles du marché unique. Son porte-parole, Thomas Regnier, précise que « CEZ n’avait pas répondu aux demandes d’information » de la Commission, condition pourtant obligatoire dans la législation communautaire, selon l’AFP. ■