Corrosion sous contrainte à Civaux : un événement isolé sous contrôle - Sfen

Corrosion sous contrainte à Civaux : un événement isolé sous contrôle

Publié le 19 juin 2025 - Mis à jour le 24 juin 2025
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Le réacteur n°2 de la centrale nucléaire de Civaux (Vienne) fait actuellement l’objet d’analyses approfondies après la détection de deux indications sur des soudures de tuyauteries du circuit de refroidissement du réacteur à l’arrêt. Si ces défauts — l’un de corrosion sous contrainte (CSC), l’autre de fatigue thermique — ravivent le souvenir de la crise industrielle de 2022, EDF se veut rassurant.

Dans le cadre de son programme de surveillance mis en œuvre depuis 2022, EDF a détecté deux anomalies lors des contrôles programmés sur le réacteur n°2 de Civaux : de la corrosion sous contrainte sur une première soudure, et un phénomène de fatigue thermique sur une seconde. Ces expertises ont été menées sur des soudures du circuit de refroidissement à l’arrêt (RRA), système participant au refroidissement du cœur après l’arrêt du réacteur.

SI la Fatigue thermique est un phénomène bien connu et pris en charge , le cas des CSC a pris de l’ampleur en France en 2022 avec la découverte de plusieurs cas sur le parc. « Le phénomène, on le connaît aujourd’hui, on le prévient, on le détecte tôt, mais il peut revenir », a expliqué Régis Clément, directeur adjoint de la Division production nucléaire d’EDF, lors d’un point presse le 17 juin. « Mais il peut revenir » ajoute-t-il. En effet, le cas de Civaux concerne une soudure qui avait été remplacée préventivement, il y a trois ans. L’origine de cette récidive reste en cours d’investigation.

L’un des deux coudes a été remplacé, et l’autre est en passe de l’être. Il faudra encore quelques semaine spour comprendre pourquoi le coude remplacer à de nouveau présenter des signes de CSC, indique l’entreprise. Notons que la CSC identifiée est de faible dimension : une fissure de l’ordre de 1 à 2 mm de profondeur dans une tuyauterie de plusieurs centimètres d’épaisseur.

Son impact opérationnel est mineur : le redémarrage de Civaux 2, initialement prévu à la mi-juillet, est désormais envisagé pour le 30 juillet, avec un décalage d’environ deux semaines. « Concernant plus largement le parc nucléaire, là aussi, il n’y a aucun impact à date projeté sur la disponibilité du parc et la production, que ce soit sur l’année 2025 ou sur les années ultérieures », assure Régis Clément.

Un programme de contrôle étendu et maîtrisé

Depuis 2023, EDF applique un programme de contrôle exhaustif sur les circuits les plus sensibles, en lien avec la stratégie validée par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASNR). Ce programme, mené lors des arrêts programmés de réacteurs, complète la surveillance déjà en place sur la fatigue thermique. Il repose sur une industrialisation des méthodes de contrôle non destructif (CND) et de réparation, permettant d’intervenir dans les délais des arrêts planifiés.

« La situation du réacteur n°2 de Civaux démontre la pertinence des examens mis en œuvre. Les outils de contrôle et les méthodes de réparation développés par EDF depuis 2022 sont désormais maîtrisés et industrialisés », indique EDF dans un communiqué.

Parmi les 350 vérifications prévues en 2025 sur cinq réacteurs parmi les 16 les plus sensibles au phénomène, plus de 200 ont déjà été réalisées sans découverte d’autre CSC. En 2026, trois autres réacteurs feront l’objet de contrôles approfondis. ■

Par Ludovic Dupin (Sfen)
Image : Centrale nucléaire de Civaux dans l’Yonne – @EDF