Capacité, emplois, construction… Retour sur la conférence de la World Nuclear Association - Sfen

Capacité, emplois, construction… Retour sur la conférence de la World Nuclear Association

Publié le 11 septembre 2023 - Mis à jour le 12 septembre 2023
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Au World Nuclear Symposium, des acteurs du nucléaire du monde entier ont échangé sur les défis à relever que ce soit en termes d’emploi, de déploiement industriel ou de décarbonation. Présentation des principaux échos rapportés par World Nuclear News (WNN).

Organisé à Londres du 6 au 8 septembre 2023, le World Nuclear Symposium a rassemblé de nombreux industriels lors des tables rondes. Malgré la diversité des profils, les acteurs partagent les défis associés au lancement de nouvelles constructions nucléaires et à la décarbonation de nouveaux secteurs.

Le nucléaire a le vent en poupe

Pour la directrice générale de WNA, Sama Bilbao y León, les entreprises du nucléaires ont « la reconnaissance des décideurs politiques, l’attention de la communauté financière ». « Maintenant nous sommes prêts à agir ensemble, à tenir nos promesses  […] et à tirer le meilleur parti de l’énorme opportunité qui s’offre à nous », a-t-elle déclaré. Thomas Branche, vice-président d’Assystem, a lui aussi témoigné de ce regain d’intérêt. Selon lui, il est nécessaire d’être aujourd’hui tourné vers la construction contrairement aux cinq dernières années où les décideurs avaient besoin de plus de visibilité.

Vers un triplement de la capacité nucléaire ?

Toutes les énergies doivent être mobilisées pour atteindre la neutralité carbone le plus tôt possible. Le nucléaire a aussi son rôle à jouer. Pour le lancement au symposium de la Net Zero Nuclear Campaign, le WNN a affiché un objectif de triplement de la capacité installée d’ici à 2050 [1]. L’initiative doit « faciliter et concrétiser la décarbonation des systèmes énergétiques en mettant en lumière la valeur du nucléaire et en abaissant les barrières ». L’annonce a été faite par des représentants de l’exploitant émirati ENEC, la directrice générale de la World Nuclear Association (WNA), le ministre britannique du Nucléaire et des Réseaux et Grace Sanke, Miss America 2023 et future ingénieure nucléaire. Les détails de cette initiative restent à définir.

Le nucléaire va devoir recruter au niveau mondial

La réalisation des projets nucléaires, qui se multiplient à l’international, requiert une force de travail importante. Tamer Al-Bishawi, chief nuclear officer du chantier d’Hinkley Point C au Royaume-Uni a déclaré qu’ « il y avait un grand fossé à combler » du côté britannique. Un rapport gouvernemental souligne que même sans nouveau programme de constructions, le pays devra recruter 50 000 emplois équivalent temps plein d’ici à 2040 et 180 000 à l’horizon 2050 dans un scénario à 19 GW de nucléaire, alors que le gouvernement en vise 24 !

Shaima Al-Mansoori, directrice Enseignement et Formation de l’autorité de sûreté émiratie (FANR), a souligné que la similarité des enjeux appelait à étendre le recrutement à l’échelle mondiale que ce soit pour de jeunes diplômés de l’université, les métiers spécialisés dans le nucléaire ou des compétences en lien avec les technologies de réacteurs modulaires et avancés (SMR/AMR). Pour Callum Thomas, PDG du cabinet de recrutement Thomas Thor Associates, il est nécessaire de regarder différents publics et de s’adapter. Il souligne que les jeunes sont motivés par le but de l’entreprise et notamment par les sujets climatiques et de sécurité d’approvisionnement.

Un constat que Grace Sanke, Miss America 2023 et étudiante dans un cursus nucléaire de l’Université du Wisconsin partage : « l’une des choses les plus importantes à mes yeux est de savoir ce que fait concrètement l’entreprise. Quel est son objectif final ? Comment rend-elle le monde meilleur ? ». Les personnes en milieu de carrière demandent souvent « plus de flexibilité horaire et géographique » alors que les séniors, qui auraient pu partir à la retraite, sont « souvent attentifs à la possibilité de travailler à mi-temps tout en étant motivé par l’idée de contribuer significativement aux projets », explique Callum Thomas.

La France, qui bénéficie d’une industrie nucléaire importante en termes d’emplois (200 000), va aussi devoir recruter, sur l’ensemble de la filière, 100 000 emplois équivalents temps plein (ETP), selon l’enquête Match réalisée par le Gifen.

Le nucléaire est aussi une solution pour les acteurs privés

L’un des thèmes abordés est la décarbonation des acteurs privés (transports, informatique, industrie lourde…) via le nucléaire, en particulier grâce aux petits et micro réacteurs nucléaires. Todd Noe, directeur de la stratégie des technologies nucléaires chez Microsoft a souligné l’intérêt du géant américain pour ce type d’unités. « Nous sommes profondément intéressés par les petits réacteurs modulaires (SMR) et les microréacteurs […] L’année dernière, nous avons eu de nombreuses discussions avec divers fabricants, développeurs et compagnies d’électricité sur la manière d’accélérer le processus. D’ici 2032, nous espérons avoir un ou deux SMR », a-t-il fait savoir.

Le PDG de Core Power a, quant à lui, souligné la nécessité de proposer des solutions nucléaires au transport maritime. L’entreprise développe un réacteur à sels fondus pour des applications maritimes, que ce soit le transport de marchandises, des opérations de dessalements ou la production d’électricité sur une barge. Ces usages sont généralement associés à des petits réacteurs (SMR/AMR) à implanter dès 2030 pour les design les plus avancés.■

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