Pourquoi distribue-t-on des pastilles d’iode autour des centrales nucléaires ?
Autour des installations nucléaires, la protection des populations repose sur un dispositif précis : le plan particulier d’intervention (PPI). Parmi ses volets, la distribution gratuite de comprimés d’iode stable vise à protéger la thyroïde en cas de rejet d’iode radioactif dans l’environnement.
Les zones à proximité immédiate des installations nucléaires bénéficient d’un plan particulier d’intervention (PPI). Il décrit l’organisation des secours pour chaque site nucléarisé en cas d’accident majeur. Une campagne de distribution préventive et gratuite de comprimés d’iode fait partie de ce plan. Ce sont de petites pastilles qui permettent d’éviter la concentration d’iode radioactif sur la thyroïde en cas d’exposition. Tous les cinq ans environ, les populations dans un périmètre de 10 kilomètres autour des centrales nucléaires et de certains centres de recherche (Cadarache et Grenoble) sont ainsi invitées à récupérer ce médicament en pharmacie. Depuis 2020, une campagne additionnelle a élargi le périmètre à 20 kilomètres autour des centres nucléaires de production d’électricité (CNPE) d’EDF.
L’iode stable pour combattre l’iode radioactif
L’iode radioactif est un produit de fission issu de l’exploitation de l’uranium et du plutonium dans un réacteur. C’est l’isotope 131 de cet élément qui présente le plus de risque pour la santé. Il a une demi-vie de 8 jours. On le retrouve principalement dans le combustible et dans le circuit primaire. Ce sujet ne concerne en temps normal que les personnels exploitants et de maintenance des CNPE. Il implique de facto des mesures de radioprotection qui leur sont propres.
Dans le cas d’un accident nucléaire, ces éléments peuvent être dispersés dans l’environnement. Ils constituent ainsi un risque de contamination (par inhalation) en se fixant sur la glande thyroïde, ce qui peut à terme accroître le risque de cancer. Les personnes jeunes et les femmes enceintes sont les plus vulnérables. L’ingestion d’une pastille d’iode stable permet de réduire l’impact de l’iode 131, dans le cas d’une inhalation de cet élément. Elle est composée d’iodure de potassium : un oligoélément que l’on retrouve naturellement dans certains aliments et qui participe au fonctionnement de cette glande. L’iode stable va saturer la thyroïde et ainsi empêcher l’iode radioactif de s’y déposer.
La prise du médicament ne doit être faite, en revanche, qu’en situation accidentelle. En effet, il est inutile, voire même dangereux de prendre ces pastilles de façon préventive. En outre, la décision ne doit jamais être prise soi-même, mais suite à la demande immédiate du préfet. L’efficacité sera garantie « si le comprimé d’iode est ingéré dans les quelques heures avant le passage des particules et gaz radioactifs et au plus tard dans les 8 heures après », précise l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR).■