Uranium : Orano investit en Mongolie pour diversifier sa production - Sfen

Uranium : Orano investit en Mongolie pour diversifier sa production

Publié le 20 février 2025

Le groupe français Orano a conclu un accord d’investissement de 1,6 milliard de dollars pour le développement et l’exploitation d’un important dépôt d’uranium dans le désert de Gobi. Ce projet lui ouvre une nouvelle source d’approvisionnement.

Présent en Mongolie depuis 27 ans, Orano va y relancer la production d’uranium à la faveur d’un accord d’investissement conclu le 17 janvier. L’exploitation du dépôt de Zuuvch-Ovoo placera, à terme, le pays parmi les dix premiers producteurs mondiaux ; et offrira une diversification bienvenue au portefeuille d’actifs du groupe minier français, concentré sur le Canada et le Kazakhstan depuis le début du bras de fer politique entamé avec le gouvernement nigérien.

Le projet de mine de Zuuvch-Ovoo se situe dans la province de Dornogovi, une zone du désert de Gobi peu peuplée frontalière avec la Chine. Orano a conduit des travaux d’exploration qui ont amené à la découverte des dépôts de Dulaan Uul et Zuuvch-Ovoo dans les années 2000. Ils contiendraient environ 90 000 tonnes d’uranium.

500 millions de dollars seront investis sur 4 ans

L’accord d’investissement prévoit la création d’un joint-venture (Barakh Energy) entre Orano et l’entreprise publique mongole MonAtom. 500 millions de dollars seront investis sur 4 ans pour les travaux de développement, jusqu’à une première production attendue en 2029. La mine aura une durée d’opération de 30 ans et devrait générer annuellement 2500 tonnes d’uranium. Le projet représente un investissement total de 1,6 milliard de dollars pour Orano, tandis que le premier ministre mongol estime les retombées économiques totales à 5 milliards de dollars pour son pays, selon les déclarations rapportées par l’AFP.

Le volume de cette production d’uranium mongol représente plus d’un quart de la production annuelle actuelle d’Orano. Si elle ne sera pas disponible dans l’immédiat, elle dépasse aussi les quantités totales extraites par le groupe français au Niger, où les perspectives d’une reprise de son activité se sont éloignées face à l’aggravation du conflit entre l’entreprise et le gouvernement.

Point sur le Niger

Début décembre, Orano a déclaré la « perte du contrôle opérationnel » sur son site de Somaïr. La production se poursuit malgré sa décision de l’arrêter face à l’impossibilité d’exporter le minerai extrait et de se procurer des fournitures essentielles en raison de la fermeture de la frontière avec le Bénin. La société a également lancé une procédure d’arbitrage internationale contre le gouvernement nigérien pour contester la révocation de sa licence d’exploitation pour le dépôt d’Imouraren, intervenue en juin.

Accusant déjà une perte nette de plus de 100 millions d’euros sur le premier semestre 2024 à cause de ces déconvenues, Orano compte sur la Mongolie pour diversifier à moyen terme son approvisionnement et atténuer l’impact de son retrait forcé du Niger. ■

Par Paul Kielwasser (Journaliste freelance)

Image : Signature de laccord dOrano en mongolie avec Laurent Saint-Martin, ministre délégué au Commerce extérieur et Uchral Nyam-Osor, secrétaire d’État – ©BYAMBASUREN BYAMBA-OCHIRAFP