Suède : l’énergéticien Vattenfall présélectionne deux SMR
Après avoir étudié six options de réacteur, le suédois Vattenfall a annoncé les deux finalistes de son étude de préfaisabilité : l’américain Ge-Hitachi et le Britannique Rolls-Royce. En parallèle, l’énergéticien public a déclaré continuer à envisager la construction de réacteurs de forte puissance.
Le Parlement suédois a voté, le 29 novembre 2023, un projet de loi pour relancer le nucléaire civil que ce soit avec des réacteurs de puissance ou avec des petits réacteurs modulaires (SMR). Ce vote a ainsi fait sauter le plafond qui limitait le nombre de réacteurs en exploitation à 10 et débloque la possibilité d’ouvrir de nouveaux sites nucléaires. Le gouvernement suédois vise la mise en service d’une capacité nucléaire équivalente à celles de deux réacteurs de forte puissance (au moins 2 500 MW) d’ici à 2035 et de dix réacteurs d’ici à 2045 alors que le pays prévoit un doublement de la consommation électrique nationale d’ici là.
C’est dans ce contexte qu’en juin 2022, l’énergéticien Vattenfall, détenu à 100 % par l’État, a lancé des études de préfaisabilité pour deux petits réacteurs modulaires sur le site de sa centrale nucléaire de Ringhals. À noter que le pays dispose également d’une centrale de trois réacteurs à Forsmark et d’une troisième n’accueillant qu’une seule unité à Oskarshamn.
Deux projets de petits réacteurs modulaires à l’étude
En juin 2022, Vattenfall a lancé des études de préfaisabilité axées autour de six projets de réacteur. Elles visent à « évaluer les conditions (commerciales, légales et techniques, ndr) permettant de prendre la décision de construire au moins deux réacteurs SMR » à côté de la centrale nucléaire de Ringhals. « Si les conditions étaient réunies, l’objectif est que les futures unités entrent en opérations commerciales au début des années 2030 », précise Vattenfall[1]. Six projets de réacteurs ont ainsi fait l’objet d’un œil attentif de l’énergéticien qui a déclaré le 12 juin 2024 en retenir deux pour une évaluation plus détaillée : l’américain Ge-Hitachi et son BWRX-300 ainsi que le Rolls-Royce SMR de l’industriel britannique.
« Les prochaines étapes consisteront à analyser en détail les propositions faites par les deux fournisseurs de SMR présélectionnés, puis à élaborer conjointement un calendrier pour la potentielle construction de petits réacteurs modulaires ».
Du côté du SMR français Nuward, qui faisait partie des six projets, celui-ci fait l’objet d’une pré-évaluation auprès de six autorités de sûreté depuis juin 2022 par l’ASN (France), SUJB (Tchéquie) et STUK (Finlande), rejoint fin 2023, par les autorités de sûreté suédoise (SSM), polonaise (PAA) et néerlandaise (ANVS). Pour son développement, EDF a signé des accords de coopération avec l’autre grand énergéticien de la région, Fortum, pour explorer les opportunités de construction de SMR à la fois en Suède et en Finlande. Ces accords concernent le nucléaire de forte puissance, l’EPR.
La forte puissance est aussi à l’étude
Au-delà de cette annonce, Vattenfall déclare de son côté continuer à envisager le déploiement de réacteurs de forte puissance avec trois acteurs : l’américain Westinghouse, EDF, et le coréen KHNP.
« Nous n’avons pas encore fait de choix technologique. Indépendamment de notre choix futur pour la petite ou la forte puissance, une décision d’investissement nécessitera un modèle de partage des risques raisonnable avec l’État, a déclaré Desirée Comstedt, directrice du nouveau nucléaire de Vattenfall. Cela est nécessaire afin de réduire les coûts financiers et de proposer un coût de l’électricité raisonnable pour le consommateur », a-t-elle déclaré. ■
Gaïc Le Gros (Sfen)
Crédit photo ©Vattenfall
[1] https://group.vattenfall.com/what-we-do/our-energy-sources/nuclear-power/smr-at-ringhals