« Smog apocalypse » en Chine
Selon une étude publiée par l’Université agricole chinoise, le niveau élevé de pollution qui sévit actuellement dans la région de Pékin ralentirait la photosynthèse des végétaux et menacerait à terme la production agricole. Ce fait exceptionnel invite même la responsable de l’étude, la professeure He Dongxian, à comparer cette situation à celle d’un « hiver nucléaire ». Ce phénomène climatique hypothétique, de baisse globale des températures de surface, a été modélisé dans les années 80 pour projeter les conséquences d’une guerre nucléaire sur l’environnement.
Vers un hiver nucléaire chinois ?
L’Université agricole chinoise a étudié la croissance des tomates et des piments d’abord sous lumière artificielle, puis dans une serre de la banlieue de Pékin, lieu où la pollution est extrêmement élevée. Du premier test, il ressort que les végétaux ont germé en 20 jours, alors que pour ceux cultivés dans la serre située proche de Pékin, plus de deux mois ont été nécessaires. En cause, la présence de particules fines dans l’atmosphère qui en créant un épais brouillard, freine les rayons du soleil. A Pékin, ce brouillard a atteint début mars des niveaux extrêmes (505 microgrammes par mètre cube (µg/m3)) excédant largement les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (20 µg/m3). Ces fines particules ont un impact non négligeable sur la santé des populations, puisque l’OMS estime que, chaque année dans le monde, plus de 2 millions de personnes meurent du fait de leur inhalation. La pollution impacte également la vie quotidienne des Chinois. A Pékin, où circulent quotidiennement plus de 5 millions de véhicules, le brouillard a fortement affecté les transports routiers et a causé aussi des annulations de vols dans les aéroports.
A l’origine de cette pollution, l’utilisation massive d’énergies carbonées
Si par certains aspects, la pollution chinoise se rapproche de ce que pourrait être un hiver nucléaire, il reste une différence de nature. En Chine la pollution ne résulte pas des retombées d’une guerre nucléaire mais de l’utilisation toujours plus importante des énergies fossiles dans le mix énergétique. Le charbon, dont les dégâts sanitaires et environnementaux sont connus, reste l’énergie la plus utilisée et représente 80% du mix électrique du pays. Ainsi, sur les quelque 7,7 milliards de tonnes de charbon qui ont été consumées dans le monde en 2012, plus de 47% l’ont été en Chine. Le pays est devenu en l’espace de quelques années le premier émetteur mondial de gaz à effet de serre. En 2009, la Chine s’est engagée à baisser son intensité carbone d’environ 40% d’ici à 2020 par rapport à 2005. Pour atteindre cet objectif, le pays a entrepris le développement d’un vaste programme nucléaire. Actuellement, 28 centrales nucléaires sont en cours de construction et autant de projets sont en cours de finalisation. L’ensemble de ces futures installations viendront s’additionner aux 20 déjà en exploitation et permettront d’alimenter la Chine en électricité décarbonée.