[Série EPR Flamanville] Divergence : le cœur de l’EPR de Flamanville bat enfin - Sfen

[Série EPR Flamanville] Divergence : le cœur de l’EPR de Flamanville bat enfin

Publié le 3 septembre 2024 - Mis à jour le 4 septembre 2024

L’EPR a officiellement divergé. C’est-à-dire que la première réaction en chaine est engagée dans le cœur du réacteur. Quatre mois après avoir été chargé en combustible, EDF va pouvoir réaliser la montée en puissance du plus puissant réacteur du parc français. Le réacteur sera connecté au réseau d’ici la fin de l’automne.

À 15h54, le mardi 3 septembre, toute la filière nucléaire française a poussé un ouf de soulagement. Après un chantier difficile, l’EPR de Flamanville a officiellement divergé. C’est-à-dire que son cœur nucléaire bat désormais au rythme de la fission des atomes d’uranium et d’un flux de neutrons. Cette étape a été rendue possible après l’autorisation reçue de l’ASN la veille (le 2 septembre), opération à laquelle les équipes d’EDF se sont attelées dès 21h. C’est la première fois qu’un réacteur démarre en France depuis 25 ans.

« Avec la divergence, c’est-à-dire l’allumage du réacteur, nous franchissons l’étape la plus importante du démarrage de Flamanville 3. Toutes les équipes d’EDF sont concentrées pour mener le démarrage en toute sûreté en étroite coopération avec l’autorité de sûreté », lance sobrement le PDG d’EDF Luc Rémont. Dans un communiqué, EDF précise que « Flamanville 3 entre dans la phase « réacteur en production » ».

Vers les 25 % et le raccordement au réseau

Dans une vidéo pédagogique sur YouTube, EDF décrit en terme simple le mécanisme de la divergence. Alors que le combustible a été chargé dans le réacteur en mai dernier, ce dernier a été maintenu endormi en absorbant les neutrons, grâce à une forte teneur en bore dans l’eau du circuit primaire et l’abaissement des grappes de commande. En réduisant la teneur en bore et en remontant les grappes, le flux de neutrons a augmenté jusqu’à atteindre une réaction en chaine « stable et continue ». Dans ces premiers instants, on est sur une puissance infime du réacteur. Régis Clément, directeur adjoint de la division production et nucléaire, parle de « de 0,1 ou 2 % de la puissance nominale du réacteur ».

À partir de cet instant, et tout au long de sa montée en puissance, le réacteur va être scruté sous toutes les coutures par EDF et les équipes de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Dans un communiqué, elle écrit : « L’ASN assurera le contrôle des étapes ultérieures du démarrage du réacteur, jusqu’à l’atteinte de sa puissance nominale. En particulier, EDF devra solliciter l’accord de l’ASN pour franchir certaines étapes de montée en puissance du réacteur ».

Le réacteur va atteindre plusieurs paliers de puissance qui nécessiteront à chaque fois l’aval de l’ASN pour être dépassés. La première étape sera l’atteinte des 25 % de puissance, moment auquel le réacteur sera relié au réseau électrique national. Ce moment est attendu d’ici « la fin de l’automne » assure EDF. Un programme conséquent de tests sera alors réalisé sur la partie nucléaire et conventionnelle. Le second palier sera à 80 %, avant d’atteindre la pleine puissance du réacteur.

Hausse de la production nucléaire

Si dès la fin de l’année, le réacteur EPR participera à la production globale du parc national, EDF se réjouit en parallèle de la très bonne tenue du parc existant. L’entreprise annonce en effet une révision à la hausse de son estimation de production pour l’année 2024. Elle est désormais attendue entre 340 et 360 TWh, contre une 315 à 345 TWh prévu initialement (sans compter l’EPR). En cause, les bonnes performances des arrêts de tranches ainsi que du contrôle et de la réparation du phénomène de corrosion sous contrainte. ■

Par Ludovic Dupin (Sfen)
Image : EPR de Flamanville – ©EDF