Rapport du Haut conseil pour le climat : une baisse insuffisante de l’empreinte française
Fin juin, le Haut conseil pour le climat (HCC) a remis son rapport au Premier ministre sur les objectifs climatiques du pays. Le résultat est sans appel : malgré les progrès, la France doit faire mieux. Le nucléaire est pour sa part cité comme une solution à long terme.
Le 29 juin dernier, le Haut conseil pour le climat (HCC) a publié son rapport intitulé : “dépasser les constats, mettre en œuvre les solutions”. Créé par Emmanuel Macron en novembre 2018, cet organisme indépendant est chargé d’évaluer la stratégie du gouvernement en matière de climat. Le rapport 2022 du HCC dresse une analyse des impacts du changement climatique en France, des budgets carbone, du suivi de la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) et des politiques associées.
Un choix de gouvernance salué
Assez rare pour le souligner, le HCC salue le choix du gouvernement d’attribuer la planification écologique au Premier ministre. Par le passé, le ministère de la Transition écologique pouvait perdre ses arbitrages face aux autres ministères. Donner la gouvernance climatique au Premier ministre permettra, en théorie, de passer d’une politique d’arbitrages des objectifs climatiques à une politique de déclinaison des objectifs par ministère.
L’empreinte carbone française en baisse
Pour la première fois en 2021, le rapport précise que les émissions de tous les grands secteurs sont en baisse (par rapport à 2019, hors rebond Covid). Sur la dernière décennie 2010-2019, les émissions ont diminué de 1,9 % par an en moyenne, conduisant à une baisse de 23,1 % en 2021 par rapport à 1990.
Selon Corinne Le Quéré, la présidente du Haut conseil pour le climat, « il faudrait que la baisse d’émissions soit plus que doublée sur la période qui nous reste jusqu’à 2030 pour atteindre 4,7 % de réduction d’émissions par année ». L’enjeu ici est donc de passer d’une économie de huit millions de tonnes équivalent CO2 par an à 16 millions. La Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC), qui prévoit baisse de 12 Mt éqCO2 par an (-3,2 % par an en moyenne), devra donc être révisée.
Le @hc_climat m’a remis aujourd’hui son rapport annuel.
Nous avons doublé le rythme de la baisse des émissions de gaz à effet de serre. Nous devons accélérer.
Réduction de notre consommation d’énergie, accélération des renouvelables, formation : le Gouvernement est à l’action. pic.twitter.com/j0RCktwh5j
— Élisabeth BORNE (@Elisabeth_Borne) June 29, 2022
Énergie, le budget carbone respecté
Selon le HCC, l’énergie est le seul secteur dont « les émissions réalisées sont significativement inférieures aux budgets carbones sectoriels alloués par la SNBC ». En effet, les émissions sont en hausse de 7 %, comparées à 2020, mais restent en dessous du niveau de 2019. La baisse des émissions en 2021 par rapport à 2019 se concentre, en partie, dans la baisse des émissions du raffinage de pétrole lié à la diminution du nombre de trajets.
L’institution souligne que les effets de sobriété, d’efficacité énergétique et d’installation de capacité ENR sont, pour le moment, insuffisants pour atteindre les objectifs à horizon 2030.
Le nucléaire comme instrument de décarbonation
Sur le plus long terme, le rapport rappelle que le nucléaire au même titre que l’hydrogène a un rôle à jouer et bénéficie de financements (France 2030) et d’une planification en cours d’élaboration (Stratégie française pour l’énergie et le climat). Néanmoins, le Haut conseil pour le climat précise que l’hydrogène ne sera pas une « solution déterminante d’ici 2030 ». Il en va de même pour les nouvelles installations nucléaires dont « la mise en service de nouveaux réacteurs nucléaires ne pourra pas se faire quant à elle avant 2035 ».
Concernant le parc nucléaire actuel, le rapport se contente d’alerter sur la réduction du taux de disponibilité. La Sfen regrette que le Haut conseil pour le climat n’ait pas d’avantage souligné le rôle du parc nucléaire actuel dans la diminution de l’empreinte carbone française. Une récente étude respectant les normes « analyse cycle de vie » donne le nucléaire français à 4g éqCO2/kWh. De plus, selon l’Agence Internationale de l’Énergie (Projected Costs of Generating Electricity), la prolongation du parc nucléaire est la solution la plus rentable à court terme pour produire massivement une électricité bas carbone. ■