Rapport de l’AIE : le « come back » du nucléaire

Dans un rapport spécial, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) affirme que le nucléaire est prêt à faire un « retour en force » et que sa capacité devrait doubler entre 2020 et 2050, et cela participera à l’atteinte des enjeux de neutralité carbone dans le monde à cet horizon. Il faudra toutefois un fort soutien des gouvernements et une performance industrielle accrue.
« L’énergie nucléaire est prête à faire son retour ». C’est dans ces termes que Fatih Birol a présenté le nouveau rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dédié à l’atome. Intitulé « Nuclear Power and Secure Energy Transitions », ce travail rappelle que le nucléaire est la deuxième source d’énergie à faibles émissions après l’hydroélectricité. 32 pays disposent de centrales nucléaires, mais 63 % d’entre elles ont plus de 30 ans.
Nuclear power has a unique opportunity to stage a comeback amid the global energy crisis, soaring fossil fuel prices, energy security challenges & increased climate ambitions
But whether this happens will depend on governments & industry
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— Fatih Birol (@fbirol) June 30, 2022
« Dans le contexte actuel de crise énergétique mondiale, de flambée des prix des combustibles fossiles, de défis en matière de sécurité énergétique et d’engagements ambitieux en faveur du climat, je pense que l’énergie nucléaire a une occasion unique de faire un retour en force. Toutefois, une nouvelle ère pour l’énergie nucléaire est loin d’être garantie. Elle dépendra de la mise en place par les gouvernements de politiques solides visant à garantir une exploitation sûre et durable des centrales nucléaires dans les années à venir – et à mobiliser les investissements nécessaires, notamment dans les nouvelles technologies », explique le directeur général de l’AIE Fatih Birol.
Une transition plus chère sans nucléaire
Concrètement, l’AIE prévoit le doublement de la capacité nucléaire mondiale d’ici le milieu du siècle, dans un système dominé par les énergies renouvelables. Elle passera de 405 GW installés aujourd’hui à plus de 800. Cette part supplémentaire sera indispensable à la lutte contre le changement climatique. Et pour y parvenir, les coûts du nucléaire dans les économies avancées doivent baisser de 40 % et les investissements nucléaires mondiaux doivent tripler d’ici à 2030. Les pays occidentaux ont perdu une partie de leur leadership sur ce terrain et 27 des 31 réacteurs en construction depuis 2017 sont de conception russe ou chinoise. Il faut dire qu’avec une vingtaine de réacteurs en construction, le marché intérieur chinois est particulièrement dynamique.
« Atteindre des émissions nettes nulles avec moins d’énergie nucléaire que ce qui est envisagé dans le rapport de l’AIE serait plus difficile et coûterait aux consommateurs 20 milliards de dollars de plus par an jusqu’en 2050 », assure Fatih Birol.
Le rapport émet plusieurs recommandations :
- Prolonger la durée de vie des centrales existantes – cela peut impliquer des investissements substantiels ; ils permettent généralement d’obtenir un coût de l’électricité compétitif par rapport à l’éolien et au solaire.
- Valoriser les émissions évitées par les centrales nucléaires et les services qu’elles fournissent pour maintenir la sécurité électrique, notamment la disponibilité de la capacité et le contrôle de la fréquence.
- Créer des cadres de financement pour les nouveaux réacteurs afin de mobiliser des capitaux pour les nouvelles centrales à un coût acceptable et avec un partage des risques entre les investisseurs et les consommateurs.
- Promouvoir une réglementation efficiente et efficace en matière de sécurité.
Le rapport veut aussi promouvoir les petits réacteurs modulaires (SMR). L’AIE prévoit que la moitié des réductions d’émissions d’ici 2050 proviendraient des technologies, y compris les SMR. Une réforme de la politique gouvernementale et de la réglementation est nécessaire pour stimuler les investissements dans les SMR. Selon le rapport, « des décisions doivent être prises dès maintenant » pour permettre aux réacteurs SMR de jouer un rôle important dans les transitions énergétiques dans les années 2030. ■