Projet Cigéo : une ZAD en devenir ?

Après l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et le barrage de Sivens, les « zadistes » (de ZAD, « Zone À Défendre ») mettent cap à l’Est, direction Bure, où l’Andra expérimente le projet de centre de stockage géologique Cigéo. Pendant deux semaines, une centaine de militants anticapitalistes et antinucléaires avaient planté leurs tentes dans la Meuse pour dénoncer le lancement des travaux sur le site. Jeudi dernier, la gendarmerie les a évacués.
Petit à petit la ZAD fait son nid
Depuis le 19 juin, environ 200 personnes, selon un communiqué, se sont installées dans le bois de Mandres-en-Barrois, près de Bure dans la Meuse, là où il est prévu de construire le centre de stockage géologique Cigéo. Les manifestants accusent l’Andra d’entamer des travaux forestiers illégaux pour implanter Cigéo : « Depuis 15 jours, l’Andra a installé une plate-forme et entrepris des travaux de déboisement importants, apparemment sans autorisation, sur le pourtour de la lisière de la forêt. La double clôture en cours laisse présager d’autres travaux préparatoires qui, comme les précédents, ancrent un peu plus le projet dans le paysage local. Ces travaux ne rentrent pas dans une démarche de reconnaissance, mais s’apparentent bien à une dangereuse annexion du territoire ».
En 2015, les associations opposées au projet ont déposé un recours administratif dénonçant l’illégalité des travaux.
Un mouvement initié en août 2015
Les opposants au projet Cigéo réfutent le label ZAD, « fourre-tout » selon eux, et lui préfèrent celui de « zone à protéger par la paix (Zapp) » ou de « Zone d’insoumission à la radioactivité (Zira) ». En août dernier, un premier campement, situé à 5 kilomètres de Bure et quelques centaines de mètres des laboratoires de l’Andra, avait été lancé. Le campement VMC de Bure – un nom choisi en référence à Vladimir Martynenko, conducteur d’engin accusé d’être responsable de l’accident d’avion qui a coûté la vie Christophe de Margerie, PdG de TOTAL – avait réunit pendant dix jours la galaxie des militants opposés aux « grands projets inutiles ».
Décrit comme un lieu de vie dans lequel les journalistes n’avaient pas le droit d’entrer, le campement était un lieu de débats, de projections de films et de QG en vue de la COP21. Le journal Libération rapportait d’ailleurs que les militants étaient opposés à la tenue de ce sommet dont l’objet était pourtant de trouver des solutions pour lutter contre le changement climatique…
Le feu vert se rapproche pour Cigéo
De son côté, le projet Cigéo avance. Cette semaine, l’Assemblée nationale a adopté la proposition de loi portant sur les modalités de création du projet et sur sa réversibilité.
Le concept de réversibilité est défini comme « la capacité, pour les générations successives, soit de poursuivre la construction puis l’exploitation des tranches successives d’un stockage, soit de réévaluer les choix définis antérieurement et de faire évoluer les solutions de gestion ». Cette définition offre des choix ouverts en termes techniques comme en matière de gouvernance pour les générations futures qui auront à exploiter le stockage pendant plus de 100 ans, précise l’Andra dans son communiqué.
Cette loi apporte également des précisions essentielles à la poursuite du projet Cigéo. Elle valide la mise en place d’une phase industrielle pilote permettant de réaliser des tests grandeur nature et stabilise la gouvernance du projet dans la durée avec l’inscription d’un nouveau rendez-vous parlementaire après cette phase.
Cette loi est une étape importante pour l’Andra qui peut dorénavant prendre en compte les exigences du Parlement pour préparer la demande d’autorisation de création du stockage qu’elle déposera en 2018, et pour engager un processus de concertation de ses parties prenantes (riverains, collectivité locales, etc…).