PPE à l’Assemblée : relance du nucléaire, soutien aux renouvelables et fractures partisanes - Sfen

PPE à l’Assemblée : relance du nucléaire, soutien aux renouvelables et fractures partisanes

Le 28 avril, les députés ont débattu de la future feuille de route énergétique de la France pour 2025-2035. Relance du nucléaire, renouvelables, sortie des fossiles : entre grandes annonces et clivages politiques, la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE), défendue par François Bayrou, soulève de vifs clivages.

Le 28 avril, l’Assemblée nationale a été le théâtre d’un débat en vertu de l’article 50-1 de la Constitution, portant sur la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE). Cette feuille de route énergétique, en préparation depuis plusieurs années, vise à orienter la politique énergétique française pour la période 2025-2035 et à mettre la France sur la voie de la neutralité carbone d’ici 2050. Ce débat intervient alors que de nombreux élus réclament une révision des axes programmatiques, en l’absence d’une loi de programmation énergétique toujours attendue.

Un calendrier de publication PPE annoncé

Lors de ce débat, François Bayrou a révélé le calendrier de publication du décret adoptant la PPE. Celui-ci devrait être publié « d’ici la fin de l’été », sous réserve de l’examen de la proposition de loi du sénateur Daniel Gremillet (LR), prévu pour juin. Un groupe de travail, co-dirigé par Daniel Gremillet et le député Antoine Armand (EPR), a été mis en place pour mener des auditions et des études complémentaires. Leurs conclusions, attendues pour fin mai, permettront de proposer une version améliorée de la PPE.

Les Objectifs du Premier Ministre Bayrou

Le Premier ministre a énuméré les objectifs de la France en matière de souveraineté énergétique, visant à « sortir de la tenaille sino-américaine ». Il a rappelé les objectifs du discours de Belfort d’Emmanuel Macron en 2022, soulignant la nécessité d’une énergie « abondante, compétitive, décarbonée et souveraine ». Parmi les grandes déclarations, le Premier ministre a insisté sur plusieurs points clés :

  • Efficacité et sobriété énergétiques : Encourager l’efficacité et la sobriété énergétiques, notamment à travers l’isolation des bâtiments.
  • Chaleur renouvelable : Développer la géothermie, qui permet d’économiser jusqu’à 80 % des dépenses de chauffage et 90 % des dépenses de climatisation. Le gouvernement proposera des mesures en juin pour accélérer ce déploiement.
  • Électrification des usages : Bien que la consommation d’électricité stagne depuis 2010, le Premier ministre a souligné que l’électrification des usages est un objectif à atteindre, à l’aide de l’installation des futurs data centers, l’électrification des transports (flotte d’entreprise) et des pompes à chaleur fabriquées en France.
  • Relance du nucléaire : Le Premier ministre a affirmé la nécessité de prolonger la durée de vie du parc nucléaire existant à au moins 60 ans et de préparer la construction de nouveaux réacteurs, tout en encourageant le développement des petits réacteurs modulaires (SMR) et des réacteurs de quatrième génération.
  • Énergies renouvelables : Le Premier ministre a plaidé pour un développement raisonné des énergies renouvelables, soulignant la nécessité de consolider la filière française des panneaux photovoltaïques et de gérer l’acceptabilité des éoliennes.

Réactions des Partis Politiques

Comme le prévoit la constitution différents partis politiques ont exprimé leurs positions lors de la séance (dans l’ordre d’apparition) :

Rassemblement national : Marine Le Pen accuse les politiques de Bruxelles et les partis traditionnels d’avoir ruiné le modèle énergétique français. Elle propose de renforcer la production d’énergie propre, notamment nucléaire et hydroélectrique.

Renaissance : Jean-Luc Fugit considère la sortie des énergies fossiles comme le principal défi pour la France et l’Europe, nécessitant une action collective pour construire une souveraineté énergétique basée sur un mix énergétique diversifié.

La France Insoumise : Maxime Laisney dénonce les échecs du nucléaire et plaidant pour un investissement massif dans les énergies renouvelables et la sobriété énergétique.

Parti socialiste : Anna Pic appelle à une stratégie équilibrée combinant nucléaire et énergies renouvelables. Elle reconnait la nécessité de s’appuyer sur le parc nucléaire historique et de nouveaux réacteurs pour atteindre la neutralité carbone en 2050.

Droite républicaine : Jérôme Nury plaide pour une relance du nucléaire et rejetant les énergies renouvelables intermittentes.

Europe Écologie Les Verts : Julie Laernoes accuse de privilégier le nucléaire au détriment des énergies renouvelables.

MoDem : Philippe Bolo a insisté sur l’importance des réseaux électriques pour garantir la souveraineté énergétique, appelant à des investissements massifs pour moderniser ces infrastructures.

Horizon : Henri Alfandari a critiqué la multiplicité des objets législatifs, des comités et des opérateurs qui interviennent parfois de manière contradictoire dans le domaine de l’énergie

Le détail des prise de position est disponible ici.

Par Thomas Jaquemet (Sfen)
Image : François Bayrou à l’Assemblée nationale le 28 avril 2025 – ©LUDOVIC MARIN/AFP