Portrait – Patrice Torres, « Nos centres se doivent d’être exemplaires ! »
Patrice Torres, la trentaine, l’accent du sud, a quitté depuis longtemps son Aveyron natal pour s’installer en 2005 dans l’Est de la France, dans l’Aube. Il a connu l’andra quand il était étudiant. Il a ensuite gravi une à une les marches de l’agence jusqu’à devenir directeur des deux principaux centres de stockage de déchets radioactifs de l’Agence : le Cires et le CSA. À la tête d’une équipe de plus de 200 personnes, M. Torres pilote la gestion de près de 90 % des volumes de déchets radioactifs produits en France. la RGN l’a rencontré.
C’est par hasard qu’il y a dix ans, cet Aveyronnais est venu sonner à la porte de l’Andra : « je cherchais à financer mes études ». Alors étudiant en commerce à l’ESC Reims, il atteint son objectif en décrochant un poste en alternance au siège de l’Andra « en tant qu’acheteur ». « À cette époque, je n’avais que la vision “production” du nucléaire et je n’avais pas de connaissance sur les déchets » se souvient-il « Pour autant, je venais sans a priori ».
C’est « à l’occasion de quelques missions en tant qu’acheteur » que Patrice Torres découvre le terrain : « les centres de stockage et avec eux, le cœur du métier de l’Agence : la gestion des déchets radioactifs ».
Sa formation terminée, il continue à travailler au siège en tant qu’ingénieur achat. Deux ans plus tard, il décide de « changer totalement de métier » en venant sur les centres, dans l’Aube ; d’abord pour prendre en charge le service support technique (maintenance et travaux neufs), puis quelque temps plus tard, la direction des deux centres.
Pics d’activité au centre
« Nos centres, ce n’est pas la déchetterie du village, plaisante-t-il à moitié, on ne tape pas au portail pour dire : “tiens, j’ai quelque chose à livrer” ! ». Cela paraît évident, mais cela va mieux en le disant. En effet, pour livrer leurs colis, les « producteurs de déchets » doivent être titulaires d’un agrément délivré par l’Andra.
Si certains pouvaient imaginer que les camions vont et viennent à la sortie des centres de stockage, il n’en est rien. « On essaie de faire en sorte qu’il n’y ait pas trop de saisonnalité, explique le directeur des centres, les producteurs sont conscients de la nécessité de lisser l’activité pour avoir le prix le plus juste et une qualité de prestation élevée ».
En réalité, les pics d’activités « ne sont pas liés au volume des déchets », mais « à la construction d’ouvrages. » Et sur place, les projets ne manquent pas.
De nouveaux aménagements
Passionné par son métier, Patrice Torres présente les deux nouveaux chantiers sur lesquels ses équipes travaillent.
Au CSA, l’Andra vient d’investir pour créer une installation de contrôle destructif et non destructif des colis de déchets. Les opérations étaient jusqu’à présent sous-traitées au CEA. « Cela va nous permettre de gagner en autonomie et en savoir-faire ». Un projet d’envergure sur le plan technique, « il faut gérer les problématiques de radioprotection », financier « le projet s’élève à 15 millions d’euros alors que notre chiffre d’affaires est de 60-70 M€/an » et réglementaire « nous sommes sur une INB, le feu vert de l’ASN est donc indispensable ». La mise en service de l’installation est prévue au 2e trimestre 2016. Côté Cires, des travaux s’engagent pour mettre en place un centre de tri–traitement pour « séparer les déchets liquides des déchets solides, et les évacuer vers les bons exutoires ». Et de conclure : « Cela permettra de mettre une partie des déchets en stockage et l’autre en entreposage ou incinération ».
Des installations ancrées dans le territoire
Comment réagit l’opinion publique locale à la présence de l’Andra au milieu de ses forêts ? « La grande majorité de la population a un avis favorable, car il y a une confiance : l’Andra dit ce qu’elle fait et fait ce qu’elle dit. » Même si, Patrice Torres le reconnaît : « plus on s’éloigne des centres, moins on [Andra] est connu, et moins on est connu, plus l’image est négative ».
Présente depuis plus de 20 ans dans le département de l’Aube et consciente qu’elle est ici pour « des décennies, voire des siècles », -l’Andra a toujours agi avec transparence. « Tout le monde est invité à découvrir les installations ». La CLI (Commission locale d’information) peut même faire des prélèvements sur le site « pour mener à bien ses études contradictoires ».
Élément révélateur de la bonne implantation de l’agence dans l’Aube, « le peu de turn-over. C’est le signe que les gens se sentent bien dans l’Aube » souligne Patrice Torres. L’Andra participe aussi au dynamisme économique du territoire, par la création d’emplois, « une vingtaine d’emplois ont été créés ces dernières années » et en jouant la carte du made in Aube, « dès qu’on le peut, on recourt à la commande locale. »