Portrait – Christophe Berretti, Les semaines passent très vite ! - Sfen

Portrait – Christophe Berretti, Les semaines passent très vite !

Publié le 30 avril 2015 - Mis à jour le 28 septembre 2021
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Christophe Berretti, 51 ans, est le chef de « l’autre » grand chantier nucléaire français, celui du RJH. Chargé, avec son équipe, de mener à bien la réalisation de ce réacteur de recherche, il doit coordonner les partitions que jouent les différents intervenants sous le soleil provençal, en respectant les objectifs de sûreté, de sécurité et bien sûr planning et de coût. Une journée dans la vie du chef d’un projet « hors norme » avec un homme engagé.

« En moyenne, la journée commence vers 8 h et se termine vers 19 h-19 h 30. Mais ce n’est qu’une moyenne ! » Christophe Berretti, responsable de la réalisation du Réacteur Jules Horowitz, sourit quand on évoque sa « journée type ». Arrivé à Marcoule en octobre  2012, cet ingénieur qui se sent « à l’aise dans le secteur de l’énergie » dans lequel il évolue depuis 1991, a reçu pour mission de faire passer les lots du projet de la phase d’études à celle de la réalisation avec un génie civil déjà bien avancé. Près de trois ans plus tard, Christophe est fier de l’avancée du chantier : « Aujourd’hui, grâce à la mobilisation de l’équipe projet, de la Direction du programme et des équipes du CEA à Saclay et Cadarache, le RJH est passé en mode réalisation sur la majorité des lots, en usine et sur le terrain. Le bloc-pile, le cuvelage de la piscine, les composants classés, les ponts, les cellules chaudes, la machine de chargement-déchargement… tout cela est en cours. Et le pont polaire est déjà en exploitation. »

Sécurité et sûreté d’abord

Avec sa « garde rapprochée » de l’équipe de Direction, le chef de chantier traite de sujets très variés. Le premier est celui de la sécurité. Sur un chantier de cette ampleur, Christophe rappelle que « c’est un combat de tous les jours. Nous avons de très bons résultats avec un taux de fréquence de 4,1 et un taux de gravité de 0,09 pour 500 à 600 personnes sur site en permanence. » Un tel résultat s’obtient avec l’implication de tous dans une organisation soudée, réunissant maître d’œuvre, maître d’ouvrage et les personnes dédiées à la sécurité de chaque entreprise intervenante.

Bien sûr, la sûreté est dans le périmètre de Christophe : « Les relations avec l’Autorité de sûreté sont permanentes. Depuis 2009, nous avons eu 22 inspections. Ces inspections épluchent nos documents et notre organisation. Contrairement à ce que l’on a pu lire dans la presse, les inspections n’ont pas fait l’objet de constat et l’Autorité de sûreté souligne notre rigueur et notre maîtrise du sujet ! »

Fédérer les énergies

De nombreux acteurs œuvrent à la mise en route du RJH. Responsables de marchés, chefs de projet, maîtres d’œuvre, maître d’ouvrage, responsables sécurité et sûreté, responsables qualité, contract managers, titulaires des marchés… Le directeur de la réalisation les fait avancer ensemble. « On se répartit le boulot, explique Christophe Beretti. Avec mes trois collègues de l’équipe de direction, nous intervenons quand il faut prendre une décision stratégique ou régler les points durs. » Mais c’est bien à lui que reviennent la mise en œuvre et la responsabilité de la relation avec le maître d’œuvre AREVA TA sur le terrain. De la même manière, Christophe veille à « intégrer exploitation et projet, en relation étroite avec les futurs exploitants et expérimentateur ». En l’occurrence, c’est l’ancien chef du projet du démantèlement de Phénix qui s’exprime. Car avant de construire le RJH, Christophe a – de 2008 à 2012 – eu la charge de lancer les opérations préparatoires au démantèlement du réacteur à neutrons rapides.

Apprendre et bouger

« On apprend beaucoup avec RJH, et dans tous les domaines » souligne Christophe. De fait, apprendre est une constante dans son parcours. Bouger aussi ! Diplômé de l’ENSI Nancy en génie des procédés et de l’ENSEEIHT Toulouse en informatique industrielle, il a débuté « dans le pétrole ». Embauché en 1991 à SNG (AREVA NC), il a mis en place des claculs de procédés pour les ateliers de La Hague, été responsable des systèmes de contrôle-commande et ingénieur projet pour SGN et COGEMA, avant de préparer le passage à l’an 2000 des sites de la branche retraitement de COGEMA. Responsable du Système d’information de Marcoule et d’AREVA TA, il était dans l’équipe de direction du projet AREVANET, le réseau intranet destiné aux 30 000 utilisateurs en France, aux États-Unis et en Allemagne. L’envie de retrouver les « travaux neufs et les projets industriels » le mène à rejoindre le CEA pour rénover ATALANTE, le laboratoire de Marcoule. « C’était très intéressant car il fallait travailler avec les exploitants et les chercheurs en gérant une coactivité chantier » se souvient Christophe. Après ATALANTE, ce sera Phénix, une autre occasion d’apprendre et de travailler en équipe.

Le directeur de projet est aussi professeur, quelques jours par an, à l’INSA V. Parce que « ça [lui] permet de garder un pied dans l’enseignement » et de partager ses savoirs.

S’il a visité « l’autre » chantier nucléaire français ? « Non, pas encore. Mais mon équipe oui, plusieurs fois. Et nous échangeons beaucoup avec Flamanville sur le génie civil, le pont polaire, les diesels de sauvegarde, l’ESPN… C’est très important » affirme le bucco-rhodanien d’adoption qui prévoit d’aller rencontrer son collègue, chef du chantier manchois. 

Par la Rédaction