La pleine puissance de l’EPR de Flamanville 3 atteinte d’ici la fin de l’automne
Arrêté environ trois mois pour des opérations sur les soupapes de protection du circuit primaire, le réacteur de Flamanville 3 devrait finalement atteindre la pleine puissance au plus tard à la fin de l’automne 2025. Un nouveau délai qui n’impacte pas les prévisions de production nucléaire d’EDF.
L’atteinte de la pleine puissance de Flamanville 3 a été repoussée à la fin de l’automne 2025 au plus tard, pour procéder à des opérations de maintenance sur les trois soupapes de protection du circuit primaire. Si cet aléa contrarie l’objectif d’EDF d’atteindre la pleine puissance en septembre, il s’inscrit néanmoins dans le processus de démarrage en toute sûreté du réacteur, qui comprend des tests portant sur plus de 1 500 critères. La phase d’essai, engagée depuis le 2 septembre 2024 – alors que l’Autorité de sûreté nucléaire avait donné son accord pour le lancement des opérations de divergence du réacteur, permet d’exécuter tous les réglages et interventions pour que l’EPR puisse réaliser son premier cycle de production en toute sécurité et fiabilité.
Ce délai n’entraîne pas de modification de la fourchette de production nucléaire d’EDF pour l’année 2025. Elle demeure comprise entre 350 et 370 TWh. Par ailleurs, la production du parc nucléaire au premier semestre 2025 devrait atteindre 181,8 TWh, soit 4,4 TWh de plus que lors de la même période l’année précédente. « Le démarrage de l’EPR est un processus long et complexe avec la mise en service de certains matériels pour la première fois », souligne EDF dans un communiqué publié le 25 août.
Un usinage des soupapes nécessaire
Le réacteur nucléaire est maintenu à l’arrêt depuis le 19 juin pour une opération de contrôle préventif sur deux des trois soupapes de protection du circuit primaire principal [1]. Ces éléments, installés au sommet du pressuriseur, assurent la protection du circuit primaire en s’ouvrant en cas de surpression. En position fermée, elles doivent aussi conserver une bonne étanchéité. « Deux des trois soupapes marchaient correctement dans leur fonction d’ouverture et de fermeture, mais ne répondaient pas pleinement aux critères d’étanchéité ce qui pouvait à terme entraîner une dégradation de l’équipement et un mauvais fonctionnement », précise EDF à la RGN.
C’est donc sur ce dernier point que portent les travaux des équipes de l’énergéticien, qui après un démontage et un diagnostic ont procédé à une opération de rodage. « Cette technique de précision, consiste à polir très finement les surfaces métalliques assurant l’étanchéité, et permet de supprimer les irrégularités et de retrouver une fermeture parfaitement hermétique », précise EDF sur le site de Flamanville 3.
Si le groupe n’avait constaté des irrégularités que sur deux des trois soupapes, « les expertises réalisées nous ont conduit, au titre de l’exigence que nous portons en matière de sûreté, à programmer un contrôle de la soupape n°1 même si celle-ci ne présentait aucun dysfonctionnement » [2]. EDF explique par ailleurs que ces opérations sont assez longues en raison de la précision de la technique, mais aussi d’un local exigu qui nécessite d’adapter et de contrôler les dispositifs de levage à chaque changement de soupape. Cette troisième vérification est la raison du prolongement de l’arrêt du réacteur d’un mois et demi supplémentaire, portant le redémarrage du 13 août au 1er octobre. L’entreprise publique souligne à la RGN que cette prolongation ne bloque pas toutes les opérations de tests du réacteur. Des essais peuvent continuer à être réalisé sur différents équipements même si l’unité est à l’arrêt.
Un événement significatif sans impact
Au début du mois d’août, EDF a aussi déclaré un événement significatif de sûreté de niveau 1 (anomalie) sur 7 survenu sur le réacteur nucléaire [3]. Lors d’un diagnostic réalisé sur une pompe du circuit d’injection de sécurité, « une vanne associée à cette pompe s’est ouverte à plusieurs reprises alors qu’elle devrait rester fermée pour garantir l’isolement du circuit », note EDF dans un communiqué publié le 5 août. L’alarme devant signaler l’ouverture de cette vanne n’a pas été émise en salle de commande en raison de la déconnexion d’un départ électrique. Celle-ci avait été volontairement réalisée par les équipes d’EDF afin de sécuriser l’intervention de diagnostic. Dans ce cas, il s’agit plus d’une problématique organisationnelle que matérielle. « Cet événement n’a entraîné aucune conséquence sur la sûreté des installations, détaille EDF. Le circuit concerné était isolé et des contrôles chimiques ont été réalisés avant la remise en service de la pompe. »
Une fois les travaux sur les soupapes réalisés, les essais avec le réacteur opérationnel pourront reprendre. Flamanville 3 devrait ainsi être remis en service le 1er octobre. La montée en puissance sera ensuite progressive, avec l’atteinte des 60 % de capacité nominale puis des 80 %, palier qui nécessitera une autorisation de l’ASNR. Alors qu’EDF souhaitait que le réacteur situé dans la Manche atteigne la pleine puissance durant l’été, l’utilisation de 100 % de la capacité de l’EPR ne devrait finalement avoir lieu qu’avant la fin de l’automne 2025, soit au plus tard un an après sa connexion au réseau électrique français. ■
Par Simon Philippe
Photo : Salle des machines de l’EPR de Flamanville 3 (2023) Crédit : EDF / Antoine Soubigou / Alexis Morin