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Le paradoxe australien

Publié le 25 juillet 2019 - Mis à jour le 28 septembre 2021
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Première réserve d’uranium de la planète, l’Australie en est aussi le 3e producteur mondial. 

Pourtant, Canberra a adopté en 1999 une loi interdisant l’utilisation de l’énergie nucléaire pour la production d’électricité. Depuis l’élection du Premier ministre Scott Morrison en août 2018, la question de l’atome revient sur le devant de la scène dans un pays très largement dépendant des hydrocarbures.

Dans son dernier focus consacré à la situation énergétique de l’Australie [1], l’Agence internationale de l’énergie (AIE) pointe un mix énergétique s’appuyant quasi exclusivement sur les énergies fossiles. Ces dernières ont ainsi constitué pour 93,4 % de la consommation australienne d’énergie primaire en 2016. En plus de ses importantes réserves en uranium, l’Australie peut compter sur son sous-sol riche en gaz naturel et sur ses mines de charbon (4e réserve mondiale). En effet le charbon compte pour 74,5 % de la production nationale d’énergie et pour presque deux tiers de la production électrique.

Conséquence de cette politique énergétique, un Australien émet annuellement 15,37 tonnes de CO2, soit trois fois plus qu’un Français (4,57 tonnes), et presque autant qu’un américain (16,49 tonnes). Fait rare, l’Australie produit même une part plus importante de son électricité à partir du charbon que l’Allemagne.

À ce jour, le gouvernement australien ne dispose toujours pas de plan pour atteindre les objectifs climatiques de l’Accord de Paris malgré une politique climatique volontariste de certains exécutifs locaux. La problématique environnementale se double d’une problématique économique. Le MWh électrique peut atteindre 400 à 500 $ australien (entre 250 et 310 €), soit autant qu’en Allemagne. Le prix de l’électricité est donc un sujet de préoccupation majeur pour la population, les industriels et les pouvoirs publics.

Le cas du nucléaire civil

Dans les premières semaines de son élection à l’été 2018, le nouveau chef du gouvernement australien avait laissé sous-entendre qu’il ferait tout ce qui est en son pouvoir pour faire baisser la facture d’électricité de ses concitoyens, sans exclure une quelconque option. Une prise de position saluée par l’Australian Taxpayers Alliance, forte de 75 000 membres, qui a qualifié de « non-sens » le moratoire de 1999 interdisant l’usage du nucléaire civil dans la production électrique.

Au micro du journaliste et producteur Brian Carlton, pour la radio LAFM en avril 2019, le Premier ministre Scott Morrison réitère sa position en déclarant que l’industrie nucléaire doit d’abord démontrer sa compétitivité. 

Néanmoins, face à la levée de bouclier d’une partie de la scène politique et écologiste australienne, le chef du gouvernement a dû clarifier sa position sur Twitter en précisant qu’aucune révision de la loi de 1999 n’était à l’ordre du jour.

En tant qu’énergie bas carbone sûre et compétitive, le nucléaire pourrait être une solution pour un pays régulièrement affecté par les conséquences du réchauffement climatique. Année après année, les sécheresses se multiplient et s’amplifient. Le dernier hiver austral a été désastreux : dans certaines régions, les précipitations ont été 40 % inférieures à la moyenne des 20 dernières années.


Energy Policies of IEA Countries : Australia 2018 Review.


Par Maruan Basic, SFEN

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