Orano lance l’extension de l’usine d’enrichissement Georges Besse II
[Mis à jour le lundi 14 octobre] Le jeudi 10 octobre 2024 marque le lancement de l’extension de l’usine d’enrichissement Georges Besse II. Il s’agit pour Orano de répondre à la hausse de la demande mondiale des énergéticiens qui cherchent à assurer leur approvisionnement sans passer par des acteurs russes.
« Je suis très fier de célébrer aujourd’hui le début du chantier de ce projet hautement symbolique en termes de souveraineté et de rayonnement international dans le contexte géopolitique que nous connaissons », a déclaré[1] François Lurin directeur des activités Chimie-Enrichissement d’Orano. Progressivement mise en service de 2011 à 2016, Georges besse II est une installation hautement stratégique pour l’Europe et l’Occident.
Grâce à cet outil industriel, Orano dispose de 12 % des capacités mondiales d’enrichissement [2] et répond aux besoins de nombreux énergéticiens. Cette demande est amenée à croître car de nombreux acteurs, d’un côté et de l’autre de l’Atlantique, souhaitent ne plus dépendre des services d’enrichissement russes comptant pour plus de 40 % de la capacité mondiale. C’est dans ce contexte que le chantier d’extension de capacité de l’usine Georges Besse II a été inauguré le jeudi 10 octobre 2024.
Une augmentation de capacité significative
D’un montant prévisionnel de 1,7 milliard d’euros, le projet vise à augmenter la capacité d’enrichissement de 30 % passant ainsi de 7,5 à 10 millions millions d’UTS[3]. Georges Besse II compte deux unités de production, une au nord du site du Tricastin et l’autre au sud. L’extension ne concerne que l’unité nord à laquelle seront ajoutés quatre modules pour arriver à 10, soit 18 en tout avec l’unité sud. Le terme de « modules » désigne les cascades de centrifugeuses et les équipements associés.
Le marché de l’enrichissement en pleine transformation
La sécurisation de l’investissement en lien avec l’augmentation de capacité va de pair avec la contractualisation à long terme entre l’enrichisseur et l’énergéticien. De ce fait, l’occident engage une rupture de long terme avec l’industrie russe. Pour rappel, Rosatom dispose de 46 % des capacités mondiales d’enrichissement et assure environ 30 % des besoins américains et européens.
Pour le Vieux Continent, la dépendance concerne en particulier les pays exploitant des réacteurs de technologie russe (VVER) dont l’approvisionnement en assemblages de combustible, comprenant généralement une souscription aux services de conversion et d’enrichissement, ne dépend que d’un seul acteur : Rosatom[4]. Ces derniers ont aujourd’hui diversifié contractuellement leur approvisionnement bien que les alternatives restent à mettre en place. En plus d’Orano, Urenco a également annoncé des augmentations de capacité de ses usines d’enrichissement en Europe et aux États-Unis pour un total de 1,8 million d’UTS[5].
« Ce projet qui prend forme fait partie des cinq plus importants projets industriels en cours en France aujourd’hui. Il est une étape importante du développement d’Orano. Grâce à cette extension de nos capacités, nous renforçons la supply chain de nos clients électriciens, et en particulier, pour nombre d’entre eux, leur permettons de se désensibiliser aux risques géopolitiques », a notamment déclaré Nicolas Maes, directeur général du groupe Orano.■
Gaïc Le Gros (Sfen)
Crédit Photo ©Cyril Crespeau
[1] https://www.orano.group/fr/actus/actualites-du-groupe/2024/octobre/pose-de-la-premiere-pierre-de-l-extension-de-l-usine-georges-besse-2-d-orano.
[2] Euratom Supply Agency, rapport annuel 2023.
[3] Unité de travail de séparation, unité qui sert à quantifier la capacité d’enrichissement.
[4] Euratom Supply Agency, Rapport annuel 2023. https://euratom-supply.ec.europa.eu/document/download/29018562-122c-4818-8774-2424fc029bf6_en?filename=ESA%20Annual%20Report%202023%20-%20Final%20draft.pdf
[5] https://www.urenco.com/news/usa/2024/urenco-marks-installation-of-new-us-enrichment-capacity#:~:text=Urenco’s%20Eunice%20site%20is%20the,up%20to%2010%20million%20SWU.