Nucléaire : qu’en pense le nouveau Premier ministre Michel Barnier ? - Sfen

Nucléaire : qu’en pense le nouveau Premier ministre Michel Barnier ?

Publié le 5 septembre 2024

Après plusieurs jours de consultations, le président de la République a désigné l’ancien ministre des Affaires étrangères et Commissaire européen Michel Barnier comme Premier ministre. Il se montre favorable au développement de l’énergie nucléaire et à une baisse de la fiscalité sur l’énergie.

Après plusieurs semaines d’attente, Michel Barnier a été nommé Premier ministre ce jeudi 5 septembre. Âgé de 73 ans, cet europhile convaincu s’est fait connaître sur la scène internationale en dirigeant les négociations du Brexit au nom de l’Union européenne. Sa nomination marque l’arrivée d’une figure politique d’envergure, riche d’une longue carrière au sein des institutions françaises et européennes.

Gaulliste historique, Michel Barnier a occupé de nombreux postes : conseiller général, député français et européen, sénateur, ainsi que plusieurs fois ministre, notamment des Affaires étrangères, de l’Environnement, et de l’Agriculture. Il a également été Commissaire européen, renforçant sa stature de fin connaisseur des rouages politiques de l’Union européenne.

Parmi ses accomplissements, l’introduction de la loi Barnier donne naissance à la Commission nationale du débat public (CNDP). Cet organe, aujourd’hui central dans les débats sur les grands projets d’infrastructures, assure la participation des citoyens aux décisions, notamment pour les projets nucléaires de grande envergure. En 1998, il a également joué un rôle clé, aux côtés de Jean-Pierre Vial, dans la fondation de l’Institut National de l’Énergie Solaire (INES), un centre de recherche dédié à l’innovation dans le domaine de l’énergie solaire.

Nucléaire et défi climatique

Bien que Michel Barnier ne soit pas particulièrement vocal sur l’énergie nucléaire, il s’est cependant affirmé comme un défenseur de cette énergie. Lors de la primaire des Républicains pour la présidentielle de 2022, le nouveau Premier ministre avait exprimé sa volonté de relancer la construction de six réacteurs nucléaires. « Il faut être clair et dire la vérité aux Français, nous ne relèverons pas le défi climatique sans le nucléaire. C’est une chance que nous ayons cette souveraineté nationale. Il est fondamental de la préserver », avait-il déclaré.

Michel Barnier mettait ainsi en avant le double enjeu du nucléaire : indispensable dans la lutte contre le réchauffement climatique et crucial pour garantir l’indépendance industrielle de la France. Lors des débats, il s’était également en faveur de la relance sur les réacteurs de quatrième génération, avant que ne soit lancé l’Appel à projets pour les réacteurs innovants. Gageons que le nouvel occupant de Matignon poursuivra le soutien à cette initiative.

Baisse de la taxation

Au-delà de sa position en faveur du nucléaire, le nouvel occupant de Matignon a exprimé son souhait de réduire les taxes sur l’énergie, estimant qu’il « y a urgence à alléger la fiscalité énergétique » dans le but de « redonner du pouvoir d’achat aux Français ». Ce dossier sensible pourrait être l’un des chantiers de son mandat. Pour rappel, l’électricité est actuellement plus taxée que les énergies fossiles, si l’on rapporte cette fiscalité aux émissions de CO2 qu’elle génère. Un paradoxe que le nouveau Premier ministre pourrait être amené à corriger. ■

Par Thomas Jaquemet (Sfen)

Copyright : Michel Barnier, le nouveau premier ministre de la France, avec Emmanuel Macron en 2020 – © Ludovic MARIN / AFP