Quel nucléaire dans le futur ? Les réponses de la SFEN au débat de la PPE - Sfen

Quel nucléaire dans le futur ? Les réponses de la SFEN au débat de la PPE

Publié le 22 mai 2018 - Mis à jour le 28 septembre 2021
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Le 16 mai, Valérie Faudon, déléguée générale de la SFEN, participait à l’atelier controverse « Nouveau nucléaire » dans le cadre du débat public sur la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Retrouvez ci-dessous les éléments de sa présentation.

En juin, le gouvernement a dévoilé un plan climat qui fixe désormais comme objectif prioritaire la lutte contre le changement climatique et la neutralité carbone à l’horizon 2050.

Dans ce contexte, alors que l’électricité française est déjà bas carbone, la priorité doit être de réduire les émissions de gaz à effet dans les transports et l’habitat. Remplacer du nucléaire bas carbone par du renouvelable bas carbone dans la production d’électricité ne diminue pas les émissions de gaz à effet de serre.  A ce titre, l’augmentation en 2016 des émissions témoigne du manque d’efficacité de la politique actuelle par rapport aux objectifs prioritaires.

Comme l’indique le ministre de l’Ecologie, il convient de « réconcilier économie et économie ». Troisième filière industrielle, innovante et pourvoyeuse de 220 000 emplois directs et indirects, l’industrie nucléaire française montre que cet objectif est possible. A l’avenir, le nucléaire continuera de répondre aux aspirations des Français (sécurité d’approvisionnement, prix bas, respect de l’environnement), tout en préservant une filière industrielle à forte valeur ajoutée, en phase avec les objectifs de réindustrialisation et d’excellence dans l’innovation.

Aura-t-on besoin du nucléaire dans le futur ?

Le nucléaire est aujourd’hui le socle de notre approvisionnement électrique. Combiné aux renouvelables, il permet à la France d’être le pays le moins émetteur de gaz à effet de serre des memebres du G7 et d’avoir un des prix de l’électricité les plus bas d’Europe. Disponible 24h/24, quelles que soient les conditions météorologiques, et à même d’ajuster sa puissance à la hausse comme à la baisse pour compenser l’intermittence des nouvelles énergies, le nucléaire est un atout pour développer les renouvelables, y compris chez nos voisins.

Face aux incertitudes sur la faisabilité, la robustesse, le coût ou encore les limites exactes d’un système reposant en très grande partie, voire exclusivement, sur des énergies renouvelables variables, l’énergie nucléaire garantit la sécurité d’approvisionnement bas carbone du pays. 

Selon l’OCDE et la Commission européenne, les besoins en électricité sont amenés à croître à l’avenir, alors même que dans le même temps les besoins en énergie continuent de diminuer. L’électricité bas carbone sera alors un outil essentiel pour engager une décarbonation profonde de l’économie, notamment dans les transports.


Il est nécessaire d’engager le renouvellement du parc à partir de 2030 et de construire entre 15 à 20 EPR.


A l’horizon 2050, les outils de modélisation européens (PRIMES) montrent qu’au moins 40 GW de nucléaire en France et 70 GW en Europe seront nécessaires. Ce socle stratégique permettra d’assurer notre approvisionnement en électricité bas carbone. Ce besoin en capacité nucléaire implique d’engager le renouvellement du parc à partir de 2030 et de construire entre 15 à 20 EPR. La France doit donc être en position industrielle de le faire afin que cet investissement soit le plus économique possible.

Le nouveau nucléaire sera-t-il compétitif ?

Ce renouvellement du parc impliquera la construction de nouveaux EPR, ces réacteurs étant déjà disponibles industriellement. Les retards sur les premières constructions ont été bien identifiés. 

L’expérience montre qu’il est possible de réduire le coût d’un réacteur de 30 % grâce aux effets de série et aux effets d’apprentissage. Dans ce contexte, l’objectif de 60 à 70€ par MWh est atteignable, à condition de mettre en place une vraie réflexion sur ces sujets. Compte-tenu des temps de développement du nucléaire, les décisions devront être prises avant 2020, donc dans le cadre de la PPE.

Le nucléaire ne peut être comparé qu’avec des source de production d’électricité produisant les mêmes services, à savoir le gaz ou le charbon, associé à un prix du carbone et à des technologies de capture et séquestration du carbone, ou à du biogaz. Face à ces énergies, le nouveau nucléaire restera compétitif.


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Quels réacteurs pour le futur ?

Il existe aujourd’hui un foisonnement d’innovations sur de nouveaux concepts de réacteurs (réacteurs à sel fondus, à neutrons rapides refroidis au sodium ou fusion), le tout dans des formats parfois nouveaux, à l’image des petits réacteurs modulaires produits en série dans des usines. Ces développements portent aussi sur de nouvelles applications, liées par exemple à de la désalination, à de la production de chaleur pour les applications industrielles ou encore pour faire du suivi de charge.

Ce foisonnement d’innovation est particulièrement visible aux Etats-Unis et en Chine. La France participe activement à cet élan. Le pays dispose de compétences de pointe sur l’ensemble de ces technologies, et particulièrement sur les réacteurs à neutrons rapides au sodium, avec le projet ASTRID.


Par la rédaction