[Le nucléaire en chiffres] Puissance et disponibilité : deux indicateurs clés du parc

Avec la série « Le nucléaire en chiffres », la RGN éclaire les enjeux énergétiques à travers des données clés. Aujourd’hui, intéressons-nous à la puissance disponible du parc nucléaire, qui a connu une spectaculaire remontée en 2024.
Il y a quelques jours, Étienne Dutheil, directeur de la Division production nucléaire chez EDF, dans un message sur Linkedin, se réjouissait de la performance du parc nucléaire français durant l’hiver 2024-2025. Il écrit : « Nous avons fourni au réseau électrique une disponibilité de plus de 50 GW – elle a atteint 56 GW en pointe en janvier – nous avons exploité nos réacteurs avec un haut niveau de fiabilité, atteignant un coefficient de disponibilité de 85 %. »
Dans l’analyse du fonctionnement du parc, deux indicateurs, entre autres, permettent de suivre sa contribution effective au système électrique : la puissance disponible et la disponibilité. La puissance disponible correspond, elle, à la capacité de production réellement injectée ou mobilisable sur le réseau à un instant donné, exprimée en gigawatts. La disponibilité est définie comme le ratio entre le nombre d’heures durant lesquelles un réacteur est apte à produire de l’électricité et le nombre d’heures totales possibles de production, exprimé en pourcentage. Ces deux indicateurs sont complémentaires, mais non équivalents. Par ailleurs, il convient également de rappeler que la méthodologie de calcul de la disponibilité varie selon les pays et les exploitants. Les comparaisons internationales doivent donc être effectuées avec précaution.
2022 : un point bas inédit
L’année 2022 a constitué un jalon atypique dans l’histoire du parc nucléaire français, avec une disponibilité historiquement basse, atteignant un minimum de 40 % en août. Deux causes majeures ont convergé :
- L’apparition d’un phénomène de corrosion sous contrainte (CSC) sur des circuits d’injection de sécurité (RIS) et de refroidissement du réacteur à l’arrêt (RRA), affectant notamment les réacteurs du palier N4 et plusieurs 1300 MW. La nécessité de procéder à des contrôles étendus a conduit à l’arrêt prolongé de plusieurs unités.
- Un besoin de rattrapages de programmes de maintenances suite aux perturbations liées aux années 2020–2021 lors de la pandémie de Covid-19 et de ses contraintes sanitaires. Un besoin qui a surchargé le calendrier industriel.
2024 : retour à la performance industrielle
L’année 2024 marque un tournant opérationnel, avec un redressement significatif des performances du parc. La production annuelle a atteint un record depuis 2019 à 536,5 TWh (dont 361,7 TWh de nucléaire), permettant aussi à la France de réaliser un record d’exportation d’électricité.
- Le traitement prioritaire et séquencé des cas de CSC a permis la remise en service plus rapide qu’attendu des réacteurs concernés.
- Le déploiement du programme START 2025 (Sûreté, Technique, Anticipation, Rigueur, Transparence) a structuré une approche plus industrialisée de la maintenance, avec un renforcement de la robustesse des processus de pilotage des arrêts.
2025 : intensification des opérations
La disponibilité du parc pourrait être ponctuellement ajustée en 2025, en lien avec une activité industrielle particulièrement soutenue. Etienne Dutheil précise « 4 arrêts programmés pour rechargement de combustible et maintenance, dont 4 visites décennales et 8 arrêts sur lesquels nous réaliserons des améliorations de sûreté, un remplacement de générateurs de vapeur sur Flamanville 2 et les travaux préparatoires des VD4 du palier 1300 MW ». ■