Le nucléaire est-il de moins en moins sûr ?

L’information publiée sur les évènements révèle-t-elle une dégradation de la sûreté des centrales nucléaires ?
A rebours d’une idée reçue, le nombre des incidents témoigne avant tout de l’efficacité du système de détection et de déclaration ainsi que de la transparence de l’industrie nucléaire.
Les écarts et incidents classés aux niveaux 0 ou 1 sont nombreux. Pourtant, ils sont sans incidence significatif sur la sûreté et n’engagent pas, ou très peu, la défense en profondeur. L’essentiel, pour la sûreté, est de maintenir la capacité à détecter, tracer et traiter ces signaux faibles, dans une logique de rigueur et de progrès continu.
Ainsi, le nombre total d’événements par réacteur (11,59 en 2017 pour environ 10 les années précédentes) traduit ce bon niveau de transparence, estime François de Lastic, Inspecteur Général pour la Sûreté Nucléaire et la Radioprotection d’EDF dans son rapport 2017.
La publication de ces événements peut donner le sentiment qu’il y a un problème de qualité et de sûreté en France. Or, ce sont bien des signaux faibles, et les installations sont suffisamment robustes et ont suffisamment de marges de sûreté pour résister à des incidents autrement plus graves. Leur nombre est donc avant tout un marqueur de la santé du système de déclaration des écarts et un outil permettant aux exploitants de partager ensemble leur retour d’expérience.
Les incidents de niveau 2 de l’an dernier, pour l’essentiel, portaient sur des anomalies d’origine, datant de la construction. Dans son rapport, l’IGSNR d’EDF indique que ces événements sont « sans conséquence réelle sur la sûreté » et « sont liés à des défauts anciens, de conception ou de maintenance. EDF les a détectés lors des vérifications de conformité à la conception initiale réalisées pour les visites décennales, ou lors d’opérations de maintenance ». La découverte de ces éléments et leur correction font progresser la sûreté.
Il convient de rappeler que l’échelle INES est une échelle de gravité des événements nucléaires fondée, comme l’indique l’ASN[1] « pour partie sur des critères objectifs et pour partie sur des critères subjectifs. Elle est destinée à faciliter la perception par les médias et le public de l’importance de l’événement (écart, anomalie, incident ou accident). Elle ne constitue pas un outil d’évaluation et ne peut, en aucun cas, servir de base à des comparaisons internationales : en particulier, il n’y a pas de relation univoque entre le nombre d’événements sans gravité déclarés et la probabilité que survienne un accident grave sur une installation ou un transport ».
GUIDE relatif aux modalités de déclaration et à la codification des critères relatifs aux événements significatifs* impliquant la sûreté, la radioprotection ou l’environnement applicable aux installations nucléaires de base et aux transports internes de substances radioactives.