Nouvelle-Aquitaine, le pilote d’une industrie respectueuse de l’environnement

La Nouvelle-Aquitaine, première région pour son parc solaire, témoigne de la complémentarité entre les énergies bas carbone, nucléaire et renouvelables. A rebours des idées reçues, une centrale nucléaire contribue au développement, voire à la renaissance, d’espèces végétales et animales parfois en péril. En Nouvelle-Aquitaine, la filière nucléaire génère 6 500 emplois directs et indirects et participe activement à la formation professionnelle.
Toutes les citations sont tirées de la Convention régionale de la Sfen Nouvelle-Aquitaine qui s’est tenue le 31 mars 2021.
La Nouvelle-Aquitaine, première région pour son parc solaire, témoigne de la complémentarité entre les énergies bas carbone, nucléaire et renouvelables (EnR). Les deux centrales nucléaires de la région (Blayais et Civaux) constituent un socle indispensable à la montée en puissance du photovoltaïque, permettant de compenser son intermittence et de valoriser au mieux sa production d’électricité. Symbole de cette complémentarité : l’installation sur le parking de la centrale nucléaire du Blayais d’ombrières photovoltaïques.
En effet, en matière de lutte contre le changement climatique toutes les énergies bas carbone doivent être mobilisées comme le rappelle Florian Fesquet responsable du programme Prospective Energétique et Modèles d’Activités chez EDF : « En Nouvelle-Aquitaine, les émissions des secteurs du transport et du bâtiment représentent 60 % des émissions de gaz à effet de serre et même plus de 80 % des émissions de CO2. Le fait de développer la mobilité électrique et de sortir les énergies fossiles des bâtiments sont des actions à entreprendre en premier, d’autant plus qu’elles auront des effets immédiats […]. Aujourd’hui, nous avons en France un vecteur énergétique bas carbone, à savoir l’électricité. Il faut savoir que c’est vraiment une spécificité française. Nous avons dans notre pays une des électricités les moins carbonées au monde, grâce au mix électrique nucléaire – EnR. C’est assez unique et c’est un atout formidable pour atteindre la neutralité carbone ».
Un autre atout à noter pour le nucléaire est sa faible emprise au sol et c’est également vrai pour les six réacteurs nucléaires de la Nouvelle-Aquitaine. Par exemple, la centrale du Blayais produit une quantité importante d’énergie bas carbone sur seulement 227 hectares, au cœur d’un marais de 6 000 ha. Cet atout permet de prévenir la bétonisation des territoires, de préserver l’environnement et de favoriser la biodiversité. La centrale réalise par ailleurs près de 20 000 contrôles par an sur l’air, l’eau, la faune et la flore. Jean-Séverin Burési, directeur de la centrale explique : « Comme toute activité industrielle, la centrale nucléaire est refroidie par la Gironde et nous sommes tenus de respecter les normes de rejets. Ces derniers font d’ailleurs l’objet de contrôles de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Nous contrôlons en permanence, nous analysons et nous rendons publics tous les prélèvements de différentes natures, que nous réalisons dans l’environnement. »
Cette excellente performance environnementale bénéficie au parc ornithologique du Blayais qui accueille une centaine d’espèces d’oiseaux sauvages et constitue un pôle touristique important de la région.
Le nucléaire en Nouvelle-Aquitaine, entre excellence scientifique et emplois industriels
L’énergie nucléaire représente une place de choix dans la région tant pour ses potentialités en matière d’emplois et de formation, que de recherche de pointe, comme en témoigne Lydia Heraud, Conseillère régionale de Nouvelle-Aquitaine : « Dans cette belle et grande région de Nouvelle-Aquitaine, où le CNPE occupe une place un peu centrale géographiquement, la région et EDF sont engagés depuis 2019 dans un cadre partenarial sur des axes qui reprennent les thèmes d’aujourd’hui, puisqu’ils concernent la prospective, l’efficacité énergétique, le développement des énergies renouvelables, mais aussi l’innovation, le développement territorial, économique et environnemental et, évidemment, l’orientation, la formation et l’emploi, ainsi que les mobilités électriques et l’hydrogène. Nous sommes donc aussi sur d’autres formes d’innovation et d’énergies futures. Si l’on fait un focus sur le territoire de la Communauté de Communes de l’Estuaire où est implanté le CNPE du Blayais et, plus largement, le Blayais et la Haute Gironde, toutes ces questions sont centrales dans le développement de ce territoire. »
Au nord-est de la centrale du Blayais se trouve le site Orano de Bessines-sur-Gartempe (Haute-Vienne), une référence pour la réhabilitation et la revégétalisation des anciennes mines d’uranium. Après un demi-siècle d’exploitation, le site est devenu une plateforme de recherche pour le développement de nouveaux procédés de traitement et de valorisation des minerais. Olivier Masset, responsable de l’après-mine chez Orano détaille : « Le site de Bessines-sur-Gartempe était à l’origine un site minier. Mine à ciel ouvert, mine souterraine, verses à stériles, résidus, étaient l’activité principale de 1955 à 1993 pour ce site. La vie aurait pu s’arrêter là pour ce site industriel, à la fermeture et après le réaménagement. Il n’en a rien été, et ce site est maintenant reconverti en industrie, avec de multiples domaines de pointe, de recherche et d’innovation. ». En effet depuis 2013, le laboratoire industriel d’Orano Med implanté sur ce site, produit un isotope radioactif rare, le plomb 212, nécessaire à la mise au point de traitements innovants contre le cancer.
Le site de Bessines-sur-Gartempe d’Orano participe d’ailleurs à la formation des jeunes de la région même en cette année difficile poursuit Olivier Masset : « Malgré la crise, nous avons continué l’année dernière à recruter sur le site de Bessines. Nous avons accueilli six CDI et six alternants. Nous continuons cette année avec trois CDI ouverts et étant donné le développement tant du centre de métallurgie que du centre en recherche médicale, six CDI par an sont prévus pour les prochaines années. »
En matière de recherche fondamentale, le Laser Mégajoule (Gironde) a permis de remplacer les essais nucléaires par de la simulation. Il a favorisé le développement de nouvelles activités industrielles autour de la photonique et des lasers avec la création du pôle de compétitivité « Route des lasers et des hyperfréquences ». Couplé au très puissant faisceau laser PETAL, le « LMJ » bénéficie à la recherche fondamentale (physique de l’extrême, connaissance de l’univers, fusion par confinement inertiel) et la recherche médicale. Le Centre d’Etudes Nucléaires de Bordeaux Gradignan (CENBG) est un laboratoire mixte CNRS/Université de Bordeaux, dédié à la recherche en physique nucléaire fondamentale et appliquée. Ils participent également à la formation de nombreux jeunes désireux de travailler dans l’industrie nucléaire. Le CENBG est par ailleurs partenaire du Campus des Métiers et des Qualifications d’Excellence, les deux entités lancent en septembre 2021 une licence professionnelle intitulée « Démantèlement des pollutions et gestion des déchets », qui se fera à Blaye.
Cette dynamique de recrutement, de formation et d’innovation est aussi portée par le cluster, E-Clide, pilote de l’innovation collaborative à Saint-Aubin-de-Blaye (Gironde), à proximité de la centrale du Blayais. Le cluster réunit pour la première fois les principaux acteurs de la maintenance nucléaire : grands groupes, laboratoires régionaux (IUT de Bordeaux) et PME. Le cluster favorise l’innovation par l’expérience sur le terrain. « Les thématiques du Cluster E-Clide sont nombreuses, le levage, le stockage, la formation, les travaux exposés, ou encore la dématérialisation avec, par exemple, le projet O.U.E.D.O (ndlr : Outil Universel d’Echanges de Données Opérationnelles) initié par SPIE Nucléaire dès 2017. Le projet O.U.E.D.O s’inscrit dans le thème de la continuité numérique entre des donneurs d’ordre tels qu’EDF, ORANO ou FRAMATOME, que ce soit des groupes, des ETI ou des PME, la particularité étant de prendre en compte l’hétérogénéité digitale des entreprises de la filière. » explique Choukri Trabelsi, Responsable du Développement, Département Stratégie Digitale chez SPIE Nucléaire et membre du cluster E-clide.