[Exclusif] Découvrez le nouveau concept du SMR Nuward

Face aux évolutions du marché et aux attentes des clients, Nuward a revu le design de son petit réacteur modulaire (SMR). Présentée lors d’un webinaire de la Sfen le 25 février 2025, cette nouvelle stratégie mise sur une technologie éprouvée, une fabrication optimisée et une adaptation aux besoins industriels et urbains. Avec une puissance électrique allant jusqu’à 400 MW et une production de chaleur compétitive, Nuward entend s’imposer comme un acteur clé de la décarbonation en Europe.
Au début de l’été 2024, les équipes de Nuward ont pris la décision de revoir le design de leur réacteur afin de mieux répondre aux besoins du marché européen. Lors d’un webinaire organisé par la Sfen le 25 février 2025, Julien Garrel, Président exécutif de Nuward, a présenté la nouvelle stratégie pour ce SMR européen.
En introduction, il a souligné : « En 2024, nous avons pris une décision difficile, mais courageuse, après avoir constaté que certains choix technologiques pouvaient susciter des inquiétudes chez les clients. Nous nous sommes donc demandé quels marchés viser, avec quel design et pour quelle valeur ajoutée. » Il a précisé que la raison d’être de N est de favoriser la production d’énergie décarbonée (électricité et chaleur), en complémentarité avec le développement du nucléaire de forte puissance.
- Qu’est ce que le réacteur Nuward ?
Le réacteur Nuward SMR est un Small Modular Reactor (SMR) de troisième génération, utilisant la technologie des réacteurs à eau pressurisée, pouvant produire de la chaleur en mode cogénération. La nouvelle version de Nuward aura une construction optimisée et, sous réserve de validation, plus puissant.
- Quels marchés vise Nuward ?
Nuward se positionne sur deux segments majeurs :
Fourniture d’électricité : L’objectif est de remplacer des centrales à charbon, répondre aux besoins des industries électro-intensives et satisfaire la demande croissante des data centers.
Production de chaleur industrielle et urbaine : Nuward SMR a vocation à s’implanter à proximité des sites industriels ou urbains consommateurs de chaleur, en répondant aux enjeux d’acceptabilité, jusqu’à quelques dizaines de kilomètres.
- Quels choix technologiques ont été retenus pour Nuward ?
L’un des enjeux majeurs a été « d’absolument s’appuyer sur des briques et des technologies éprouvées », explique Julien Garrel. Il ajoute que, durant les six derniers mois, un travail important a été mené pour s’assurer que les briques technologiques de Nuward peuvent être fabriquées dans les usines de Framatome.
Ainsi, le SMR Nuward adopte une architecture de sûreté active basée sur les technologies mises en œuvre sur le parc actuel et les futurs réacteurs EPR2. Initialement, Nuward visait des concepts de sûreté passive. Le réacteur utilisera une enceinte en béton précontraint et un circuit primaire fourni par Framatome grâce aux chaînes existantes. Ce circuit se compose de deux boucles primaires, chacune équipée d’un générateur de vapeur, d’une pompe primaire, d’une cuve de taille adaptée et d’un pressuriseur. La source froide sera soit ouverte, soit semi-fermée (aéroréfrigérants humides), selon les contraintes spécifiques du site.
- Quels combustibles utilisera le SMR Nuward ?
Le combustible utilisé par N restera dans le domaine du connu, à savoir des matériaux qui pourront être entièrement retraités dans les usines du cycle actuel. Les barres de combustible seront réduites en taille. Julien Garrel évoque également la possibilité d’enrichir légèrement le combustible, à environ 5 %, pour permettre des cycles de fonctionnement de 24 mois.
- Quelles innovations en matière de construction ?
« En matière de fabrication, pour attirer clients et investisseurs privés, nous avons besoin d’un modèle classique et raisonnable », explique Julien Garrel. L’enjeu est de réduire au maximum l’immobilisation des investissements. Nuward envisage donc un temps de construction inférieur à 48 mois au bout de 4 à 5 unités (60 mois pour la tête de série).
L’innovation majeure du SMR Nuward repose sur sa préfabrication. En misant sur un modèle très standardisé, notamment à l’échelle européenne, l’entreprise prévoit une modularisation du design pour maximiser la préfabrication et le prémontage en usine. Cela permet de réduire les coûts et de sécuriser les plannings. Cependant, Julien Garrel souligne la nécessité de s’orienter vers des « usines 4.0 » très robotisées, un sujet particulièrement innovant dans le secteur.
- Quelle chaleur sera produite ?
Le sujet de la décarbonation de la chaleur, notamment en France et en Europe, est souvent négligé. Pourtant, il est complexe en raison de la large gamme de températures nécessaires selon les usages – allant de températures relativement basses pour la chaleur urbaine à des températures très élevées (700 °C et plus) pour certaines industries. Nuward vise une plage de températures de 150 à 280 °C, couvrant ainsi une large part du marché.
- Quel est le coût de l’électricité et de la chaleur produites ?
Nuward cible un coût de l’électricité compris entre 80 et 100 €/MWh. Pour la chaleur, le coût est estimé entre 30 et 50 €/MWh, ce qui la rend très compétitive.
- Quelle concurrence pour Nuward ?
Nuward fait face à plusieurs concurrents potentiels. On peut citer GE Hitachi, qui propose un réacteur à eau bouillante de troisième génération, le SMR de Rolls-Royce, qui mise sur une forte modularité, ainsi que le projet AP300 de Westinghouse. Cependant, chacun de ces projets présente des contraintes ou un degré de maturité différent.
En ce qui concerne les Advanced Modular Reactors (AMR), Julien Garrel précise : « Je ne souhaite pas opposer la troisième et la quatrième génération. Elles se complètent plutôt en matière de décarbonation, sans oublier leur intérêt pour la fermeture du cycle. »
- Quel est le planning du projet ?
Nuward suit un planning structuré en plusieurs étapes :
- 2024 : Preconceptual design
- 2025-2026 : Conceptual design
- 2026-2029 : Basic design
- À partir de 2030 : Detailed design, construction et mise en service
De plus, Nuward et le Comex d’EDF se sont fixé rendez-vous mi-2026 pour confirmer les études de marché, les choix de développement et la recherche de partenaires internationaux.
- Quels sont les défis réglementaires pour le développement de Nuward ?
N insiste sur l’importance d’une harmonisation réglementaire au niveau européen afin d’éviter que chaque pays impose des exigences spécifiques. Une réglementation européenne unifiée garantirait la compétitivité du projet sur le marché européen. Il est à noter que la première version du SMR Nuward a bénéficié d’une « Joint Early Review » de six autorités de sûreté nucléaire européennes : France, Finlande, Pologne, Suède, Pays-Bas et République tchèque. ■