Net Zero : l’AIE accroît la place du nucléaire dans l’atteinte des objectifs climatiques
Les signaux en faveur de la relance du nucléaire dans le monde se multiplient. Face à cette dynamique, l’Agence internationale de l’énergie a réévalué à la hausse la place du nucléaire dans son scénario de neutralité carbone en 2050.
Dans une mise à jour de sa feuille de route « net zero Roadmap » (neutralité carbone en 2050) , publiée en 2021, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) indique que le rôle de l’énergie nucléaire a été revu à la hausse compte tenu du soutien politique récent. Dans le scénario actualisé d’émissions nettes zéro (ENZ), la capacité de production nucléaire atteint 916 GWe en 2050, contre 812 GWe dans la version 2021.
Cet objectif s’inscrit dans le contexte d’un réchauffement climatique à 1,5 °C tel que défini par le GIEC. L’AIE a déclaré que la mise à jour de 2023 de ce rapport intègre les « changements significatifs du paysage énergétique au cours des deux dernières années, y compris le rebond économique post-pandémique et la croissance extraordinaire de certaines technologies d’énergie propre – mais aussi l’augmentation des investissements dans les combustibles fossiles et les émissions obstinément élevées ».
L’AIE note que depuis 2021, « de nombreux changements ont eu lieu, notamment dans le contexte de la crise énergétique mondiale déclenchée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022. Les émissions de CO2 du secteur de l’énergie ont continué à augmenter, atteignant un nouveau record en 2022. Pourtant, les raisons d’être optimiste se multiplient : ces deux dernières années ont également été marquées par des progrès remarquables dans le développement et le déploiement de certaines technologies clés en matière d’énergie propre ».
80 % de réduction d’ici 2030
L’AIE estime qu’une action plus audacieuse est nécessaire au cours de cette décennie. Dans le scénario Net Zero actualisé, la capacité mondiale de production d’énergie renouvelable triple d’ici à 2030. Parallèlement, le taux annuel d’amélioration de l’efficacité énergétique double, les ventes de véhicules électriques et de pompes à chaleur augmentent fortement et les émissions de méthane du secteur de l’énergie diminuent de 75 %. Ces stratégies permettent de réaliser plus de 80 % des réductions nécessaires d’ici à la fin de la décennie, assure l’agence.
En ce qui concerne l’énergie nucléaire, l’AIE prévoit que la capacité fera plus que doubler, passant de 417 GW en 2022 à 916 GW en 2050. Si la puissance absolue du nucléaire augmente, sa part dans le mix électrique diminue légèrement dans le scénario NZE, passant de 9 % en 2022 à 8 % en 2050. « Après trois décennies de croissance modeste, l’évolution du paysage politique ouvre des perspectives pour un retour du nucléaire », selon l’AIE. « Pour atteindre les objectifs de réduction des émissions et répondre aux préoccupations en matière de sécurité énergétique, plusieurs pays ont annoncé des stratégies qui prévoient un rôle important pour l’énergie nucléaire, notamment le Canada, la Chine, la Corée, les États-Unis, la France, l’Inde, le Japon, la Pologne et le Royaume-Uni », ajoute encore l’AIE.
Elle note que pour parvenir à doubler la capacité nucléaire d’ici à 2050, il faudra mettre en service en moyenne 26 GW de nouvelles capacités par an entre 2023 et 2050 dans le scénario NZE, dont une partie est nécessaire pour compenser les mises à l’arrêt. Cela nécessite un investissement annuel moyen de plus de 100 milliards de dollars, soit le triple du niveau de ces dernières années. ■