Le Medef lance une alliance patronale européenne pour le nucléaire

Face aux défis climatiques et à la compétition mondiale dans le secteur énergétique, le Medef a rassemblé, le 12 février à Paris, 14 fédérations patronales européennes pour soutenir l’énergie nucléaire. Cette alliance inédite plaide pour un cadre réglementaire et financier plus favorable afin de renforcer l’autonomie énergétique de l’Europe.
Le 12 février dernier, le Mouvement des entreprises de France (Medef) a lancé, à Paris, une initiative des fédérations patronales européennes en soutien au nucléaire. L’Alliance patronale du nucléaire a réuni 14 fédérations patronales représentant 19 nationalités différentes : Belgique, Bulgarie, Croatie, Danemark, Finlande, France, Hongrie, Italie, Pologne, Roumanie, Royaume-Uni, Slovaquie, Suède, et de la République tchèque. Chaque organisation a souligné l’importance de l’énergie nucléaire dans la transition énergétique européenne, en complément des énergies renouvelables et des solutions bas-carbone.
Patrick Martin, président du Medef, a ouvert l’événement en lançant, comme un clin d’œil au nouveau Président américain Donal Trump : « Au provocateur « Drill baby, drill », nous répondons, patronats européens, « Fission baby, fission ! » ». Il a également appelé à « faire triompher la science et la raison, au service du progrès économique, social et environnemental », soulignant l’engagement des entreprises européennes à revitaliser le secteur nucléaire sur le continent.
Lancement ce matin au @Medef de l’Alliance Patronale du Nucléaire ! 14 patronats européens et 19 nationalités représentées pour faire de l’Europe 🇪🇺 une puissance économique décarbonée, compétitive et souveraine.
Avec le #nucléaire, l’Europe bénéficie d’un atout décisif,… pic.twitter.com/AKlA3yzPgV
— Patrick Martin (@PatrickMartin_1) February 12, 2025
Dans un communiqué, le Medef précise : « Nous souhaitons exercer un effet de levier au niveau européen, en travaillant en étroite collaboration avec la Commission européenne, l’Alliance nucléaire des États membres, nucleareurope, l’alliance industrielle européenne sur les SMR et d’autres parties prenantes, afin de prendre les décisions nécessaires, de lever les obstacles existants et de permettre à l’industrie nucléaire de contribuer pleinement à la résolution des problèmes communs ».
Une compétition mondiale
L’événement a mis en lumière la compétition mondiale dans le secteur énergétique, notamment avec les États-Unis. Les différents acteurs ont souligné l’urgence pour l’Europe de renforcer son autonomie énergétique tout en réduisant ses émissions de carbone. L’Alliance a identifié quatre domaines prioritaires :
- Supprimer les obstacles et appliquer pleinement la neutralité technologique pour permettre aux États membres de déterminer leur mix énergétique de manière efficace et durable.
- Faciliter l’accès aux financements privés et publics pour les projets nucléaires et les solutions bas carbone associées.
- Accélérer l’industrialisation du secteur nucléaire et renforcer l’écosystème nucléaire en Europe par une collaboration internationale et une sécurisation de la chaîne d’approvisionnement en combustible.
- Soutenir le recrutement et la formation de la prochaine génération de travailleurs dans toute la chaîne de valeur nucléaire, en favorisant la mobilité professionnelle en Europe.
Un patron de l’AIE remonté
Grand invité de l’événement, Fatih Birol, directeur exécutif de l’Agence internationale de l’Énergie (AIE), a critiqué les réglementations « insanes » (insensées) en matière de sûreté nucléaire, qu’il considère comme responsables des retards et des dépassements de coûts des projets nucléaires récents en Europe. Il a souligné le « retour en force » du nucléaire à l’échelle mondiale et a qualifié d’« erreur monumentale » la réduction de la part du nucléaire dans la production d’électricité de l’UE au cours des 25 dernières années.
Fatih Birol a exhorté l’Europe à ne pas « perdre de temps en discussions et débats » si elle souhaite jouer un rôle dans ce renouveau nucléaire. Il a insisté sur l’urgence de mettre en place un cadre permettant de lever les obstacles et de soutenir pleinement le développement de l’énergie nucléaire. ■