Marie Dumerval, au coeur du réacteur
Récipiendaire du prix Jacques Gaussens en 2022 remis par la Sfen, Marie Dumerval raconte sa vocation de chercheure au sein de l’Institut des sciences appliquées et de la simulation pour les énergies bas carbone (ISAS).
Être utile
Née en 1988, Marie Dumerval grandit près de Montereau-Fault-Yonne en Seine-et-Marne. Si la jeune femme souhaitait devenir ingénieure chimiste, la lycéenne d’alors n’imaginait pas faire de la recherche scientifique son métier, un domaine qu’elle associait à l’archétype du « savant fou », s’amuse-t-elle aujourd’hui.
« C’est mon stage de fin d’études d’ingénieure, au Centre de recherche d’EDF Lab Les Renardières, qui m’a ouvert les yeux sur l’utilité de la recherche appliquée dans la filière nucléaire ».
Sa thèse : trois années inestimables
En 2011, diplômée de l’École nationale supérieure de chimie de Lille (ENSCL), la jeune ingénieure entrevoit une parfaite cohérence entre son parcours en environnement physico-chimique et le sujet d’une future thèse, dédiée à l’effet des défauts d’implantation sur la corrosion des aciers inoxydables austénitiques en milieu primaire des réacteurs à eau pressurisée.
« J’étais très enthousiaste à la perspective de rejoindre la R&D dans l’industrie nucléaire à l’Isas », confie-t-elle. Qui plus est, ce choix lui permet de retrouver ses racines franciliennes après cinq années à Lille. « Le soutien de ma famille m’a donné la force de me consacrer autant que nécessaire à ma thèse », assure-t-elle.
En 2014, elle décroche le Graal : un doctorat en matériaux, mécanique, génie civil, électrochimie.
Elle assure avoir vécu « une expérience inestimable, trois ans de travaux et de concertations sans relâche avec des encadrants très généreux ».
Ingénieure-chercheure, une double culture
La jeune chercheure concilie les deux facettes de son métier. Au-delà de l’état de l’art des connaissances scientifiques et des 150 essais qu’elle pilote par an, Marie Dumerval mesure toute la pertinence à coordonner avec ses équipes des projets pour le compte d’EDF et de Framatome dans le cadre de l’institut tripartite I3P.
Elle apprécie ses relations avec la communauté scientifique et les partenaires. Cela donne du sens à ses activités et contribue à la sûreté des installations nucléaires, mais aussi à l’amélioration de leur performance.
Prix Sfen du jeune chercheur
Depuis 2014, elle a rejoint le Laboratoire d’étude du comportement mécanique des matériaux (LC2M) du Service de recherches métallurgiques appliquées (SRMA) de Paris-Saclay. La chercheure est spécialiste en caractérisation des matériaux autour du comportement mécanique des gaines de combustible et de leur tenue à l’oxydation et à la trempe.
Son travail expérimental sur les gainages du combustible REP permet de mieux les caractériser et de trouver des solutions pour améliorer leur comportement en conditions accidentelles. Elle étudie aussi le comportement de tubes en alliage de zirconium Zr-1Nb M5 revêtus en chrome pour l’établissement de leur licensing. Pour ses travaux de recherche, elle a reçu le prix Sfen du jeune chercheur 2022.
Petite histoire de famille
Marie aime retrouver ses marques au coeur de la nature. Entre paysages landais et chaos rocheux, la jeune maman s’évade dès que possible en forêt de Fontainebleau, son lieu de villégiature. Des moments privilégiés qu’elle partage avec son compagnon, également chercheur, et Arthur, leur fils de quatre ans.
Grand Prix Sfen
Récompense une contribution scientifique, individuelle ou collective destinée au développement de l’énergie nucléaire.
Prix Jacques Gaussens
Récompense un(e) jeune chercheur(e) de moins de 35 ans.
Prix Jean Bourgeois
Récompense un(e) chercheur(e) pour sa thèse (déjà soutenue).
Prix Innovation technologique
Récompense une équipe porteuse d’un projet innovant, déjà mis en oeuvre.
Prix Enseignement et Formation
Récompense un ouvrage scientifique ou technique.
Prix Bertrand Barré
Récompense un projet de communication destiné au grand public.